Alors que la crise sévit sur les marchés conventionnels, des éleveurs se posent la question du lait bio. Mais attention, « la conversion ne se réfléchit pas simplement sur une différence de prix », met en garde Agrobio 35 qui organise des réunions d’information.
Les marchés sont demandeurs de lait biologique, des industriels s’engagent plus fortement dans ces filières. Avec la crise laitière qui perdure, la différence de prix entre lait conventionnel et lait bio s’est accrue, atteignant actuellement 140 €/1 000 L (en moyenne sur les dernières années, la différence est plutôt de 100 €). De quoi faire réfléchir certains éleveurs sur leur mode de production.
Règle n° 1 : viser l’autonomie
Aujourd’hui, les demandes de visites d’information réalisées par Agrobio 35, le groupement des agriculteurs bio du département, explosent. « Depuis septembre 2015, nous avons réalisé près de 80 visites, contre 10 à 15 par an habituellement », chiffre David Roy, technicien élevage Agrobio 35. Aujourd’hui, le département compte 183 producteurs de lait bio. Tentante, la conversion ne se réfléchit toutefois pas seulement sur une différence de prix. « Elle est plus facile quand on a un système avec beaucoup de pâturage, mais c’est possible aussi pour des exploitations axées maïs-soja. Il faudra alors changer le système de production et viser l’autonomie. C’est primordial avec un coût du tourteau de soja bio de 980 €/t actuellement, et qui ne devrait pas baisser. Il faut apprendre à s’en passer.
Par ailleurs, le maïs n’est pas simple à mener en bio, plus risqué… On n’a pas de parachute. » De même, la réflexion concernera les objectifs de production. En moyenne, les producteurs bio produisent 5 000 L/ha et 150 000 L/UTH, 50 à 60 000 L en moins que les autres. Mais depuis la fin des quotas, la différence s’accroît fortement. « Aujourd’hui, on voit des installations en conventionnel avec 350 000 L par UTH. »
« Nous avons refusé les 200 000 L de lait supplémentaires »
Sur le Gaec des Prés Verts à Noyal-Châtillon-sur-Seiche, guidée par l’impératif d’autonomie, la production est plafonnée à 750 000 L. Six associés travaillent sur le Gaec, ce qui fait donc 125 000 L/UTH. « Nous avons refusé les 200 000 L de lait supplémentaires proposés par la laiterie à l’installation de mon mari en novembre dernier. Il nous aurait fallu investir. Nous recherchons plutôt la cohérence avec un objectif de 130 – 140 laitières, produisant 5 500 L chacune », souligne Bénédicte Clermont, une des associés.
Aucun concentré ou aliment n’est acheté par le Gaec (seulement de la paille). Sur la SAU de 175 ha, seuls 14 ha de maïs épi (déshydraté) sont récoltés. Les producteurs cultivent aussi 14 ha de céréales (un peu de vente), 10 ha de luzerne (principalement déshydratée) et 137 ha de prairies multi-espèces. « 55 ha sont accessibles au pâturage. Nous le surveillons beaucoup avec un planning et un fil avant. Les stocks sont importants, mais c’est une marge de sécurité. Quand il faut les acheter, c’est encore plus cher… » La bonne gestion prime sur l’élevage. Agnès Cussonneau
Cinq soirées pour s’informer
Cinq soirées d’information sont organisées par Agrobio 35, en partenariat avec 9 bassins versants du département. Des repères réglementaires, techniques et économiques seront donnés et un éleveur témoignera à chaque réunion. Des producteurs engagés dans l’OP Lait Bio Seine et Loire apporteront des informations sur les filières et des représentants de laiteries pourront aussi s’exprimer. Dans le prolongement, 4 fermes ouvertes seront organisées fin mars – début avril sur tout le département.
- Lundi 22 février, 20 h 30, salle de la Maison des Familles, rue du Calvaire, à Gévezé.
- Mardi 23 février, 20 h 30, salle de la Lande au Brun, à Janzé.
- Mercredi 24 février, 20 h 30, salle Robert Schumann, à Balazé.
- Lundi 29 février, 20 h 30, salle du Conseil communautaire, Espace Aumaillerie, à La Selle-en-Luitré.
- Jeudi 3 mars, 20 h 30, salle du Conseil communautaire, 8 rue du frère Cyprien, à Maure-de-Bretagne.