L’intérêt de la génétique n’est pas à négliger pour introduire davantage de résistance aux mammites dans les élevages. Le déploiement de la génomique lui donne un coup d’accélérateur.
Depuis la mise en place des nouveaux Isu en 2012, un index de synthèse santé de la mamelle (STMA) a vu le jour, combinant les critères « cellules » et « mamites cliniques ». Il pèse 18 % de l’Isu en race Prim’Holstein et Normande. Davantage de poids a donc été attribué par les organismes de sélection à la résistance des vaches aux infections mammaires, qui s’était dégradée suite à l’orientation génétique massive sur l’augmentation de la production laitière. Pour contrer ce déclin, l’index cellules avait été mis en place dès 1997, calculé à partir des résultats de comptages cellulaires individuels, directement corrélés aux mammites. Sur l’Isu en vigueur entre 2001 et 2011, l’index cellules représentait 12 % en race Prim’Holstein et 13 % en race Normande.
Un index plus pertinent
Les Isu 2012 prennent aujourd’hui en compte les cellules (10,8 %) et les mammites cliniques (7,2 %) en Prim’Holstein. En Normande, ces critères représentent chacun 9,25 % de l’Isu. « Issu des informations collectées sur les exploitations depuis 2010, le nouvel index mammites cliniques apporte davantage de pertinence et permet d’avancer plus rapidement sur la santé de la mamelle », indique Thomas de Bretagne, responsable R et D et création génétique chez Evolution.
L’héritabilité du score cellulaire varie de 0,15 à 0,22 selon la race, et celle des mammites cliniques est de 0,06. L’antagonisme génétique avec la quantité de lait est par ailleurs plus marqué pour les mammites cliniques que pour les cellules. « Les entreprises de sélection sont vigilantes sur le caractère « vitesse de traite » (5 % dans le nouvel Isu en Prim’Holstein et 3 % en Normande), qui a tendance à favoriser les mammites. Un autre critère intervient dans la santé de la mamelle : la distance plancher-jarret. Plus elle augmente, moins il y a de mammites. »
La génomique pour mieux trier et accoupler
Outre la mise en place de l’index « mammites cliniques », la génomique permet aussi d’avancer plus rapidement sur la santé de la mamelle (comme sur tous les autres postes), réduisant l’écart de génération. « Dans le système de testage sur descendance, ce caractère n’aurait été exploité que tardivement dans la vie de l’animal. La génomique offre des informations fiables sur la résistance aux mammites cliniques quelques semaines après la naissance de l’animal, avec une bonne précision (CD de 0,5). L’index « cellules » bénéficie quant à lui d’une meilleure précision à la naissance (CD de 0,6 à 0,7) », note Thomas de Bretagne.
Aujourd’hui le génotype des génisses concerne, comme les taureaux, 36 caractères, dont les index cellules et mammites cliniques ». Les puces basse densité, mise en place en avril, ont permis une réduction des coûts du génotypage : de 108 euros/unité pour 1 à 4 évaluations, à 77 euros pour 30 évaluations et plus.
Faire remonter les infos mammites cliniques
« L’enregistrement régulier et complet des données mammites cliniques survenant dans les troupeaux est primordial. Ces informations sont indispensables au calcul d’index génétique et à l’élaboration d’outils techniques efficaces permettant de lutter contre ces infections qui coûtent cher », évoquent ces organisations. Les chiffres sont éloquents : « On constate une baisse de 8 % des cas de mammites cliniques pour les filles de taureaux indexés +2 par rapport aux filles de taureaux indexés -2. » En cas de mammite clinique détectée, il est conseillé de noter le jour même : le numéro de la vache atteinte, la date de détection de l’infection, le traitement réalisé, le délai d’attente, et éventuellement le ou les quartiers atteints et la sévérité de l’infection. « Qu’elles soient saisies sur papier, tableau ou logiciel sanitaire, l’important est de faire remonter les informations aux entreprises de conseil en élevage. »