Yvon Gicquel, éleveur de porcs à Bovel (35), a mis 6 ans à faire accepter son dossier, après un premier refus. Un dossier sans faille qui incluait l’installation de son épouse. Il raconte.
Un premier projet refusé en 2000. Yvon Gicquel, de Bovel (35), s’était juré qu’on ne l’y reprendrait plus. À quoi ? À faire confiance à la procédure, au commissaire enquêteur, à l’administration et même aux habitants de sa commune. « Le projet consistait à passer de 100 à 200 truies en vue de l’installation de Bernadette, mon épouse ». Un dossier blindé. Du moins sur le fond. Mais pas sur la forme. « Je n’ai pas cherché à communiquer, à expliquer. J’avais une posture trop défensive ». La population de la commune, largement renouvelée (néo-ruraux) et la mairie ont suivi l’association des opposants au projet. Dossier recalé. « Je n’avais pas d’autre issue que d’y arriver. Pas envie d’arrêter ». Je me suis lancé dans un second projet, dès 2001. « J’ai consulté tous azimuts, avant d’entamer les démarches. Des juristes, des avocats, la Chambre d’agriculture… En parallèle, je suis entré dans certaines associations locales. C’est une tribune ! Je me suis appuyé sur mes partenaires habituels, au moment du lancement de la procédure, mais sans me reposer sur eux. C’est l’éleveur qui connaît l’environnement local, plus que les conseillers. C’est lui qui doit conduire le dossier ».
Réunions publiques
Yvon Gicquel a organisé des réunions pour informer la population. « J’ai fait des analyses d’eau, en quantité, pour prouver ma bonne foi ». Les opposants ont remis le couvert. En pure perte cette fois. « Elles n’ont pas été aussi pugnaces que moi. Elles se sont épuisées. J’ai même eu des félicitations de certains habitants ». L’éleveur avoue avoir consacré beaucoup de temps et un peu d’argent. « Un dossier refusé, c’est difficile à vivre. On pense aux rumeurs, à ce qui se dit dans notre dos. Alors, on est pas à 500 ou 1000 € près, quand on sait ce que coûte un projet qui n’aboutit pas ». Le sien a été accepté en 2006 et les deux époux travaillent aujourd’hui ensemble sur un atelier de 190 truies en multiplication pour Triskalia. En étant bien acceptés dans le voisinage. Bernard Laurent