Le financement des reprises pose question

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Le montant des reprises en production porcine rebute les candidats à l’installation. Pour faciliter les transmissions, la profession et ses partenaires devront diversifier les dispositifs de financement.

683 K€ ; c’est le coût moyen pour une installation individuelle en production porcine, en tenant compte des investissements prévus dans les cinq premières années. Plus de deux fois plus qu’en production laitière. Les banques demandent désormais jusqu’à 20 % d’autofinancement. Difficile pour les jeunes de répondre à cette exigence. « Il est nécessaire de moderniser les dispositifs de financement et de garantie, en s’inspirant de ce qui existe dans d’autres secteurs d’activité ou dans d’autres régions ». Marie-Laurence Grannec, des Chambres d’agriculture de Bretagne, fait référence au fonds de garantie proposé par l’interprofession en Aquitaine pour favoriser la modernisation du parc bâtiments et  l’installation. « Il s’agit d’un accompagnement d’une vingtaine de dossiers à risques chaque année. En équivalence, un tel fonds correspondrait à 300 projets en Bretagne ». Elle évoque également le fonds « viande blanche » instauré dans la région Centre, basé sur un partenariat tripartite, entre les filières d’élevage (porc et volaille), la Région et la Siagi, une société de garantie d’investissement. Cette-ci donne sa garantie aux banques pour les prêts qu’elles accordent aux entreprises grâce à un fonds alimenté par les versements des emprunteurs.

Apports extérieurs

« Les niveaux d’investissement doivent aussi amener à réfléchir à l’opportunité de faire appel à des capitaux extérieurs ». Face aux difficultés rencontrées par les jeunes éleveurs ovins pour obtenir des prêts bancaires, un fonds d’investissement a été sollicité. Labeliance Invest, en partenariat avec la Fédération nationale ovine, vient d’obtenir l’autorisation de proposer des prises de participation dans le capital d’exploitation. Pour pouvoir bénéficier de ces financements, les projets doivent être sélectionnés par des acteurs du secteur agricole. Une autre tendance se dessine : l’investissement local. « Des experts financiers estiment que certains particuliers privilégient désormais, comme placement, des investissements de proximité plutôt que la bourse, et de la défiscalisation plutôt que des perspectives de taux de rentabilité élevés. Ils pourraient donc accepter d’investir dans les exploitations agricoles ». Il faudra cependant lever les réticences des éleveurs à avoir des partenaires financiers extérieurs ; la peur de ne pas être « seul à bord ». Paul Auffray, président du Pôle porc de la Chambre régionale d’agriculture, estime que l’on touche aux limites du système de financement actuel, et notamment aux garanties. Il conseille aux cédants de préparer leur transmission, bien en amont de l’année de départ à la retraite. « En vendant des parts, par exemple, à un salarié motivé par l’installation ».

[caption id= »attachment_14167″ align= »aligncenter » width= »300″]Les conditions de reprise et de financement des projets d'installation ont été exposées lors de la journée régionale porcine Les conditions de reprise et de financement des projets d’installation ont été exposées lors de la journée régionale porcine organisée par le pôle porc des Chambres d’agriculture de Bretagne.[/caption]

La double peine

Ces dispositifs seraient bien utiles aux jeunes, notamment à ceux qui s’installent hors cadre familial, de plus en plus nombreux. « Leurs projets sont doublement pénalisés, estime Marie-Laurence Grannec, par les coûts de reprise plus élevés et par des modalités de financement moins favorables ». 539 € de plus, par truie, précisément, pour une installation individuelle. « Cela se traduit, pour un élevage de 200 mères, par un investissement supplémentaire de 107 800 €. Pour un emprunt à 3 % sur 12 ans, ça représente une majoration du prix d’équilibre de 2,6 centimes d’euro par kilo de carcasse ». Les niveaux d’investissements au cours des cinq premières années sont plus faibles chez ces jeunes installés hors cadre familial. « Malheureusement, cela ne veut pas dire que l’élevage qu’ils ont repris était en meilleur état…. ». Dans tous les cas, Marie-Laurence Grannec insiste sur la nécessité de faire une (ou plusieurs) évaluation(s) de l’élevage. « Dans 14 % des cas, il n’y a pas de réelle évaluation du parc bâtiment ». Un constat qui interroge sur la pertinence de  la valeur retenue pour beaucoup de transmissions. Bernard Laurent


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