Mammite : un bon tarissement fait partie de l’arsenal de lutte

Un taux de guérison de 80 % minimum permet de voir si les traitements sont bien adaptés. - Illustration Mammite : un bon tarissement fait partie de l’arsenal de lutte
Un taux de guérison de 80 % minimum permet de voir si les traitements sont bien adaptés.
Un des objectifs du tarissement est d’assainir la mamelle. Bien mené, avec une alimentation et une hygiène adaptées, il doit aussi permettre d’éviter les nouvelles contaminations.

Rappelons-le, les objectifs du tarissement sont multiples : il permet de réparer le pis, de régénérer les cellules sécrétrices du lait, d’optimiser le colostrum et le début de lactation, et enfin de préparer la vache à la reproduction. Mais il joue en outre un rôle essentiel dans la gestion des mammites, permettant d’assainir la mamelle, de guérir les infections subcliniques notamment (50 % des mammites dans les 3 premiers mois après vêlage proviennent de la mauvaise gestion du tarissement). L’animal peut, durant cette période, lutter plus facilement contre les bactéries provoquant les mammites et s’en débarrasser.

C’est dire si la réussite du tarissement est primordiale. « Une durée minimale avoisinant les 6 semaines est à respecter pour qu’il n’y ait pas d’effet négatif sur la lactation suivante », conseille Anthony Baslé, consultant qualité du lait et robot Eilyps, en précisant qu’il ne faut pas non plus dépasser 9 à 10 semaines, car les antibiotiques seront moins efficaces et les risques métaboliques s’accroissent.

Viser 80 % minimum de taux de guérison

Le taux de guérison par rapport au nombre de vaches infectées avant le tarissement est à regarder de près, avec un objectif de 80 % au moins. Il permet de voir si les traitements sont bien adaptés. Une bactériologie avant tarissement peut être intéressante chez les producteurs qui ont des soucis sanitaires. « Pour les vaches incurables, la réforme doit être envisagée. Elles peuvent infester le reste du troupeau », précise Loïc Quéméré, directeur technique Eilyps. Autre critère, le taux de nouvelles infections (vaches saines qui se contaminent au tarissement ou après le vêlage) est un indicateur de conduite de la période sèche, avec un objectif se situant en dessous de 10-15 %.

[caption id= »attachment_32702″ align= »aligncenter » width= »600″] Anthony Baslé, consultant qualité du lait et robot Eilyps (à gauche) et Loïc Quéméré, directeur technique Eilyps.
Anthony Baslé, consultant qualité du lait et robot Eilyps (à gauche) et Loïc Quéméré, directeur technique Eilyps.[/caption]

« Les nouvelles infections sont plus importantes en début et fin de tarissement. Une attention particulière doit être portée aux grandes laitières. En effet, le risque de mammite en début de tarissement est multiplié par 2 par tranche de 10 kg de lait. » Par ailleurs, une diète juste avant le tarissement est fortement déconseillée. « Il est préférable de supprimer les concentrés et traire une fois par jour pendant une semaine, puis de séparer les taries du troupeau laitier, aussi bien au niveau du bruit que du visuel : ça aide vraiment à stopper la lactation et donc à fermer les sphincters. » Lors de l’injection des antibiotiques, l’hygiène est primordiale, demandant un nettoyage et une désinfection du trayon. « Les lingettes jointes aux tubes d’antibiotiques doivent servir ! », souligne Anthony Baslé.

Le consultant ajoute que la propreté de l’environnement des vaches taries ne doit pas être négligée non plus. « Ces vaches sont souvent mises dans des cases avec des densités élevées. Comme pour les vaches laitières, il convient de leur consacrer 6 m2 minimum en système d’aire paillée, avec 1 à 1,2 kg de paille par m2 quotidiennement. En logettes aussi, elles doivent recevoir les mêmes quantités de paille que les laitières, de l’asséchant, et dans les élevages à risques, une désinfection peut être préconisée deux à trois fois par semaine. De même, le bâtiment des taries ne doit pas être exposé au vent ou à la pluie. »

De l’hygiène, pour les taries aussi

Au pâturage aussi, les meilleures conditions d’hygiène possibles doivent être mises en œuvre. Le risque de mammite est accru par forte chaleur, sur des pâturages insuffisamment ombragés. Les vaches se regroupent sur certaines zones plus humides, à l’ombre, qui deviennent des bouillons de culture. Anthony Baslé rappelle enfin que le box de vêlage doit être dédié à une seule vache et être curé, nettoyé, désinfecté après chaque vêlage.

Une alimentation spécifique aux taries

Il est essentiel de tarir des vaches ni trop grasses, ni trop maigres (note d’état de 2,8 à 3,1). « Pour les vaches grasses, c’est deux à trois mois avant le tarissement qu’il faut commencer à réduire l’alimentation, sinon le risque de cétose s’accroît avec un amaigrissement trop important. Les vaches trop maigres peuvent prendre un peu d’état au tarissement. » L’alimentation des vaches taries doit être spécifique, l’idéal étant de les séparer en deux lots. « Le deuxième lot rassemble les vaches à 2-3 semaines du vêlage. »

Pour le premier lot, les besoins sont moins importants. « La ration doit contenir au moins 50% de fibres (foin, paille) pour maintenir le volume de la panse et les papilles et se situer à 0,70-0,75 UFL/kg de MS. La capacité d’ingestion est alors de 12 à 14 kg de MS. Deux à trois semaines avant le terme, elle baisse à 10 kg de MS en moyenne. Les rations doivent donc être reconcentrées à 0,85 UFL/kg de MS, tout en gardant une part de fibrosité (2 à 3 kg). » Sur cette phase de préparation au vêlage, une vigilance particulière devra être apportée aux minéraux (vitamine E, sélénium, cuivre, zinc). Attention aux excès de potassium et sodium qui peuvent induire des œdèmes mammaires et des risques de fièvre vitulaire. Enfin, il vaut mieux traire les vaches ayant des écoulements de lait avant le vêlage et stocker le colostrum dans un congélateur. C’est un moyen d’évacuer du canal du trayon des agents potentiellement pathogènes.


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