La détérioration du niveau cellulaire dans un élevage peut être multifactorielle. Une analyse globale par un regard extérieur peut aider à redresser la barre.
Une à deux mammites par semaine, les mêmes vaches qui récidivent… Chez Denis Bidan, à Saint-Gonnery (56), la situation se dégradait, surtout en période hivernale, il fallait faire quelque chose. Aussi, après une forte augmentation de la fréquence des mammites dans son troupeau de 32 vaches laitières en avril 2012, l’éleveur fait appel au service qualité du lait du GDS. Par ce fait, il souhaite bénéficier d’un audit sur son élevage, ses bâtiments et son matériel de traite ainsi que d’un œil « critique » extérieur sur sa façon de travailler. « Pris dans notre quotidien, il y a des choses qu’on ne voit plus et des mauvaises habitudes qui s’installent », avoue-t-il. Si à ce moment-là, le niveau cellulaire du tank s’élevait à 383 000, il s’est maintenu autour de 100 000 durant l’hiver 2012/2013. Une démarche qui lui a permis en quelques mois d’assainir son troupeau, en appliquant quelques changements.
Détecter rapidement pour intervenir vite
Lors des audits qualité du lait, le technicien assiste à la traite du matin, puis dresse les points à améliorer. « Si les pratiques d’hygiène étaient bien mises en place, après discussion, nous avons convenu avec l’éleveur d’insister dans un premier temps sur les premiers jets, le réglage de la machine à traire et la révision des protocoles de traitement », rapporte Julien Nagat, technicien spécialisé qualité du lait au GDS 35.
« J’ai écouté les conseils qui m’ont été donnés. Je me suis listé des priorités. Aujourd’hui certains gestes que je négligeais auparavant, comme les premiers jets, sont devenus automatiques, même s’ils augmentent le temps de travail en salle de traite », témoigne Denis Bidan. Son objectif est dorénavant de détecter les mammites le plus vite possible, pour traiter plus facilement et limiter la contamination avec les autres animaux. Pour le prétrempage, peu de changement suite à l’audit, si ce n’est le respect du temps d’action du produit de 30 secondes, avant un essuyage avec du papier.
En cas de doute, suite au premier jet, il utilise un bol à fond noir et le plateau CMT pour détecter le quartier infecté. « Ne pouvant pas faire de lots pour trier les animaux sains des autres, je dispose aussi d’un désinfectant que je pulvérise dans les griffes, après la traite d’un animal infecté ». A l’issue de la traite, même si les animaux sont bloqués au cornadis, l’éleveur a opté pour un produit de trempage plus onéreux mais plus « filmogène », qui joue un véritable rôle de barrière, appliqué sur tout le trayon, et non plus seulement au niveau du sphincter.
Des réglages réguliers en salle de traite
L’observation durant la traite a mis en évidence des glissements de faisceaux. « Ça se voit pourtant mais on s’y habitue, et on trouve même des parades… ». Les mesures réalisées lors du test dynamique PT5 ont confirmé et impliqué quelques réglages du matériel de traite par une nouvelle visite Optitraite®. Aussi, le niveau de vide a été augmenté de 0,5 à 1 KPa et le manomètre changé car il indiquait 38,5 KPa au lieu de 40. Du côté des pulsateurs, la fréquence est passée de 55 à 60 pulsations par minute, avec un rééquilibrage des phases de succion et de massage.
Changement d’antibiotique au tarrissement
« Sur le carnet sanitaire on retrouvait toujours les mêmes animaux qui récidivaient, preuve que mes traitements n’étaient pas adaptés ». Aussi, l’agriculteur a contacté son vétérinaire traitant et réalisé des analyses bactériologiques. La présence abondante de la bactérie Streptococcus Uberis a été confirmée. D’un point de vue curatif, le protocole de soins a été revu : changement de l’antibiotique au tarissement et une attention particulière à la désinfection du bout du trayon lors de son administration. « En cas de récidive et de taux cellulaire élevé après traitement, j’hésite moins à réformer… »
Propreté des mamelles et paillage, un équilibre à doser
Au-delà de la traite et du traitement des mammites, l’analyse s’étend également au logement des animaux. La litière accumulée est curée tous les deux mois. « Mais trop de paille crée du volume d’air et augmente la température de la litière, environnement favorable au développement de certains germes », rappelle le technicien du GDS. Entre propreté et temps de nettoyage de la mamelle en salle de traite, il faut tâtonner … « Aujourd’hui, j’évite de sur-pailler et me restreins à 2 kg/m2 après curage et 1 à 1,2 kg/m2 en entretien journalier et je passe certainement plus de temps à nettoyer les mamelles avant la traite. Je me donne des dates limites pour curer, qui peuvent être anticipées par une dégradation du taux cellulaire du tank. On doit trouver un juste milieu parmi tous ces critères pour optimiser les actions préventives ».
[caption id= »attachment_32604″ align= »alignright » width= »153″] Daniel Le Clainche, Responsable technique
GDS Bretagne[/caption]Régler le vide en fonction des pratiques de traite de l’éleveur
Le test dynamique de la traite est proposé aux éleveurs confrontés à des problèmes de mammites et/ou de cellules. Ce test consiste à mesurer le niveau de vide en plusieurs points de l’installation pendant la traite. Il permet d’adapter les réglages de vide aux pratiques de l’éleveur et aux particularités de la traite. La méthode à fait l’objet d’une thèse confirmant le lien entre la présence de lésions caratéristiques et le niveau de vide sous le trayon.Daniel Le Clainche, Responsable technique GDS Bretagne