Un seul vaccin contre les mammites est disponible en France. Le Starvac®, du laboratoire Hipra, est actif contre les mammites à Escherichia coli, les coliformes gram -, Staphylococcus aureus et les staphylocoques à coagulases négatives.
L’éleveur qui penserait éliminer toutes les mammites en ayant recours à la vaccination risque d’être déçu. Il n’en demeure pas moins que la vaccination permet de créer un premier contact entre les antigènes des bactéries pathogènes et le système immunitaire de la vache. Cette « prise de contact » conduit l’animal à développer des anticorps qui seront prêts à agir si une infection se développe. Tout en sachant que ces anticorps ne feront pas tout car les défenses immunitaires en matière de mammite reposent aussi fortement sur les leucocytes et que les bactéries responsables des mammites sont très variées.
Meilleure guérison des mammites cliniques
« Le Starvac® est commercialisé depuis 2009 », rappelle Boris Soulard, chef des ventes sur l’Ouest pour la société Hipra. Et de confirmer que « la vaccination ne remplace pas l’hygiène et la surveillance qui prévalent pour maîtriser les mammites. Par contre, le vaccin est un outil en plus dans la gestion quotidienne du troupeau ». Il rappelle aussi que « ce vaccin est actif contre E. Coli, les coliformes (klebsiella, enterobacter, serratia), le staphylocoque doré et les staphylocoques coagulases négatives, mais neutre sur streptocoque ». Ce spectre d’action défini, l’éleveur intéressé par la vaccination devra vérifier que ce sont bien ces germes qui sont responsables des mammites dans son élevage.
S’agissant des mammites à Escherichia coli, « le vaccin a pour effet de diminuer la sévérité de l’infection », explique Boris Soulard qui fait référence à « une neutralisation des toxines et une moindre multiplication bactérienne ». Il ajoute : « Concernant les staphylocoques, le vaccin empêche le développement du biofilm qui naturellement protège la bactérie. Conséquence, la bactérie moins protégée est plus accessible par les antibiotiques ».
Le laboratoire Hipra cite des études de recherche sur le vaccin qui montrent que consécutivement à la vaccination « la sévérité des mammites à coliformes est atténuée ; il y a moins de toxicité, moins de réformes. La production laitière des animaux vaccinés qui ont fait une mammite de E. Coli est supérieure de 1 à 2 litres par jour sur les 120 premiers jours de lactation par rapport à des animaux non vaccinés qui ont fait une mammite E. coli. L’étude concernant les staphylocoques montre que l’on diminue fortement les nouvelles infections et que le taux de guérison augmente ; l’excrétion de staphylocoques diminue ce qui fait baisser le risque de transmission aux autres vaches du troupeau ».
Protocole 3-3-3
Outil de lutte sur « le court et moyen terme, la vaccination doit se faire sur le troupeau de vaches et génisses ». En pratique, elle consiste en une injection IM de 2 ml de produit avec rappels périodiques. « Le protocole 3-3-3 est relativement simple et permet d’aboutir à une immunité constante », détaille le chef des ventes : « Toutes les laitières sont vaccinées le même jour quel que soit le stade de lactation ; y compris les génisses à terme dans les deux mois et les vaches taries. Trois semaines plus tard, il faut faire le premier rappel. Puis un rappel tous les trois mois ».
« Les génisses de renouvellement doivent être vaccinées en lot entre 10 semaines et 4 semaines avant le terme », complète B. Soulard. « Cette première injection est suivie de 2 injections à 3 semaines d’intervalle pour, qu’une fois en lactation, elles soient synchronisées avec le troupeau dès qu’il y a un rappel ».
1 200 € pour 50 laitières
Le coût annoncé pour un troupeau de 50 vaches est de 1 500 € pour la première année et de 1 200 € à partir de la deuxième année. En parallèle, pour calculer l’impact économique, Hipra a développé un panel d’outils informatiques d’évaluation du coût des mammites. Dont le logiciel Start Cost qui aide à chiffrer l’incidence financière des mammites sur l’élevage. Démonstration à l’appui, Boris Soulard explique, par exemple, que pour un troupeau de 45 vaches qui passe d’une moyenne de 280 000 à 200 000 cellules, l’économie en frais d’élevage atteint 4 600 €.
Cette différence s’explique en partie « par une perte ou un gain de production de 1 à 2 % par tranche de 100 000 cellules dans le lait », note Boris Soulard. Et de poursuivre : « Selon le National Mastitis Council, une vache en 2e lactation à 400 000 cellules produirait 545 kg de lait de moins qu’une vache non infectée ». Une autre étude italienne a comparé la production laitière de vaches saines et de vaches ayant déclaré une mammite en début de lactation : « La perte de lait est de 700 kg sur l’ensemble de la lactation. Une différence qui s’explique par le fait que la production de la vache qui a eu une mammite ne remonte pas à son niveau précédent après l’infection ».