La problématique des poux rouges est récurrente en pondeuses et quel que soit le mode d’élevage. La journée pondeuse de l’Itavi du 5 décembre a permis de revenir sur la biologie de cet acarien et les pratiques pour le contrôler.
Les élevages de poules pondeuses sont très souvent confrontés à l’invasion des bâtiments par les poux rouges. Quel que soit le mode d’élevage, la moitié des lots ont des problèmes d’infestations difficiles à gérer. Elles entraînent du stress et de la nervosité qui peuvent engendrer du picage entre les volailles, des œufs tachés, des piqûres et une anémie de la poule si l’infestation est conséquente.
Vecteur de transmission de pathogènes
Le cycle complet d’œuf à œuf est de 7 à 12 jours, ce qui explique les invasions rapides des poulaillers. Durant ce cycle, le pou prendra trois repas de sang sur les poules. Les deux premiers nécessaires à son passage d’état larvaire à stade adulte et le dernier pour la maturation des œufs. Les répercussions du développement de cet acarien ont un effet direct sur les animaux : augmentation de la mortalité, baisse de l’immunité, anémie, chute de ponte, agitation et hausse de la consommation alimentaire. Le pou rouge est aussi vecteur de transmission de pathogènes (virus ou bactéries de type Salmonelles) entre les animaux et d’un lot à l’autre. Il peut provoquer des nuisances pour le personnel de l’exploitation sous forme d’allergie ou de démangeaison. Les coûts indirects sont liés au déclassement des œufs souillés et aux outils de contrôle du développement de la population (scotch-peinture, piège à eau).
Une capacité à jeûner neuf mois
« Le pou a la particularité de pouvoir figer chaque stade de son développement en l’absence d’hôte. Sa longévité augmente en cas de famine et selon la température. Certains individus peuvent jeûner jusqu’à neuf mois », explique Geoffrey Chiron de l’Itavi. Cet acarien est un microprédateur, tout comme le moustique et la punaise de lit. Ses repas sont pris ponctuellement et rapidement. Il ne reste pas sur la poule sous peine d’une mort certaine car il y fait trop chaud. Il préfère vivre dans l’environnement, soit dans les fientes ou dans des interstices étroits le rendant inaccessible aux pulvérisations de produits.
À une température de 30°C la durée du cycle du pou est de six jours, alors qu’à 15°C, elle atteint 29 jours. « Les poux rouges résistent très bien au froid, certains individus survivent sept jours à -20°C. » Il n’ont pas peur de l’eau et y résistent même très bien. « Nous avons fait un test et immergé des poux pendant 10 heures dans de l’eau mélangée à un tensio-actif ; résultat, 80 % des individus ont survécu. Çeci permet de mettre en lumière l’effet mécanique du lavage du bâtiment et du matériel qui chasse les poux sans les tuer », résume Geoffrey Chiron.
[caption id= »attachment_12636″ align= »aligncenter » width= »300″] Tâches de sang sur les œufs entraînant leur déclassement.[/caption]
Des outils de contrôle pour traiter au bon moment
« Une partie des éleveurs se basent sur le visuel pour traiter et c’est souvent trop tard car la population a alors explosé. C’est ce qui est appelé l’effet Iceberg, une petite partie est visible, mais la plus grosse est cachée. » Il est donc conseillé de disposer des pièges passifs (scotch-peinture) ou semi attractifs (piège à eau), afin de suivre le développement de la population et de traiter au meilleur moment possible. Quelques actions peuvent renforcer l’élimination des poux lors du vide sanitaire. L’ajout de tensio-actif dans l’eau permet le remplissage des trachées de l’acarien. Le démontage du plus grand nombre de pièces aide à déloger un maximum de poux. Enfin, le traitement thermique supprime les adultes, les nymphes et les œufs qui résistent tous au froid mais pas au chaud. Nicolas Goualan
Dr Jean-Charles Donval, Vétérinaire, Chêne vert conseil
La biologie du pou rouge rend très difficile la lutte dans les bâtiments de poules pondeuses. De nombreux produits présentent une efficacité dans la maîtrise de la population. Mais la méthode et le moment de l’application sont certainement plus importants que le choix du produit. Il faut intervenir précocement et ne pas se laisser l’infestation se développer. Dans ce but il faut privilégier la période de vide sanitaire où le choix des produits et les méthodes d’application sont plus nombreux. En cours d’élevage, la mise en place de pièges peut permettre d’évaluer l’infestation et de mieux définir le bon moment du traitement. Lorsque l’infestation est très faible, l’utilisation de produits répulsifs dans l’eau de boisson des animaux, dans l’aliment ou en pulvérisation peut permettre de limiter le développement de la population de poux. Lorsque les poux sont visibles sur les œufs ou sont regroupés en grappes, l’utilisation d’un produit de contact est requise pour abaisser la population.
L’autre critère important est le choix du matériel pour l’application. Les produits sont peu rémanents et nécessitent donc une application sur l’ensemble du matériel. Ce matériel doit être choisi et adapté au bâtiment que l’on souhaite traiter. La présence de matières organiques (fientes, poussières) est aussi un élément qui s’oppose à l’efficacité et la rémanence des produits utilisés. L’entretien des bâtiments (dépoussiérage) est une première étape avant l’application du produit. Un autre paramètre souvent négligé est le temps nécessaire pour réaliser la pulvérisation de l’ensemble du matériel. Beaucoup de surfaces sont inaccessibles et nécessitent que l’éleveur déplace du petit matériel ou passe du temps pour aller précisément poser le produit aux endroits où sont les poux. La lutte biologique constitue une alternative aux traitements classiques et devrait se développer dans les années à venir. Les prédateurs sont très efficaces contre le pou rouge. La difficulté réside dans le nombre et la répartition de ces prédateurs afin de maîtriser la population de poux dans l’ensemble du bâtiment.