Scientifiques et sociologues ont dressé un portrait complexe de l’élevage du futur lors de la 20e édition des rencontres recherches ruminants (3R), à Paris les 4 et 5 décembre.
« Hautes performances » et « diversité des structures ». Telles sont les deux caractéristiques de l’élevage du futur qui ressortent du difficile exercice auxquels se sont livrés agronomes et sociologues, les 4 et 5 décembre, lors de la 20e édition des Rencontres recherches ruminants (3R) à Paris. Les nouvelles technologies devraient poursuivre leur introduction dans les élevages de ruminants. Et cela ne s’arrête pas aux robots déjà en passe de conquérir les salles de traite de bon nombre d’exploitations. « Les capteurs, les automates… Cela va se développer dans tous les élevages, extensif ou intensif », a exposé Jean-Louis Peyraud, directeur de recherche à l’Inra (Institut national de la recherche agronomique).
Sous-traitance
La haute performance des élevages passera aussi par une délégation de certaines tâches. Les éleveurs ont et auront tendance à « se décharger d’une partie du travail en sous-traitant, en employant ou encore en utilisant les services de remplacement ». Conséquences de ces prévisions : « Cela va changer la façon de regarder le troupeau », explique le chercheur. Plus globalement, Bertrand Hervieu, vice-président du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux , souligne que « l’agriculture a été et sera familiale » mais ne sera pas la seule forme d’élevage dans un monde agricole qui devrait encore s’hétérogénéïser.
Historiquement, il rappelle qu’après la décolonisation et la décollectivisation, la phase de déploiement d’une agriculture « clairement dominante, très puissante et extrêmement financiarisée » est en cours. Il s’agit de l’agriculture de firmes. « Cela touche plus les végétaux que les animaux, mais il serait irresponsable de ne pas regarder en face ce mouvement, même pour l’élevage ». Agriculture familiale, agriculture de firmes, mais aussi agriculture d’autosubsistance. La majorité des agriculteurs du monde font de l’agriculture d’autosubsistance. « Dans un monde où le travail se fait de plus en plus rare, l’agriculture est un moyen de survie, mais aussi d’insertion dans les circuits économiques », explique Bertrand Hervieu. Cette agriculture est une forme persistante, mais aussi émergente. « Malgré les mouvements d’urbanisation et d’exode rural, il n’y a jamais eu autant de paysans dans le monde », souligne le sociologue.