Les pododermatites apparaissent très tôt au démarrage du lot. Souvent occasionnées par une litière trop humide, elles peuvent avoir de lourdes conséquences sur la marge brute.
Litière, abreuvement, ventilation, température, lumière et nutrition sont des paramètres qui peuvent influer sur le développement de pododermatites en poulet et dinde de chair. Cette inflammation de la peau affectant les pattes des volailles peut provoquer des lésions sévères. Elle apparaît sous forme d’une petite tache sous les coussinets plantaires qui s’agrandira plus ou moins vite suivant les conditions d’élevage. « Les volailles avec des lésions vont moins se déplacer dans le bâtiment et donc avoir des difficultés pour boire et s’alimenter. Les pododermatites ont un impact sur le bien-être des animaux, sur la qualité de la production, les performances et donc sur la marge brute », a expliqué Jan Van Harn, chercheur à l’université de Wageningen aux Pays-Bas lors d’une journée technique sur la qualité et les performances en production avicole organisée par Novus.
La marge brute impactée
Lors d’un essai, les chercheurs de Wageningen ont mis en lumière l’importance d’une litière sèche pour lutter efficacement contre les pododermatites. Pour ce faire, ils ont séparé un lot de poulets en deux : d’un côté une litière conservée humide et de l’autre une litière bien sèche. Les résultats sont frappants : « On observe qu’à 36 jours, la quasi-totalité des poulets sur litière humide ont des lésions sévères aux pattes, alors que sur litière sèche seulement 2 % ont développé des pododermatites », indique Jan Van Harn. À la fin du lot, les chercheurs ont chiffré la différence de marge brute engendré par la litière humide et le développement des pododermatites : « Sur litière sèche la marge brute représente 0,22 €/poulet tandis que sur litière humide elle n’est que de 0,13 €. Ramené à l’échelle d’une exploitation de 90 000 poulets, cela représente une différence de marge de 8 500 €/lot soit 62 300 €/an. »
Conseils pour une litière sèche
De cet essai résultent plusieurs pistes afin de conserver les litières les plus sèches possible. Une bonne ventilation du poulailler permet d’éliminer la condensation et d’évacuer l’humidité générée par les appareils de chauffage au gaz de type radiant. Il faut être vigilant et réparer systématiquement les fuites d’eau. « Les éleveurs doivent utiliser de préférence des pipettes avec des coupelles afin d’éviter le gaspillage. Durant les trois semaines suivant le démarrage il est important de limiter la pression d’eau », conseille le chercheur. Il insiste sur l’ajustement régulier de la hauteur des pipettes ou autres points d’abreuvement. « Les volailles doivent boire la tête levée et pas la tête baissée. »
Pour une bonne répartition des animaux dans le poulailler, la température doit être homogène et les sources de lumière en nombre suffisant pour que la luminosité soit constante (changer les néons ou autres sources qui ne fonctionnent plus). « Nos essais prouvent qu’il est préférable de faire des coupures de lumière par intermittence plutôt qu’une longue coupure, limitant ainsi les lésions. » Par ailleurs, les copeaux très utilisés en France sont souvent remplacés par de la tourbe jugée plus absorbante par les éleveurs hollandais. Ces deux matériaux ont un pouvoir absorbant supérieur à la paille et ont donc leur intérêt pour limiter le développement des pododermatites. Nicolas Goualan