Manquant de technicité et d’organisation, la production de viande bovine en Chine régresse. La faible part de SAU par rapport à la population n’encourage pas les productions animales, mais l’élevage bovin pourrait tirer davantage profit des zones enherbées et des sous-produits agricoles.
À l’heure actuelle, la production de viande bovine en Chine reste très peu productive et mal structurée. « La grande majorité des élevages sont de petite taille : 96 % (soit 13,3 millions) possédaient moins de 9 têtes en 2010, les cheptels de plus de 100 têtes ne représentaient que 0,2 % des élevages (24 800), mais fournissaient 14 % des animaux abattus », chiffrent les auteurs d’une étude parue dans la revue scientifique et technique Viandes & Produits Carnés.
Dans les petites fermes paysannes, dispersées et peu organisées, les éleveurs manquent de connaissances et de technicité pour adapter la production aux nouveaux besoins. « Dans certaines régions, les gouvernements locaux encouragent les grandes entreprises à jouer le rôle de coordinateur des petits élevages naisseurs et des abattoirs. Certaines formations techniques sont parfois organisées. Une première faculté (et toujours la seule) de coopérative agricole a été créée en 2008 à l’Université d’agriculture de Qingdao. » Globalement, l’effectif total de bovins s’érode, les éleveurs étant découragés par les cycles longs de production, et attirés par des emplois en dehors de l’agriculture. L’effectif total des bovins est passé de 127 à 104 millions de têtes entre 1999 et 2011. Après avoir régulièrement augmenté depuis 1978, la production de viande bovine (6,5 millions de t en 2011) s’affaisse, ce qui met en difficulté les abattoirs.
Davantage de viande bovine au menu des Chinois
Le développement économique de la Chine a entraîné une augmentation de la consommation de viande par habitant qui a atteint le niveau moyen mondial (37,5 kg) en 1994, puis a continué à progresser pour se placer à 57,3 kg/hab. en 2009. La viande porcine reste la plus consommée devant celle de volaille, la viande bovine n’arrivant qu’en 3e position. Considérée comme saine et haut de gamme, cette dernière pourrait toutefois accroître ses parts de marché du fait de l’augmentation de la population urbaine aux revenus plus importants. La baisse de la production a entraîné une forte hausse de prix. Fin juillet 2013, la viande bovine a atteint 58 yuan/kg (environ 7 €/kg), un niveau supérieur de 60 % à celui de début 2011.
Sécurité céréalière
La chute de la production bovine trouve une autre explication dans le coût croissant de l’alimentation. Concentrant 20 % de la population et ne possédant « que » 9 % de la SAU de la planète, la Chine cherche à maintenir sa sécurité sur les céréales. Une contrainte qui pèse sur leur disponibilité, et augmente leur prix. Les filières bovines pourraient se tourner vers d’autres ressources alimentaires, comme les surfaces enherbées, étendues dans le pays, que ce soit les petites prairies de moins d’un hectare dans les zones très agricoles ou les grandes régions herbagères des zones nomades comme la Mongolie intérieure.
Boom des importations
Les importations de viande bovine par la Chine se sont fortement accrues, passant de 5 000 TEC (tonnes équivalent carcasse) en 2008, à plus de 80 000 TEC en 2012. Et la progression s’amplifie avec des volumes importés dépassant 150 000 TEC au 1er semestre 2013, plaçant le pays en 2e position des acheteurs de viande australienne. « Les achats devraient continuer à progresser, notamment en raison de l’accord commercial de mai 2013 avec l’Inde, autorisant l’importation en Chine de viande de buffle, avec un degré d’exigences sanitaires qui mériterait d’être précisé, mais dont les niveaux de prix pourraient stimuler les importations chinoises », notent les auteurs de l’étude.
Pour le moment, « la productivité de ces surfaces reste faible, du fait de nombreux problèmes à résoudre s’agissant des modes de conduite et de préservation du pâturage, des techniques de conservation des fourrages… » La valorisation du pâturage d’altitude, notamment par les vaches reproductrices, fait partie des orientations envisagées. En Chine centrale, la priorité étant donnée aux céréales, l’utilisation des sous-produits agroalimentaires est un enjeu. Présentes sur le territoire en quantités très importantes, la paille, les cannes de maïs, les drêches de distillerie et de brasserie, les pulpes et les tourteaux (de graines de coton, de tournesol, de lin, de colza, d’arachide…) sont des opportunités, « à condition que les valeurs nutritives de ces sous-produits soient évaluées et que le rationnement des ruminants soit vulgarisé. »
Il existe en Chine 72 races bovines, dont 52 races locales, 7 races sélectionnées et 13 races d’origine étrangère. Bien que l’amélioration génétique des bovins ait commencé à partir des années 1990, les races sélectionnées ne représentent aujourd’hui encore que 18 % de l’effectif total. Là aussi, des progrès sont à réaliser. Agnès Cussonneau (source Viandes & Produits Carnés)