La pluie qui tombe utilise deux voies : l’infiltration dans le sol ou le ruissellement. Petit retour à la source.
« Les nappes sont pleines ». Propos courant de conversation d’hiver dans les campagnes. Mais qu’est-ce que la nappe ? « C’est la couche comprise entre 1 et 30 m de profondeur », expliquent les spécialistes de Territ’eau, projet issu d’un partenariat entre la Chambre régionale d’agriculture de Bretagne et l’Inra (1). La nappe est pleine quand toutes les porosités présentes dans cette épaisseur souterraine sont saturées d’eau. En dessous, l’eau ne réussit que très peu à s’infiltrer dans ce que l’on appelle la roche mère ou le socle. Pourquoi ? « Cet horizon présente peu de fissures et est donc imperméable ». C’est aussi cette faible perméabilité du sol qui peut expliquer certaines sorties horizontales d’eau en bas de pente quand les sols sont saturés : « Dour hal », comme on dit en breton. Exfiltration, disent les spécialistes francophones.
Deux voies « parallèles »
L’infiltration de l’eau de pluie dépend du sol sur lequel elle tombe. Sa valeur est très variable dans le temps puisque l’état structural de surface évolue sous l’effet de la pluie, de l’activité biologique (présence de macropores), du système de culture, des itinéraires techniques, etc. « Elle est variable au cours même d’une pluie en fonction de l’évolution de l’humidité du sol et peut notamment décroître de manière significative au cours d’une pluie intense. Sa valeur est enfin très variable dans l’espace selon les caractéristiques des sols, notamment en fonction de leur stabilité structurale ».
A la percolation de l’eau peut succéder le ruissellement par dépassement de la capacité d’infiltration du sol. Ce ruissellement survient lorsque l’intensité de la pluie est supérieure à la capacité d’infiltration spontanée du sol : sur sol meuble (après travail du sol), elle est de 30 à 60 mm/h ; sur sol battant et encroûté, elle peut descendre à 1 mm par heure. – sur surface saturée. En fait, le ruissellement est l’écoulement de l’eau à la surface du sol. Il s’accompagne de transport de matières à l’état dissous ou particulaire (érosion). C’est aussi le chemin favori du phosphore et des résidus de produits phytosanitaires. Parce que les effets du ruissellement sont souvent visibles (formation de rigoles, de ravines, déplacements de terre), c’est un processus que s’approprient facilement les agriculteurs. Pourtant, il ne participe qu’à quelques pour cent du bilan annuel des écoulements car il n’intervient qu’au cours de quelques averses par an ou sur certaines parties du bassin versant où la nappe affleure.
L’agriculture se met aux Moocs
Ces informations partielles sur le chemin de l’eau sont présentées de manière exhaustive dans le référentiel de connaissances Territ’eau (1). Ce site est alimenté en permanence par les chercheurs partenaires du projet dont l’ambition ultime est l’amélioration de la qualité de l’eau et la préservation des ressources (terre). Depuis peu, ce référentiel de connaissances est ouvert aux étudiants au travers de l’Uved, l’université virtuelle de l’environnement et du développement durable. Preuve que les Américains n’ont pas le monopole des Moocs, ces cours de masse en ligne qui font la Une des médias depuis quelques mois. Didier Le Du
(1) http://agro-transfert-bretagne.univ-rennes1.fr/Territ_Eau/qui_sommes_nous.asp