L’ensilage de méteil distribué à des animaux en croissance nécessite souvent une complémentation, notamment pour une utilisation supérieure à deux mois.
À la station expérimentale de Mauron, la recherche de davantage de sécurité et d’autonomie alimentaire fait partie des axes de travail privilégiés. En zone séchante, les mélanges céréaliers (ou méteils) comptent parmi les cultures intéressantes pour sécuriser les stocks fourragers. Expérimenté sous forme d’ensilage sur des bovins en croissance, du méteil distribué à volonté est concluant sur les performances, « à condition d’apporter une complémentation », notent les responsables de la station, « car sa valeur alimentaire reste relativement modeste, malgré un rapport énergie/azote plus équilibré que le maïs ensilage. »
L’essai a porté sur des bœufs de race Prim’Holstein et des génisses Blondes d’Aquitaine qui ont réalisé des croissances de plus de 900 g/jour, supérieures à celles des lots témoins en régime maïs ensilage. Récolté à 33,3 % de MS au stade pâteux de la céréale, le méteil affichait un rendement de 12 t MS/ha et une valeur alimentaire moyenne de 0,71 UFL, 60 g de PDIN et 62 g de PDIE par kg de MS. « La consommation moyenne de méteil a été de 7,7 kg de MS/j pour les bœufs et de 7 kg pour les génisses. » Les lots « méteil » et « maïs » ont reçu la même quantité de concentré, mais de composition différente.
Avec le méteil, les bœufs disposaient de 1,4 kg/j de blé aplati et de 0,2 kg de tourteau de colza (respectivement 1,2 kg et 0,5 kg pour les génisses). L’essai a par ailleurs mis en évidence la meilleure efficacité alimentaire des animaux de race à viande. Même si les génisses Blondes ont reçu 100 g/j de complémentation en plus, elles n’ont consommé que 1,7 kg de MS de méteil pour 100 kg de poids vif, contre 2 kg pour les bœufs Prim’Holstein.
Le tourteau de colza, une option économique
Source azotée intéressante, le tourteau de colza a montré des performances comparables au tourteau de soja, lors de différentes expérimentations en production de bovins viande, quel que soit le fourrage utilisé (ensilage de maïs, foin ou paille) ou la céréale distribuée en complément (blé, triticale, maïs grain). L’intérêt économique du colza dépend toutefois du rapport de prix avec le soja et du coût des céréales.
Dans l’essai de Mauron, les lots ont été alimentés avec une ration sèche à base de blé aplati à volonté, de la luzerne déshydratée en petite quantité et de la paille alimentaire à volonté. Avec des céréales à 200 €/t (plus frais d’aplatissage), le tourteau de colza est intéressant si son prix d’achat ne dépasse pas 73 % du prix du tourteau de soja. Dans le cadre d’un autre essai réalisé aux Établières, le taux est de 75 %. Sachant que ces dix dernières années, le rapport de prix se situe en moyenne à 63 %, l’alternative colza n’est pas à négliger.
Le sorgho, à réserver aux zones chaudes
D’autres essais ont été menés à Mauron sur le sorgho BMR (de type sucrier). « Le sorgho est bien consommé par les animaux avec des croissances comparables au maïs ensilage. Mais dans les conditions pédoclimatiques de la station de Mauron, les rendements sont inférieurs, pénalisant son intérêt. » Les ingénieurs de la Chambre d’agriculture précisent toutefois que le sorgho peut trouver sa place dans les zones séchantes de Bretagne sud, sur des terres qui se réchauffent vite au printemps et où le maïs montre des limites de rendement. « La culture de sorgho est en attente de nouveaux itinéraires techniques et de variétés (éventuellement en mélanges) qui permettront d’atteindre un taux de 30 % de MS à la récolte. » Agnès Cussonneau