Pénurie de lait de chèvre en France

lait-chevre-caprin-transformation-fromagere-crise-revenu - Illustration Pénurie de lait de chèvre en France

La France manque de lait de chèvre, ce qui pénalise la transformation fromagère. Les effets de la crise de surproduction de 2010 continuent de provoquer des répliques, avec une forte chute du revenu et de nombreuses cessations.

Les fromages de chèvre se sont faits rares sur les plateaux des fêtes de fin d’année. « Toutes les régions manquent de lait, je n’ai jamais vu ça en 30 ans », témoigne Jacky Salingardes, éleveur en Aveyron et président de la Fédération nationale des éleveurs de chèvres (Fnec). Depuis plusieurs années, la filière est dans l’œil du cyclone : en 2010, une hausse de la collecte hexagonale, augmentée d’importations, a abouti à une surproduction et une chute des cours. « La crise de surproduction a entrainé une sous-
production qui pourrait être durable », explique Jacky Salingardes, qui chiffre à 18 % les volumes de lait de chèvre en moins depuis deux ans.

De janvier à juillet 2013, la collecte a été 12 % plus basse qu’à la même période en 2012, selon FranceAgriMer (288 millions de litres contre 327 en 2012). En 2011, plus d’un tiers des éleveurs de caprins spécialisés ont dégagé moins de 10 000 euros de revenu. « De nombreux producteurs ont arrêté. Ceux qui restent n’ont plus de trésorerie et achètent moins de concentré et de maïs pour nourrir les animaux, qui produisent donc moins de lait », analyse t-il. « Ça va poser un réel problème aux industries et à la distribution », qui ne peuvent pas non plus compter sur les importations : les Pays-Bas envoient de la poudre de lait en Asie, et l’Espagne, où les industriels français sont prépondérants (Lactalis, Eurial,…), connaît également une situation de disette.

Augmenter les prix

Pour Jacky Salingardes, la solution passe par la hausse du prix du lait payé au producteur par les industriels, mais aussi du prix des produits payé aux industriels par les distributeurs. Le consommateur devra lui aussi la main au portefeuille, puisqu’« avec 7/8 centimes en plus sur une buchette, tout le monde y trouverait son compte », selon lui. Le médiateur des relations commerciales du ministère de l’agriculture est intervenu en 2013, recommandant des hausses du prix du lait pour faire face à l’augmentation des coûts de production. Son action a bien fonctionné dans le lait de chèvres : au 3e trimestre 2013, le prix de base s’est établi à 597 €/1 000 L de moyenne, en hausse de +13 % par rapport à 2012.

L’augmentation est légèrement supérieure à la recommandation de 60 euros qui avait été faite par le Médiateur, dépassant de près de 30 euros (+5 %) son niveau de 2009, le dernier pic atteint, analyse l’Institut de l’élevage. Mais ces hausses sont toujours loin de couvrir l’augmentation des charges, puisque l’indice des prix d’achat des moyens de production agricole (Ipampa) a augmenté de 21 % depuis 2009 (amorçant une légère baisse depuis le pic de début 2013, de 142 à 140). « L’écart devrait se réduire encore un peu en fin d’année 2013 avec la baisse des prix des aliments achetés, mais celle-ci, encore relativement modeste, ne produira qu’un effet limité. D’autant que dans le même temps le prix de l’énergie, extrêmement volatil, augmente légèrement », anticipe l’Institut de l’élevage .


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