Pour les dix ans à venir, la Commission européenne prévoit une croissance modeste du secteur agricole, limitée notamment par les contraintes environnementales dans les productions animales.
La Commission européenne vient de publier ses perspectives à moyen terme (2014-2023) pour le secteur agricole européen qui, comme le reste de l’économie, devrait connaître une reprise modérée à partir de 2014.
Effet biocarburants
Entre 2014 et 2023, les perspectives pour les marchés des grandes cultures de l’UE sont caractérisées par des niveaux de stocks qui resteront bas et des prix au-dessus de leurs moyennes historiques. Le marché des biocarburants restera, en effet, le principal facteur de croissance dans le secteur des grandes cultures pour les dix ans à venir dans une UE qui vise 10 % d’énergies renouvelables dans les transports d’ici 2020. L’alimentation humaine et animale ne devrait que légèrement progresser. La production céréalière devrait, elle, dépendre principalement des rendements car les surfaces agricoles sont appelées à légèrement reculer. Les rendements de maïs, colza et tournesol devraient progresser d’environ 1 % par an ; par contre ceux du blé ne devraient que très peu évoluer (+0,3 % par an). Maïs et blé devraient couvrir de plus en plus de surface (respectivement 18 % et 41 %) au détriment des autres céréales.
Porc et volaille se développent
Le secteur de la viande de l’UE devrait être soutenu par une forte demande sur le marché mondial. En Europe, les perspectives de reprise de la croissance économique permettraient une augmentation de la consommation. La viande de volaille restera le segment le plus dynamique et le porc continuera à être la viande la plus consommée (31,8 kg consommés par habitant et par an). Côté production, c’est la viande de volaille qui augmentera le plus rapidement avec un taux de croissance annuel de 0,8 % entre 2012 et 2023 pour atteindre 13,6 millions de tonnes. Les exportations devraient progresser de 15 % dans la prochaine décennie notamment vers la Chine et l’Arabie saoudite.
Pour le porc, après deux années de baisse, la production est appelée à augmenter à partir de 2014 pour atteindre 23,4 millions de tonnes en 2023. Une augmentation de +2,8 % sur la période limitée par des contraintes environnementales, notamment en France et aux Pays-Bas. Les exportations devraient bondir de 12,4 % en 2023 par rapport à 2010-2012 principalement à destination de la Russie et de la Chine. Enfin, la production de viande bovine devrait diminuer d’environ 7 % d’ici 2023 à 7,6 millions de tonnes, essentiellement en raison de l’évolution du troupeau laitier (qui représente environ les deux tiers de la production de viande). Les importations en provenance d’Amérique du Sud devraient progresser.
Lait : pas d’explosion après quotas
Dans le secteur laitier, malgré la fin du système des quotas en 2015, la croissance de la production de l’UE devrait rester limitée en raison principalement des contraintes environnementales qui vont jouer un rôle croissant dans certains États membres. Les livraisons pourraient atteindre 150 millions de tonnes en 2023 soit moins de 10 millions de tonnes supplémentaires par rapport à 2012. Cette hausse de production sera portée par une progression des rendements plutôt qu’une augmentation du cheptel. C’est la production de fromage qui devrait absorber la majorité du lait supplémentaire.
+1,8 %/an pour le revenu
Dans ce contexte, le revenu réel agricole par unité de travail devrait augmenter de 1,8 % par an de 2013 à 2023 du fait d’une réduction de la main-d’œuvre. Dans les anciens États membres, le revenu agricole réel par actif devrait, en 2023, se situer 17,5 % au dessus de son niveau de 2012, alors que dans les nouveaux États membres il pourrait plus que doubler. L’écart entre les niveaux absolus de revenu agricole par actif entre anciens et nouveaux États membres va donc se réduire mais restera important.