Malgré des résultats positifs en économie d’énergie et sur le bien-être des volailles, le problème de nettoyage et de désinfection des échangeurs est récurrent.
Ces dernières années, beaucoup d’éleveurs ont fait le choix d’équiper leurs poulaillers avec des échangeurs récupérateurs de chaleur. 20 % des élevages de volailles de l’Ouest en sont dotés. Lors de la journée nationale de la volaille de chair de l’Itavi en novembre à Pacé (35), Dylan Chevalier, spécialiste avicole à la Chambre régionale d’agriculture, a présenté l’étude en cours menée par les Chambres de Bretagne, les GDS, l’Itavi et l’Anses sur la contamination, le nettoyage et la désinfection des échangeurs. Il explique : « Selon une enquête réalisée en 2012 auprès de 200 éleveurs, 90 % sont satisfaits de leur investissement. Ils ont réalisé une économie de gaz d’environ 30 %. Un assainissement de l’ambiance a été constaté avec une réduction du taux d’hygrométrie (10 à 15 %) et une diminution de l’ammoniac entraînant une amélioration de la qualité des litières. » Les volailles ayant gagné en confort de vie, les performances technico-économiques ont été améliorées dans 40 % des cas.
Le débit d’air peut être divisé par deux
Le gros point noir de ces appareils est leur entretien. Les utilisateurs constatent un encrassement important avec la formation d’un biofilm compact et résistant pouvant diviser par deux les débits d’air. « 55 % des éleveurs ont qualifié de difficile le nettoyage des échangeurs et y passent en moyenne 1 h 15 par appareil. Un éleveur enquêté sur quatre ne désinfecte pas du tout les systèmes et 56 % ne désinfectent pas les blocs au niveau des entrées d’air », dévoile Dylan Chevalier. Il précise que 67 % des éleveurs ont créé des aires bétonnées extérieures sous les échangeurs afin de faciliter leur pose ainsi que le nettoyage des abords. 35 % ont mis en place des systèmes d’évacuation des condensats. Félix Mahé, responsable technique du GDS 22, met en garde : « Un système d’entrée d’air non nettoyé pendant le vide sanitaire présente un risque important de recontamination du lot suivant par les poussières qui se sont accumulées dans le réseau de plaques alvéolées ou de tubes qui composent le dispositif. »
Améliorer la conception des modèles à venir
Cette étude va permettre de caractériser la contamination des récupérateurs de chaleur avant et après nettoyage. « Nous allons mettre en pratique une méthode de nettoyage et de désinfection adaptée à chaque modèle d’échangeur et suivant les productions durant la période hivernale », lance Dylan Chevalier. La recherche d’une méthode simplifiée de contrôle (prélèvements et analyses sanitaires) de l’efficacité de la décontamination, utilisable facilement sur le terrain, sera un des objectifs à réaliser. Par ailleurs, les résultats collectés vont permettre de réunir les partenaires techniques et scientifiques, les utilisateurs, les équipementiers pour établir les bases de nouveaux travaux de recherche et développement afin d’améliorer la conception des modèles à venir.
Avis de recherche
Le groupe de travail régional recherche des éleveurs pouvant mettre à disposition leur matériel au cours d’une journée, pour réaliser le suivi de nettoyage et de la désinfection des appareils. Si vous êtes intéressés, contactez Félix Mahé du GDS au
02 96 01 37 00 ou Élodie Dezat de la Chambre d’agriculture au 02 23 48 23 23.
Les échangeurs à tubes plus faciles à nettoyer
Les premières conclusions de cette étude qui est encore en cours montrent qu’il est difficile de nettoyer et décontaminer les échangeurs (accès, temps, eau, matériel…). Les premiers résultats confirment l’intérêt de la sensibilisation et d’un appui technique auprès des éleveurs. Dylan Chevalier explique : « Le rinçage à l’eau ne suffit pas et il favorise la contamination des appareils. La méthode la plus efficace est de démonter les filtres à poussières (si présents), souffler à l’air comprimé, appliquer un détergent (non moussant pour les échangeurs à plaques et moussant pour ceux à tubes), rincer et appliquer un désinfectant. Ce protocole permet de réduire considérablement le nombre de contaminants, sans les supprimer toutefois des circuits d’air vicié. » Et d’ajouter : « Les échangeurs à tubes sont tout de même les plus faciles à nettoyer ». Il faut privilégier les détergents moussants pour les échangeurs à tubes et aussi envisagé le trempage des blocs afin d’améliorer le nettoyage et la désinfection. Afin de limiter les risques de contamination, la mise en place d’aires bétonnées est recommandée ainsi que l’évacuation des condensats et des jus de lavage s’il est réalisé à proximité du poulailler. Nicolas Goualan