Un apport précoce d’azote sur prairie s’avère payant. Un kilo d’azote épandu permet de produire 22 à 25 kg de matière sèche. 50 unités par ha, c’est 1,1 à 1,2 t MS/ha de rendement en plus.
La bonne valorisation de chaque hectare d’herbe passe par l’allongement de la saison d’herbe par les deux bouts : printemps et hiver. Si, comme on l’a vu ces dernières années, la météo conditionne fortement le rendement, à la baisse comme à à la hausse, la période d’épandage du fertilisant azoté est un autre levier important pour favoriser le rendement. Osons le dire : L’azote est l’élément majeur pour faire du rendement et pour faire de la qualité.
Privilégier l’azote facilement disponible
Aujourd’hui, la plupart des recommandations agronomiques table sur un premier apport à 200°C, voire 250°C dans les zones froides (base zéro du 1er janvier). Au 7 février, ce seuil est atteint presque partout en Bretagne. Retarder le premier apport à environ 500 °C cumulés pénalise fortement le rendement explique Arvalis. (Ce stade est atteint en moyenne vers le 15-20 avril en Bretagne). « La croissance ralentie par le manque d’azote au début n’est jamais récupérée au cours du cycle ». D’autres expérimentations ont permis de déterminer que, de façon générale, 75 à 100 % de la dose annuelle totale d’azote doit être apportée au printemps.
[caption id= »attachment_12140″ align= »aligncenter » width= »300″] Disponibilité de l’azote sur prairie (1ère année).[/caption]
A la sortie de l’hiver, la terre est encore froide. La minéralisation de l’azote dans le sol est ralentie. En apportant de l’azote sous forme d’engrais minéral ou organique, on constitue une réserve plus ou moins disponible. Pour l’azote minéral, très soluble, la disponibilité est importante (75 %). Pour les effluents d’élevage la disponibilité de l’azote dépend de la date d’épandage et du ratio C/N (carbone sur azote). Plus il y a de carbone plus la minéralisation sera lente. Arvalis cite les chiffres de 10 % de disponibilité immédiate de l’azote pour un fumier épandu au printemps sur prairie (40 % pour un fumier composté) ; cette disponibilité est de 75 % pour un lisier de porc épandu au printemps (60 % pour un lisier de bovin).
L’azote est trop cher pour être gaspillé
L’azote est trop cher pour le laisser partir. Et pourtant trois fuites sont courantes :
- Volatilisation : elle peut dépasser 20 % des apports d’engrais minéral selon les formes et 70 % de la fraction ammoniacale des lisiers. La solution : éviter les épandages par temps sec et venteux ou privilégier l’enfouissement.
- Lixiviation : 200 mm de pluie sur un sol saturé peut entraîner une perte de plus de 20 kg N/ha. La solution : tenir compte des prévisions météo à moyen terme.
- Dénitrification : c’est la transformation de l’azote nitrique en azote gazeux. Elle peut être provoquée par un pH trop faible, un excès d’eau qui asphyxie le sol. La solution : attendre le ressuyage du sol, chauler.
3 à 5 apports
Voilà pour la théorie en conditions météo normales. Dans le contexte actuel très pluvieux, le seuil de 200°C atteint ne signifie pas qu’il faille épandre à tout prix sous prétexte que l’on va perdre 1 t de MS/ha. Outre la portance des sols, on s’expose à des pertes d’azote par lixiviation (pluie abondante) ; d’autres années, ce seront des pertes par volatilisation (temps froid et sec) qui seront le facteur limitant. Malgré la diversité des références proposées pour le calcul du bilan azoté des prairies, ces dernières restent dans la plupart des situations observées, comprises entre 100 et 200 kg N/ha/an, pour les prairies de l’Ouest, en 3 à 5 apports concentrés sur la période de croissance : soit jusqu’à début juin pour les zones séchantes ou jusqu’en début d’été pour les zones arrosées à bon potentiel herbager. L’absence d’apport en été/automne ne pénalise pas la croissance et réduit sensiblement les risques de pollution nitrique. En ce qui concerne le choix du type d’engrais azoté, le nitrate d’ammonium convient dans tous les cas. Le sulfate ou phosphate d’ammonium est à employer en fin d’hiver, par temps froid et humide. Quant à l’urée, elle est à réserver pour des apports de fin d’hiver et début de printemps. Didier Le Du