A l’occasion de son assemblée générale mardi 11 février, Ovi-Ouest a échangé avec ses adhérents sur les incidences de l’évolution de la Pac sur les exploitations ovines du Grand Ouest.
Les premières estimations de l’évolution du montant des DPU vers les droits de paiement de base (DPB) à partir de mai 2015 montrent une tendance à la baisse, quel que soit la production. Cette diminution sera d’autant plus importante pour les exploitations qui ont un DPU moyen supérieur à la moyenne des DPU français, dont le montant s’élève à 268 €/ha nets. Les premières « calculettes » permettent de vérifier l’impact de la réforme de la Pac sur son exploitation, même si de nombreuses interrogations persistent. Cependant, pour compenser la diminution progressive des primes jusqu’en 2019, la mise en place de stratégies techniques sur les élevages sont à réfléchir dès à présent.
Analyser les leviers à activer
A ce jour, en fonction des décisions arrêtées, une exploitation individuelle bretonne de 60 ha dont 56 ha primés avec un DPU moyen de 288 €/ha, verra par exemple son montant de primes hors primes couplées chuter de 2 000 € en 2019, et ce, de manière progressive. « Il ne faut pas attendre que tous les critères de la Pac soient actés pour agir », note François Bonneau, animateur technique à Ter’Elevage. « Il n’existe pas de solution miracle. Mais toutes les exploitations ovines doivent analyser les leviers techniques les plus faciles à activer pour compenser cette perte à venir ». Ces 2 000 € perdus correspondent par exemple à 20 agneaux supplémentaires vendus. Diminuer le taux de mortalité, augmenter les performances de croissance, la prolificité ou entretenir quelques brebis supplémentaires… Pour atteindre cet objectif, différentes voies sont possibles. Chaque structure doit définir lesquelles sont réalisables et réfléchir sur les moyens techniques nécessaires pour y parvenir.
Une organisation de producteurs reconnue
L’union Ter’Elevage, regroupant 528 exploitations pour 98 000 brebis et 100 000 ovins commercialisés, vient d’acquérir mi décembre 2013 la reconnaissance en tant qu’organisation de producteurs, en conventionnel et agriculture biologique, sur les territoires de Terrena et d’Ovi-Ouest. L’adhésion d’Ovi-Ouest à Ter’Elevage depuis trois ans permet à la structure bretonne d’accompagner le développement de l’activité ovine sur son territoire et de faire face aux transmissions des exploitations. En 2014, Ovi-Ouest étendra son activité commerciale au secteur bovin sous la marque France Elevage. De plus, en fin d’année, elle quittera Noyal-sur-Vilaine pour regrouper ses activités sur le site Arco à Chateaubourg (35).
Rester en phase avec la relance ovine
Les aides couplées ovines sont maintenues, grâce à l’obtention d’une enveloppe dédiée à la filière de 125 millions d’euros au niveau national. En fonction des impacts de la nouvelle Pac sur les exploitations du Grand Ouest, la production ovine, de par son investissement peu élevé et maîtrisé, pourrait aussi demain créer des opportunités pour développer des ateliers de diversification sur la région. Au niveau des aides couplées, comme ce qui existe depuis 2010, une aide de base serait allouée aux éleveurs détenant plus de 50 brebis et dépassant une productivité de 0,4 agneau vendu par brebis. Le montant de cette prime est toujours en discussion. Elle sera vraisemblablement inférieure aux 21 € perçus actuellement.
Le ministère de l’Agriculture proposerait en plus deux formes de majoration. La prime de 3 €/brebis serait reconduite pour les éleveurs qui contractualisent leur production auprès d’une organisation de producteurs (OP). Et une majoration de 6 €/brebis serait destinée aux élevages ayant une productivité supérieure à 0,8, engagés dans une démarche qualité, ou aux jeunes agriculteurs installés depuis moins de 5 ans. Une dégressivité de la prime au-delà de la 501e brebis engendre un point de discorde entre la profession et le ministère de l’Agriculture. Pour la profession agricole, cette mesure s’inscrit à contre-courant de la politique de reconquête ovine, lancée par la filière et destinée à accroître l’offre d’agneaux français, déficitaire sur le marché national. Carole David