Le rallye colza est l’occasion de réunir dans les parcelles agriculteurs et techniciens pour constater des avancées techniques ayant pour but la réduction du recours aux produits phytosanitaires.
Agriculteurs et techniciens ont répondu présent à l’invitation de la Chambre d’agriculture, les 17 et 18 février, pour un rallye colza en deux manches. La visite de plusieurs parcelles costarmoricaines, suivies dans le cadre du réseau de ferme Déphy Écophyto multipartenaires, et des bassins versants Gouessant, baie de la Fresnaye, Arguenon et Haute Rance ont constitué les différentes étapes du rallye. Jean Raimbault du Cétiom a apporté son expertise technique aux participants et aux agriculteurs ayant mis en place différentes pratiques nouvelles visant à réduire l’utilisation de phytos sur colza.
Plantes compagnes pour limiter le désherbage
Parmi ces techniques, l’association colza/légumineuses gélives est en cours de mise au point en Bretagne pour limiter le désherbage. Les plantes compagnes testées sont la féverolle, la lentille, la gesse, différents trèfles et vesces. Une autre pratique économe en insecticide, consiste à semer en mélange 5 % d’une variété plus précoce (ES Alicia), qui attire les méligèthes au printemps sur les premières fleurs sorties. La variété productive, fleurissant plus tard, est ainsi préservée des attaques d’insectes qui restent sur la variété plus précoce. Le semis de précision en grand écartement (75 cm ou 50 cm) est aussi une des pistes explorée afin de réduire le poste désherbage. Cet écartement inter rangs offre la possibilité de biner à partir du stade 4 feuilles du colza.
Un colza vigoureux à l’automne
Les semis précoces, à partir du 25 août, sont favorables à une bonne implantation du colza. Il se développe rapidement, étouffe les adventices, est moins sensible aux attaques de ravageurs (limaces, altises) et aux maladies. Moins d’interventions phytosanitaires sont donc nécessaires. La croissance difficile du début de cet automne ayant été suivie de conditions climatiques plus favorables, les résultats des pesées de matière verte réalisées début décembre (moyenne : 1,5 kg/m2) sont comparables aux moyennes des années antérieures. Les poids varient de 0,5 à 3,5 kg de matière verte /m2. Les principales causes de la variabilité parcellaire sont la disponibilité en azote et la date de semis.
Binage en semis grand écartement
Les participants ont observé une parcelle semée avec un écartement de 50 cm chez Christian Fournier, agriculteur à Trédias (22). Il mène cet essai avec la coopérative pour essayer le binage. La mauvaise météo n’a pas permis de faire un premier passage. Si les conditions le permettent, la parcelle sera binée sortie hiver. « Le colza a été semé par l’ETA Clément qui possède un semoir de précision de 3 mètre en 6 rangs. J’ai observé une très bonne levée, malgré le sol sec sûrement lié en partie au semoir qui permet un bon rappuyage. Ce système permet aussi de réduire la densité de semis », raconte l’agriculteur. Jean Raimbault ajoute : « quand on sème du colza, on doit pouvoir faire du vélo sur la parcelle sans voir la trace du pneu. Il faut donc que le sol soit bien rappuyé. » L’ingénieur du Cétiom remarque que la mise en place de la graine est idéale, ce qui n’aurait pas été le cas avec un semoir à céréales qui est beaucoup moins régulier. « Dans cette parcelle, les plantes sont harmonieuses et régulières. Elles vont mieux supporter les attaques de ravageurs. D’où l’intérêt d’un semis régulier pour un développement homogène des plantes. » Nicolas Goualan