La station expérimentale de Blanche Maison, à Pont-Hébert (50), a investi depuis quelques années dans un système de récupération de chaleur de l’aire paillée. Bilan.
Il y a l’éolien, le solaire, le bois, la méthanisation, la récupération de chaleur du lait comme moyens de valorisation d’énergie sur l’exploitation… mais aussi la chaleur de l’aire paillée des ruminants. En effet, la fermentation de la paille en stabulation dégage une chaleur constante de 35 à 38 °C. Cette chaleur naturelle peut être récupérée. En axant ses recherches sur l’énergie depuis quelques années, la station expérimentale de Blanche-Maison à Pont-Hébert (50) a réalisé cet investissement en 2008. D’après ces utilisateurs, le principe et la mise en œuvre sont assez simples : il s’agit d’un faisceau de tuyaux contenant un liquide captant la chaleur installé sous l’aire paillée. Ces tuyaux sont reliés à une pompe à chaleur (Pac) qui chauffe les 700 L du chauffe-eau jusqu’à 50 °C et des locaux de 14m2. 100 m2 de capteur permet d’assurer une fourniture d’énergie de 10 MWh.
La gestion du curage
En pratique, les tuyaux doivent être situés au plus proche de la source de chaleur, c’est-à-dire l’aire paillée, pour récupérer les calories. Ils sont donc placés à 15 et 20 cm de profondeur, sur 200 m2, protégés par une bâche géo-textile et recouverts de sable, pour éviter l’écrasement lors des curages. Des agglomérés affleurent la surface du sol de la stabulation, pour servir de repère et d’alerte. Si à 20 cm, la température baisse moins après curage, à 15 cm, le système redevient plus rapidement efficace après curage. L’optimum de rendement de la Pac est obtenu 4 semaines après curage. « Le système convient donc à des surfaces paillées, à condition de ne pas vider la stabulation trop souvent et d’avoir un rythme de paillage régulier », relève Céline Pacary, directrice du site.
Un investissement élevé, peu dupliqué
Si ce système n’a pas rencontré de problèmes et ne nécessite pas d’entretien, il a peu été reproduit. A ce jour, deux installations de ce type sont recensées, dans la Manche et le Pas-de-Calais. Dans les deux cas, l’investissement de départ s’est avéré élevé. A Blanche-Maison, la Pac de 6 kWh et les installations ont coûté 25 000 € pour une économie de 1 000 €/an en comparaison à un équipement électrique de 4 200 €. Le retour sur investissement est donc de 20 ans. Dans l’exploitation du Pas-de-Calais, les frais de Pac, tuyaux et béton se sont chiffrés à 31 000 € pour une Pac de 16 kWh, servant à chauffer aussi une maison d’habitation. L’économie est de 2 000 €/an comparé à un investissement de 5 000 € dans une chaudière à fuel. Le retour sur investissement est de 9 ans, avec 40 % de subventions obtenues de l’Ademe. La rentabilité du système dépend donc du montant initial et de l’octroie des aides.
Effets sanitaires non détectés
La dynamique des échanges de chaleur dans le fumier a ainsi pu être étudiée. L’objectif était de voir si, en extrayant des calories, la baisse de la température permettait de limiter la prolifération microbienne et les risques sanitaires, en particulier les mammites. « Les relevés de données montrent qu’il y a 4°C de moins à 10 cm de profondeur sur la partie équipée par rapport au reste du bâtiment », note Céline Pacary. Mais l’effet sur les mammites n’a pas pu être confirmé sur le lot positionné sur la surface équipée car, en fonction du nombre d’essais mis en place, les autres lots ne reçoivent pas la même alimentation. Carole David