Le métier d’agriculteur, ça s’apprend. Gérer du personnel aussi. Le débat qui a suivi l’AG de l’Asavpa 56 a été riche d’enseignements.
« Les relations employeurs-salariés en agriculture…parlons-en » était le thème du débat proposé par l’Association de salariés de l’agriculture pour la vulgarisation du progrès agricole (Asavpa) du Morbihan lors de son assemblée générale qui s’est déroulée vendredi 14 mars à Bignan (56). Le beau temps a limité le nombre de participants ce qui n’a en rien altéré la qualité des échanges entre les employeurs et les salariés.
Se former pour gérer du personnel
Jean-Luc Hilary, président de l’Asavpa 56 a ouvert le débat en demandant aux participants comment ils faisaient pour éviter ou prévenir les conflits ? Pour Jean-Claude Foucraut qui emploie 3 salariés sur son élevage de porcs à Noyal-Muzillac (56), « La base est de faire attention, au moment de l’embauche, à bien définir le poste et les tâches à réaliser par le salarié. Il faut être honnête et ne pas cacher les éventuelles contraintes ou astreintes en lien avec notre métier. » Sentiment partagé par les salariés présents au débat.
Hervé Sergent, co-gérant d’une maternité collective située à Colpo (56) explique avoir suivi plusieurs formations dont celle intitulée « Comment gérer et fidéliser les salariés », à la Chambre d’agriculture. Pierre-Yves Nogues, salarié de cette maternité collective explique les règles de base, « comme un code de la route » : commencer par dire bonjour le matin, faire attention à garder une bonne ambiance, définir qui est le responsable hiérarchique et s’y tenir, écouter les propositions et les avis de chacun.
Se professionnaliser en tant qu’employeur
Pour Hervé Sergent, co-gérant d’une maternité collective ; « Il faut que les agriculteurs se professionnalisent en tant qu’employeurs. Les entreprises connaissent cette approche embauche et gestion du personnel. Dans notre maternité collective en système de co-gérance, on s’est partagé les tâches ; on est 2 à s’occuper des embauches, de la gestion du personnel et à être formés sur le sujet. Même si notre système est spécial puisqu’il n’y a pas de patron présent sur site en permanence, on privilégie le dialogue, on se rend souvent sur l’élevage pour rencontrer nos 6 salariés afin de discuter avec eux et prendre la température. »
Laisser le salarié prendre des responsabilités
De son côté Nicole Le Peih, emploie 4 femmes sur son exploitation en volailles plein-air et vente en circuits courts à Baud (56). Pour elle, il est primordial de connaître l’environnement du salarié. Cela permet de lever rapidement d’éventuels problèmes qui peuvent se poser. « J’apporte aussi une attention particulière à m’assurer que la fiche de poste soit bien comprise de la même manière du côté de l’employeur et de celui du salarié. Avec l’expérience, j’ai appris qu’il fallait moduler en permanence le planning de travail. » Elle ajoute que la polyvalence est une chose importante pour l’épanouissement des salariés dans l’entreprise. « J’ai remarqué que plus elles prennent d’initiatives plus elles progressent. Je les laisse donc appeler les clients, faire une partie de l’administratif et donc prendre des responsabilités. »
Il se dégage des échanges entre employeurs et salariés l’importance de la pause-café qui permet de faire le point sur ce qui est fait et ce qu’il reste à faire. « C’est à ce moment-là qu’on entend les petits messages permettant de détecter des problèmes naissants », précise Nicole Le Peih. Du point de vue des salariés, ils confient être sensibles à la planification d’un entretien individuel annuel. Ils souhaitent aussi être associés aux décisions de l’exploitation comme pour certains investissements ou ils peuvent apporter leur regard et leur expérience. Jean-Claude Foucraut, lance aux salariés : « Pour moi, pour être un bon employeur, il faut passer par le salariat pendant quelques années afin de bien comprendre les positions de chacun. » Nicolas Goualan