Au Gaec Bousso, à Ploërmel (56), l’arrivée du beau temps a permis de rattraper le retard des travaux des champs. Rotation et organisation du travail ont dû être modifiées.
Avec ses 633 mm d’eau tombés depuis début novembre, la région de Ploërmel n’a pas été la plus affectée par l’hiver très humide qui vient de s’achever, mais tout de même… L’accalmie de début mars a été profitable aux travaux du sol dans cette zone précoce avec des terres assez séchantes. Dans des parcelles saines, les premiers semis de pois ont eu lieu la semaine dernière, avant ces dernières pluies, profitables à la germination. Les sols se sont bien travaillés. Après 15 jours de beau temps, le labour a fini de sécher les sols. « La terre est belle, avec une certaine fraîcheur dans le lit de semence », décrit Julien Bousso, un des trois associés du Gaec Bousso à Ploërmel.
Par peur de fortes pluies, le semis est moins profond que les autres années. Maintenant, c’est la vague de froid que craint l’agriculteur. Mais malgré les adaptations de rotation nécessaires face aux contraintes agronomiques des sols, il reste serein. « Les 60 ha labourés ces derniers jours seront prêts de bonne heure pour le maïs ». Sur les 210 ha exploités, de type majoritairement argilo-limoneux, de nombreuses parcelles ont été inondées. L’eau s’est maintenant retirée et le sol se ressuie. Mais sur 80 ha de blé, 6 ha sont détruits et devront être resemés en maïs, après passage d’un canadien et apport d’azote.
Délai trop court pour les épinards
« On a dû prendre notre mal en patience », avoue le jeune agriculteur. Tous les travaux des champs ont été décalés. Un retard quasiment rattrapé mais au prix d’une organisation différente et d’un surplus de travail sur une période très courte. Mais ce retard a impliqué des modifications dans la rotation. Les épinards planifiés en double culture, avant la culture du maïs, n’ont pas pu être semés avant la mi-mars, les terres étant gorgées d’eau. Ces 7 ha sont donc travaillés mais ne seront destinés cette année qu’à la production de maïs. L’implantation du maïs initialement prévue autour du 10 mai sera ainsi avancée vers le 25 avril. « Car c’est la culture du maïs qui est à privilégier dans notre système, pour assurer le stock fourrager de l’atelier vaches laitières », explique Julien Bousso. « J’avais misé sur le désherbage du blé en janvier, pour éviter le rattrapage nécessaire avec un traitement d’automne. Une mauvaise stratégie cette année… », confie l’agriculteur. En effet, avec un semis précoce au 15 octobre, il n’a pu intervenir que mi-mars. Si la douceur a été profitable à la croissance du blé, les adventices en ont elles aussi bénéficié.
Un matériel pas toujours adapté
Julien Bousso mise maintenant sur l’efficacité des produits utilisés, avec leur large plage d’action. Lors des différentes interventions, pour éviter de tasser la terre, les pneus du tracteur ont été dégonflés, l’ammonitrate chargée sac par sac… « Mais on a laissé quelques traces dans les blés avec le pulvérisateur tracté, équipé de roues étroites », avoue-t-il. Ces dégâts causés impliqueront un passage de canadien pour boucher les trous cet été, avant le semis des prochains couverts végétaux. « A terme, il faudra repenser au désherbage d’automne ou à équiper le pulvérisateur d’un double jeu de pneus », réfléchit-il. Carole David