Ils sont sept. Sept jeunes qui témoignent de la multiplication de leurs expériences pour explorer les métiers de l’agriculture. Récit d’une preuve par 7 de parcours agricoles prometteurs.
Thomas Guiavarc’h l’avoue sans détour : « Je n’étais pas un fan de l’école ». Quand à l’issue de la troisième, il bifurque vers le bac pro, c’est pour se tourner vers sa passion : l’agriculture. Et le moteur scolaire redémarre. On ne fait bien que ce que l’on aime bien… Cinq ans plus tard, ce jeune est en seconde année de BTS Acse à l’Iréo de Lesneven (29). De son projet initial de s’installer, il ne reste plus autant de certitudes : « C’est flou », dit-il en faisant valoir un petit faible pour le commerce. « J’ai effectué un stage en Savoie dans une exploitation de cinq associés en vente directe. Ça m’a beaucoup plu ».
Des étapes pour se construire
Ce témoignage confirme, s’il est besoin, ce que Françoise Monfort, responsable des formations supérieures à l’Iréo de Lesneven, constate au quotidien : « La formation par alternance permet de multiplier les expériences en entreprises, à l’étranger, etc. Tout cela aide le jeune à mieux cibler son projet ». Autrement dit, donner à chaque jeune une totale liberté pour cibler ses stages en exploitation et en entreprises participe à la construction de l’individu. « Vingt-deux semaines de stage sur deux ans constitue déjà une belle expérience du travail ».
Anne-Lise potin, étudiante, approuve les propos. « Pas très scolaire non plus », comme elle se définit, elle a commencé par se tourner vers sa passion pour le cheval. Avant de s’apercevoir que derrière ces beaux animaux se cache parfois un monde nettement moins idyllique. « C’est de l’exploitation », avoue-t-elle, catégorique, après plusieurs expériences de stage décevantes. Aujourd’hui, elle a trouvé d’autres animaux à la même dimension : les vaches. Elle a exploré les métiers de commercial qui touchent au bovin laitier. Et serait bien intéressée de travailler dans les domaines de la machine à traire, des robots de traite ou pourquoi pas de la nutrition bovine comme lui a suggéré un stage réussi avec un technico-commercial.
Profiter pour ouvrir ses horizons
Guillaume Morvan, lui, n’a jamais douté de sa voie : « J’ai toujours pensé m’installer », dit-il. L’école d’agriculture était pour lui une évidence. BEP, puis bac pro en poche, il embraye sur un BTS. « Une carrière d’agriculteur c’est long, alors autant profiter quand on est jeune pour ouvrir son horizon », lâche-t-il au détour de la conversation. Et il n’est pas déçu d’avoir continué sur les bancs de l’école. « Techniquement, je n’ai pas appris beaucoup plus, mais sur le plan de la réflexion globale, c’est riche », dit-il en déclinant une mention très bien aux relations humaines tissées depuis deux ans et entre autres lors de son stage en Russie où il aurait bien aimé nouer quelques contrats pour vendre des plants de pomme de terre de l’exploitation familiale. Mais ça, ce sera pour après.
Le parcours de Vanessa Le Noc n’était pas jalonné de tant de certitudes sur l’agriculture. « Une personne de ma famille qui travaillait dans le porc m’a fait connaître la production », raconte-t-elle. De quoi opérer un virage bien négocié : « Après mon bac STAV, j’ai choisi de poursuivre des études agricoles ». Avec un objectif en tête depuis qu’elle a effectué un stage dans un groupement porc : « Devenir technicien conseil élevage ». Qui a dit que l’agriculture n’intéressait plus les jeunes ? Didier Le Du
L’avis de…
Marine Guiziou
Je profite de mes études pour toucher à tout. J’ai effectué un stage d’un mois avec un technicien aliment du bétail ; je suis allée dans une exploitation ovine en vente directe dans le sud de la France ; j’ai expérimenté la vente sur les marchés ; je suis allée dans des vergers allemands où j’ai rencontré des Polonais qui faisaient la cueillette. Toutes ces expériences sont très enrichissantes, notamment humainement.
Gillian Moré
Après 5 ans d’études agricoles, je suis toujours motivé pour m’installer. Lors d’un stage dans la région de Dijon – en race Brune évidemment ! – j’ai observé que les coûts de production du lait breton n’ont rien à envier à ceux des autres régions. La ferme de 875 ha, avec 1 million de litres de quota, avait aussi une société de transport avec 10 camions. Illustration qu’il faut être ouvert aux opportunités pour s’adapter au contexte économique et créer de l’activité en milieu rural.
Dimitri Bihan-Poudec
BEP, Bac pro, BTS : à chaque étape j’ai pensé arrêter. A chaque fois, je suis reparti. Sans regrets, bien au contraire. Mon stage dans une entreprise légumière au Vietnam a été une expérience forte. Tout comme un stage à la Maison familiale de Ploudaniel. Aujourd’hui, j’ai envie de devenir formateur agricole. Qui l’aurait pensé ? Certainement pas moi. Et pourtant. Mais avant, j’envisage de poursuivre sur une licence ou un CS commercial. Preuve que quand on aime ce que l’on fait, l’école peut aussi être un bon moment de la vie.