« Il faut avoir l’énergie ». L’énergie pour résister à tous ses détracteurs. Le chef d’entreprise Hervé Balusson est pugnace. Son discours a séduit les agriculteurs finistériens à l’AG de la FDSEA.
« Trois fois, on a voulu fermer mon usine ». Hervé Balusson, PDG des établissements Olmix spécialisés dans la valorisation des algues vertes, ne craint plus les associations écologistes. Ou plutôt les lobbies du médicament, de la protéine ou encore de la gestion des déchets, etc. qui les soutiennent « pour garder le champ libre sur leurs marchés ». Et le patron de la PME morbihannaise d’enfoncer le clou : « Ces associations écologistes donnent le “la” en fonction de ce qu’on leur sert. Quant à l’administration, elle est manipulée par des lobbies pour nous torpiller. Chaque matin, c’est la corrida quand l’administration ne connaît pas les métiers qui existent pourtant depuis 100 ans, comme l’exploitation des algues. »
Une grande histoire à monter autour des algues
Le discours plaît. Les adhérents de la FDSEA qui écoutent ce responsable d’entreprise ont comme une étrange impression de se reconnaître dans leur quotidien. Ça les rassure de savoir qu’ils ne sont pas seuls au monde. Ça les rassure aussi quand revient l’espoir : « Les écologistes actifs ne sont que quelques dizaines ». Quelques dizaines qui feraient mousser l’actualité médiatique au travers des réseaux sociaux que sont Facebook et Twitter, et que l’on ferait taire en les bombardant en retour et sans répit. « C’est de la com’. Il suffit de mettre des jeunes qui maîtrisent le langage du net sur le coup pour leur répondre dans le quart d’heure et on ne les entend plus. Ils disparaissent », assure H. Balusson « Il y a une grande histoire à monter autour des algues », poursuit l’autodidacte breton devant une salle qui n’en croirait presque pas ses oreilles : « Je suis désolé, les algues vertes sont à la Bretagne ! Pas question que les Américains qui font des recherches à Plymouth viennent nous les prendre », lance-t-il comme une mise en garde aux investisseurs étrangers qui voudraient s’accaparer cette ressource. « Et si, comme le disent les écologistes, elles vont disparaître dans quelques années, nous les cultiverons en lien avec la méthanisation ».
Jeunes Bretons champions du monde
Pour cet entrepreneur, le marché lié aux algues vertes s’annonce prometteur : « Leurs protéines peuvent remplacer la farine de poisson ; certaines de leurs molécules permettent de préserver les pattes de poulets et d’éviter l’infection du nombril des porcelets. Demain, on en fera sans doute des médicaments », cite-t-il en remerciant la Sica de Saint-Pol-de-Léon pour son implication dans le projet Uval.
« Il y a trois ans, j’étais à deux doigts de partir au Canada ou en Thaïlande avec ma technologie », poursuit l’entrepreneur breton, en soulignant que 1 500 chercheurs dans le monde travaillent sur les algues. « Une réunion à Rennes, m’a montré que les jeunes sont convaincus que l’innovation, le high-tech, sont l’avenir. Quand on les rencontre on voit qu’ils ne sont plus pollués par les soixante-huitards et les bobos. Aujourd’hui, les jeunes Bretons sont les champions du monde quand ils sont bien formés. Et ils sont convaincus, comme je le suis, que c’est toujours la technologie qui est source de progrès ». Didier Le Du