Phosphore et potassium essentiels à la luzerne

La luzerne est une espèce exigeante vis-à-vis du phosphore et du potassium dont les disponibilités limitées peuvent avoir un impact négatif sur la productivité et la pérennité de la luzernière.

À l’implantation, lorsqu’une luzernière présente une croissance faible, il peut s’agir de déficience vis à vis du calcium ou du phosphore. Ensuite, il est rare de rencontrer des carences vraies en phosphore ou en potasse sur des plantes de luzerne. Celles observées sont souvent des carences induites, par exemple par du surchaulage. Des déficits de production se manifestent bien avant d’en arriver à l’apparition de symptômes.

Phosphore indispensable au démarrage

La luzerne est très exigeante vis-à-vis du phosphore. Les pertes de production sont d’autant plus élevées que l’espèce est sensible. Dans le cas d’une carence en phosphore, les tiges sont chétives, dressées et les feuilles prennent une teinte plus foncée, voire même rougissent sur la partie inférieure. Des essais, menés en conditions contrôlées, ont mis en évidence l’effet positif d’apports de phosphore sur la quantité de nodosités présentes sur les racines. Des travaux menés en 2012-2013 à la station Arvalis de La Jaillière (44), sur des sols avec de faibles disponibilités en phosphore, ont confirmé l’importance d’un apport de 60 unités de phosphore, sous forme de superphosphate, avant semis en août. Il permet une meilleure implantation de la plante et un gain de rendement de près d’1 t MS/ha à l’issue des deux premières coupes de l’année. Avec un hiver 2012 et un printemps 2013 défavorables à l’implantation des cultures et au redémarrage de végétation, l’expérimentation sera reconduite sur plusieurs années. Elle pourrait cependant apporter une réponse aux difficultés d’implantation de plus en plus fréquentes des luzernes dans l’Ouest à l’automne .

Potasse, des besoins importants

Le potassium est un élément essentiel au bon développement de la luzerne. Cependant, contrairement au phosphore, la luzerne est moyennement exigeante pour cet élément, alors que ses exportations sont très élevées (26,2 kg de K2O / t MS). Avec un enracinement profond, elle présente rarement des signes de carence en potassium au contraire du trèfle violet et surtout du trèfle blanc. Réputé pour  améliorer la résistance au froid des luzernières, le potassium fait partie intégrante du plan de fertilisation.

Assurer la pérennité

La fertilisation phospho-potassique de la luzerne se raisonne en fonction de l’exigence de la culture, la fertilisation des années précédentes, la restitution ou non des résidus de la culture précédente pour la potasse, et l’offre du sol. Des analyses de sol régulières sont indispensables pour piloter les impasses sans prendre de risque. Sous réserve de portance des sols au moment de l’apport, la luzerne étant très sensible à la compaction, le phosphore et la potasse des lisiers et fumiers sont très bien valorisés. La potasse est disponible à 100 % pour les plantes dès l’année d’apport. Pour le phosphore, la disponibilité est comprise entre 70 % pour un compost de fumier de bovins à 95 % pour un lisier de porcs. Pour compléter, des engrais minéraux peuvent être apportés sur la base des apports recommandés avant ou après la première coupe du printemps. Sabine Battegay et Gilles Crocq / Arvalis-Institut du végétal

Informations : Les teneurs seuils régionalisées en P et K  sont disponibles sur www.arvalis-infos.fr ou www.comifer.asso.fr


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