Est-il encore rentable d’investir dans le photovoltaïque, et avec quelle puissance ? Contrairement à ce que l’on peut croire à ce jour ce n’est pas les plus grosses unités qui sont les plus intéressantes.
« On nous demande souvent sur le terrain s’il est encore intéressant et quelle est la rentabilité d’un investissement dans une installation photovoltaïque pour couvrir un bâtiment agricole, livre Laurent Moréac, trésorier de l’Apepha (Agriculteurs producteurs d’électricité photovoltaïque associés) lors d’une réunion le 25 mars à Kervignac (56). De mon point de vue, l’intérêt est grand lorsque l’on refait une toiture ou sur un bâtiment neuf car une tôle mise sur un toit ne produira jamais rien. Maintenant il est sûr que la rentabilité d’une installation solaire n’est plus celle d’il y a quelques années ».
11 000 € gagnés pour 21 800 € investis
Les tarifs de rachat de l’électricité produite à partir de panneaux photovoltaïques évoluant régulièrement il n’est pas facile de se rendre compte de la rentabilité d’une installation. Isabelle Hascoët, coordinatrice énergie à la Chambre d’agriculture régionale est venue apporter un éclairage sur la rentabilité de trois types d’installations. « Prenons une centrale solaire de 8,9 KWc, avec un coût total estimé de 21 800 € (dont 1 800 € de raccordement) et une production de 1 050 KWh/KWc soit 9 345 KWh/an. Le tarif de rachat, pour le premier trimestre 2014, est de 0,2851 €/KWh, ce qui amène un chiffre d’affaires de 2 650 €/an. J’ai pris dans mon calcul un financement sur 15 ans à 3 %, 100 € d’assurance, 65 € d’abonnement EDF et 300 € de maintenance. La trésorerie nette en fin de contrat est alors d’environ 11 000 €. »
Bilan de la production 2013
Robert Burlot, qui tout au long de l’année enregistre et compare les données de production remontées par les adhérents de l’Apepha, tous les mois, dresse le bilan de l’année passée. « L’année 2013 est meilleure que 2012 en Bretagne, avec des résultats toujours plus fiables puisque l’on a plus d’agriculteurs qui enregistrent leur production solaire tous les mois. J’ai remarqué que la production moyenne des installations bretonnes a progressé pour s’établir à 1 080 KWh/KWc, alors que dans le même temps pour le reste de la France on assiste à une baisse de 35 KWh/KWc. Ces derniers réalisent tout de même une moyenne de 1 115 KWh/KWc sur 2013.
Ce sont principalement les Côtes d’Armor (+70 KWh/KWc) et le Finistère (+40 KWh/KWc) qui ont amélioré leurs rendements, l’Ille-et-Vilaine et le Morbihan restent stables. On commence à trouver une corrélation entre vent et bonne production. Je peux citer en exemple l’adhérent ayant enregistré la plus grosse production sur 2013 et qui se trouve dans le Finistère. Son installation bénéficie d’une ventilation très bien étudiée avec un système d’intégration de type Mécosun, des paramètres qui contribuent aux bons résultats.
Les installations de plus de 9 KWc semblent peu intéressantes
Une installation de 35,8 KWc est sur un tarif de rachat de 0,1454 €/KWh et représente un investissement de 56 400 €. En appliquant la même base de calcul que pour le cas précédent, avec des valeurs différentes puisque l’installation est plus conséquente. Il reste au producteur une trésorerie nette en fin de contrat d’environ 2 500 €. « Même raisonnement pour 99,9 KWc installés, le prix de rachat de l’électricité est alors de 0,1381 €/KWh, toujours pour le premier trimestre 2014. De cette investissement de 140 000 €, il se dégagera une trésorerie nette à la fin des 20 ans de contrat d’environ 16 350 € », lance Isabelle Hascoët. Au vu du résumé de ces chiffres, l’installation de 8,9 KWc s’avère la plus rentable et ne représente pas un gros investissement. Le trésorier de l’Apepha tempère ces chiffres : « Les centrales de 36 et 100 KWc semblent peu intéressantes. Mais si le taux de l’emprunt diminue et que la production augmente un peu, la trésorerie de fin de contrat s’en retrouve bien améliorée. »
[caption id= »attachment_10536″ align= »aligncenter » width= »300″] Trésorerie nette dégagée en fin de contrat.[/caption]
20 % de production en plus grâce au nettoyage
Laurent Moréac met en avant l’importance du coût de l’installation et du taux de l’emprunt dans le calcul de la rentabilité de l’installation photovoltaïque. « Mais ce n’est pas tout ; une installation bien étudiée, bien installée et avec du matériel de qualité permet de produire plus et bien évidemment de gagner plus. » Et Robert Burlot d’ajouter : « Il est aussi très important de s’assurer de la propreté des panneaux ; on a un adhérent qui suite au lavage de sa centrale solaire a gagné 20 % de production par rapport à l’année précédente. » Nicolas Goualan