En assemblée générale le 14 avril à Loudéac, la filière Bretagne Viande Bio s’est projetée dans un avenir incertain quant à l’approvisionnement en bovins bio.
Les perspectives de la nouvelle Pac inquiètent les adhérents de Bretagne Viande Bio, majoritairement des éleveurs bovins engraisseurs de femelles. Beaucoup d’entre eux bénéficient de primes PMTVA pour les vaches, mais aussi les génisses. Alors que ces dernières vont sans doute être exclues des nouvelles primes VA, quel sera le revenu de ces éleveurs demain ? Le marché bio restant porteur, la perspective de manquer d’animaux est crainte. « Les nouvelles primes sur les vaches ne compenseront pas la perte. Et l’aide à l’engraissement dispose d’un budget tellement bas (10 millions d’euros) que nous préférerions voir ces montants alloués au maintien, à la conversion, ou à l’installation en bio », précise René Le Courtois, président de Bretagne Viande Bio.
Dynamique du marché
Bretagne Viande Bio rassemble 350 producteurs apporteurs (dont 250 adhérents : 25 en porc, 3 en lapin, 10 en agneau, une centaine en bovin lait et une centaine en bovin allaitant), 15 bouchers et 2 transformateurs. Malgré une irrégularité de l’approvisionnement, la filière bovine est restée dynamique avec une augmentation des volumes de 2,5 % en filière longue et de 20 % en boucherie artisanale. Ce dernier créneau poursuit son développement en 2014. Outre le besoin de maintien de la filière allaitante bio, le groupement va devoir répondre au challenge de l’alimentation 100 % bio en monogastrique avant la fin d’année.
Concurrence du conventionnel
Animateur de l’association EBF (Eleveurs bio de France) qui fédère une dizaine d’organisations économiques d’éleveurs bio sur le plan national, Jean-François Deglorie précise que la demande du consommateur n’a pas été couverte en totalité sur 2013, par manque de matière première disponible. « Le nombre d’animaux finis abattus en bio est en baisse, en élevages allaitants comme laitiers. Les prévisions d’abattages liées au fort mouvement de conversion constaté à partir de 2009 n’ont pas été au rendez-vous, en particulier ceux issus du troupeau laitier. La concurrence du conventionnel s’est faite ressentir sur le terrain, les cours étant élevés sur 2012/2013. »
Pour répondre à cette problématique, les éleveurs bio ont engagé des démarches auprès du ministère dans le but de structurer la filière. « Nous visons un engagement des éleveurs et des abatteurs dans une contractualisation adaptée à notre filière, en se basant sur un accord Interbev existant », explique l’animateur. Des règles ont été évoquées précisant qu’une aide serait versée sur les gros bovins finis et abattus en bio, mâles et femelles, à l’exception des taureaux et des JB. « Les éleveurs devraient fournir un minimum de 5 animaux à la filière, s’engageant sur un prévisionnel de mise en marché avec le groupement de producteurs ou l’abatteur. Ce dernier s’engagerait à acheter les animaux et mettrait un prix ou une plus-value bio, valorisant ensuite en bio. » Agnès Cussonneau