Cuniculture, le Grand Ouest se concentre

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En 2013, les groupements de producteurs de lapins du Grand Ouest ont opéré plusieurs fusions pour continuer de peser face à l’industriel Alliance Loeul et Piriot Multilap (ALPM) qui abat, depuis fin 2012, près de 50% de la production française. 

Les trois premiers groupements de producteurs cunicoles français – tous situés dans le Grand  Ouest – produisent désormais plus de la moitié des lapins français. C’est le résultat de deux  fusions opérées durant l’été 2013, qui ont donné naissance au groupement CPLB (fusion de Lapins Cavac et CPLB) qui produit 9,2 millions de lapins, soit 30 % de la production nationale, et au groupement Ciab (fusion de Poitou-Lapins et Ciab), qui pèse, lui, pour 4,1 millions de lapins. « Cela nous permet de faire des économies et de peser vis-à-vis de l’aval où il n’y a plus que deux  intervenants, ALPM et LDC », explique Pierre Dupont, responsable technique et développement du groupement CPLB. Cette concentration répond à celle qui s’est opérée l’année précédente en aval. Le 28 décembre  2012, le leader européen de la viande de lapins, l’Alliance Loeul et Piriot Multilap (ALPM), basé à Thouars dans les Deux-Sèvres, prenait le contrôle de l’outil d’abattage Bretagne Lapins, dans  le Morbihan. Ainsi, le groupe ALPM regroupait à lui seul plus de la moitié des abattages de lapins français. Cette concentration des opérateurs intervient dans un marché en repli. En 2013, le volume de lapin abattu en France a encore diminué de 3,1 %, en têtes.

Gérer la contraction du marché

« Beaucoup de départs à la retraite non remplacés, analyse Guillaume Coutelet de la Fédération nationale des groupements de producteurs de lapins (Fénalap). Il y a eu beaucoup d’arrêts économiques en 2008, mais moins aujourd’hui ».  L’objectif de la filière, c’est de gérer la contraction du marché, d’éviter une surproduction, comme  celle intervenue en 2006-2007. « Chaque projet d’agrandissement est validé par l’aval ; il doit être  obligatoirement compensé par une cessation équivalente », explique Pierre Dupont de la CPLB. En 2013, la baisse de la production a été moins rapide que celle de la consommation de lapins par les ménages français (-5,4 % selon Kantar). Parallèlement, les stockages de viande congelée ont augmenté par rapport à 2012, obligeant les opérateurs à recourir à des marchés de dégagement, notamment l’Italie en fin d’année.

Près d’un éleveur de lapins sur cinq partira à la retraite d’ici 2017

D’ici à 2017, près d’un éleveur de lapins sur cinq  (19 %), rassemblant aujourd’hui 22,7% des  femelles, a prévu de partir à la retraite, conclut une étude parue fin 2013 et menée par la Fédération nationale des groupements de producteurs de lapins (Fénalap) auprès de 10 groupements représentant 506 éleveurs français (sur les 1 200 éleveurs professionnels recensés en 2010). Parmi les 96 futurs  retraités consultés, cinq seulement ont trouvé un repreneur et 30 sont considérés comme ne pouvant  pas être repris. « Si l’on fait le bilan de ces  mouvements, et dans l’hypothèse pessimiste où aucun repreneur ne serait trouvé pour les 61 producteurs qui partiront à la retraite dans les 5 ans à venir et qui n’ont pas de successeur identifié, les dix groupements ayant répondu à l’enquête devront  faire face à la disparition de 15 % de leur potentiel de production et de 19 % de leurs adhérents », note l’étude.

Le prix des peaux à la baisse

Paradoxalement, le prix est resté relativement soutenu en 2013. Pour soutenir les éleveurs face à  l’augmentation du coût de l’aliment intervenue depuis le second semestre 2010, les abattoirs  accordent un complément de prix depuis 2011. De 15 cents en 2012, le complément accordé par  l’ALPM était par exemple de 23 cents en moyenne sur 2013. « Nous avons la volonté de soutenir la production, explique Philippe Rigauly, responsable achats vifs à l’ALPM. Notre groupe a réussi à garder une production constante malgré l’érosion de la  production nationale. » « Mais l’équilibre avec le coût des matières premières est moins bon qu’en 2012 », nuance pourtant Pierre Dupont de la CPLB. Pour Guillaume Coutelet, « les abattoirs essaient de maintenir les éleveurs pour garder une bonne visibilité en rayons. » Problème, le prix du lapin est soutenu en  partie par le marché des peaux, exportées vers la Chine. Celui-ci est en baisse depuis la fin de l’année 2013 et pourrait peser sur les prix en sortie d’élevage. MR

Alain Guillotel, Président du groupement Celtalliance O.P.

La filière cunicole a pas mal bougé. De notre côté, à travers Celtalliance SAS, notre implication financière est passée de 7 à 10 % au capital de Bretagne Lapins, repris par la holding ALPM. Cela affirme notre ancrage dans la filière bretonne pour assurer et sécuriser le marché de nos adhérents. D’ailleurs, en 2013, les deux abattoirs régionaux Loeul et Piriot et Bretagne Lapins représentaient 83,8 % de nos débouchés. Grâce à l’ALPM, Bretagne Lapins a réalisé des investissements importants pour gagner en compétitivité et être pérenne. Cela nous a conduit aussi à un changement dans les négociations et à retravailler les plannings de vente pour mieux répondre aux besoins commerciaux des abattoirs. Prochain dossier fondamental pour la compétitivité de la filière : la mise en place du paiement au rendement en mars 2015 par l’ALPM. Un véritable travail de fond est déjà engagé…


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