Matthieu Pires de Nouvoitou (35) a acquis tous les diplômes nécessaires au transport des animaux, avant de s’équiper, pour assurer le bon fonctionnement de sa ferme ovine mobile.
« L’éco-pâturage ou la pratique de la ferme mobile c’est avant tout une question de transport d’animaux », explique Matthieu Pires, chef d’exploitation de la Ferme de Milgoulle à Nouvoitou (35). Son système repose aujourd’hui sur la mise à disposition gratuite par les collectivités et entreprises de 40 ha de prairie, sur des surfaces allant de 1 000 m2 à 18 ha, gérées par l’agriculteur via des conventions décennales. « C’est à moi, éleveur, d’établir le calendrier de pâturage et d’adapter le chargement en fonction de la pousse de l’herbe ». Ce mode de valorisation du foncier requiert organisation et investissements en logistique.
Une installation préparée et anticipée
Pratiquant cette activité à petite échelle avant son installation, Matthieu Pires a profité de cette période pour passer tous les diplômes et permis nécessaires à son futur travail (permis poids lourd, véhicule attelé)… Il a aussi mis à profit son parcours d’installation pour obtenir le Certificat d’aptitude professionnelle au transport des animaux vivants (Captav), nécessaire pour tout transport d’animaux effectué dans le cadre d’une activité économique sur une distance de plus de 65 km. « Ce n’était pas obligatoire, mais j’ai pris les devants pour démontrer à mes partenaires le professionnalisme de mon activité et afficher l’attention portée au bien-être animal », insiste l’éleveur. Sillonnant les communes dans un rayon de 40 km autour de Rennes, ces distances peuvent être atteintes pour certains lots.
Des investissements de transport
Equipé d’un van et de deux camions, avec une signalétique correspondant aux normes « pompier » pour l’entretien des bassins tampons en bord de route, il poursuit aujourd’hui ses investissements dans une bétaillère polyvalente et dans une rampe lumineuse pour les interventions nocturnes, afin de pouvoir assurer auprès de ses clients un service 24 h/24, en cas d’animaux échappés, de vandalisme…
Un atelier ovin classique avec 500 brebis
Une pratique agricole urbaine originale dans notre région qui se retrouve face à des contraintes spécifiques. « Nous sommes par exemple confrontés à un vol important d’animaux », confie l’agriculteur. 20 % d’effectif supplémentaire sont nécessaire pour combler cette perte. A ce jour, le troupeau comprend 150 brebis. Si l’éleveur vise les 350 brebis pour atteindre l’équilibre économique, le projet se base sur 500 animaux, car le seul revenu de l’exploitation est constitué de la vente des agneaux et animaux de réforme. Carole David
L’avis de Jean-Paul Cillard, Zootechnicien Écomusée du pays de Rennes (35)
Nous nous sommes souciés de trouver un débouché pour la Chèvre des Fossés. La mise en place de « bouquinières » ou petits groupes de mâles, pour la préservation génétique de la race, sur des petites surfaces closes appartenant à des collectivités territoriales semblait une idée intéressante. Il s’agit souvent de l’entretien de bassins tampons. Si l’idée a germé avec la commune de Chartres-de-Bretagne (35), aujourd’hui, la tendance s’accentue et s’étend sur Chavagne (35), Lecousse (35), Cesson-Sévigné (35)… et répond à une demande d’actualité pour une gestion alternative des espaces. Certaines collectivités acquièrent les animaux, gérés par les agents communaux. Une option « soin des animaux » est d’ailleurs apparue dans les formations d’accès aux diplômes d’agents techniques espace naturel. D’autres font appel à des agriculteurs formés aux particularités de cette activité et qui leur proposent des animaux de races rustiques adaptées au terrain à entretenir.