Les administrateurs du Caté, à Saint-Pol-de-Léon (29), s’inquiètent de l’évolution des finances publiques et de la pérennité des expérimentations dans la filière légumière et horticole.
Si la compétitivité est au cœur de nombreux débats, cette notion est bien au centre des objectifs des producteurs légumiers et horticoles réunis au sein du Caté, Comité d’action technique et économique, à la station expérimentale de Saint-Pol-de-Léon (29). « Le producteur n’a pas le contrôle des rendements ni des prix ; il doit donc être un très bon technicien, tout en misant sur la qualité, la diversification et l’innovation, et poursuivre son travail dans le respect de l’environnement », introduit Jean-Denis Crenn, président de la structure. Or, ce dernier critère est, de plus en plus, prioritaire dans les nouveaux appels à projets permettant d’accéder à des financements publics. « Mais on ne peut pas faire de l’écologie sans faire de l’économie », déplore l’agriculteur. Les autres stations européennes semblent plus soutenues, et tout particulièrement par des financements européens. « Mais pour y parvenir, ils ont recours à des courtiers de l’innovation, qui rendent les dossiers euro-compatibles », explique-t-il. C’est un nouveau métier.
Une recherche variétale locale
Itinéraire technique, gestion des apports azotés, protection phytosanitaire… Aucune solution concrète n’a permis de répondre aux problèmes de qualité de la feuille de la couronne du chou-fleur, si ce n’est la recherche variétale. Des essais en cours sont prometteurs avec de nouvelles variétés sur la gamme de janvier, sélectionnées par rapport à leur tolérance. Le maintien d’une recherche variétale dans la zone de production est nécessaire pour limiter les risques des producteurs.
Homologation des matières actives
Moins de molécules homologuées, usages orphelins… Les solutions offertes aux producteurs pour maintenir les rendements et la qualité des produits s’amenuisent. Les expérimentations aident à l’élaboration de demandes d’homologation de produits. « Or, nous venons d’apprendre il y a quelques jours que la DGAL a refusé la demande de dérogation pour l’utilisation de la spécificité Emir en désherbage de l’artichaut pour la campagne en cours… Ce produit permettait de ne désherber qu’une seule fois à la plantation, pour une production implantée sur plus de 6 000 ha en Bretagne… », regrette Michel Le Roux, directeur du Caté. Les autres propositions existantes étant limitées de par leur spectre ou leur positionnement, les producteurs se retrouvent dans une impasse, en pleine période de plantation.
Segmentation dans la filière champignon
Comme dans les autres filières légumières, les 10 producteurs de champignons bretons ont travaillé avec la station pour élargir la gamme composée de lentin de Saint-Pol. Suite à des voyages d’étude aux Etats-Unis et en Allemagne, ils ont opté pour du pleurote eryngii, ou champignon des dunes, et du pholiote du peuplier. Le lancement de ces deux productions est prévu pour l’automne.
Une nouvelle serre en projet
« On n’a jamais eu autant besoin de la recherche et du développement », souligne Thierry Merret, vice-président. Et de poursuivre : « la station est au service des producteurs pour éviter des investissements coûteux et inutiles ». « Nous devons avoir un temps d’avance sur l’avenir », souligne Mickaël Mercier, vice-président. Aussi, un projet de nouvelle serre de type « fermée », climatisée et plus lumineuse, est en phase de recherche de financement, pour remplacer la moitié du parc existant « obsolète », datant des années 90. « Si on ne peut pas faire évoluer les outils par rapport à ce qui existe chez les producteurs, la station ne sera plus à la hauteur des attentes », craint l’administrateur. Carole David