Réélu pour un second mandat à la présidence de la FNSEA, Xavier Beulin milite pour une agriculture professionnelle, productive et moderne.
Quel bilan tirez-vous de vos trois premières années à la tête du syndicat ?
Nous avons préparé les élections aux Chambres d’agriculture, et la FNSEA est sortie plutôt renforcée. Nous avons beaucoup travaillé sur la nouvelle Pac. En un an et demi, nous avons réuni les 300 dirigeants de fédérations départementales, régionales, et des associations spécialisées à trois reprises, pour avoir un débat très ouvert, très vif, sur ces orientations, qui a permis de dégager un consensus. Sans ce travail, je ne suis pas sûr que le Président de la République aurait tenu le même discours au Sommet de l’élevage en septembre 2013, où il avait infléchi la position de son ministre. Sur la dimension économique, on a redonné une vraie place aux agriculteurs dans la filière, pas seulement en tant que fournisseurs de matière première, mais qui ont aussi leur propre influence.
S’il ne devait y avoir que deux sujets importants pour votre second mandat, quels seraient-ils ?
Continuer à œuvrer pour redonner de la valeur à la production agricole. Je veux sortir définitivement de cette opposition permanente entre le bio et le conventionnel, entre circuit de proximité et filière longue, entre céréales et éleveur, ça n’a pas de sens. Il faut que l’on cherche à valoriser et à rendre la plus compétitive possible notre agriculture, quel que soit le segment sur lequel elle se trouve. Deuxième sujet, je veux mettre l’accent sur l’innovation, la recherche. L’agriculture doit capter le progrès technologique pour retrouver les marges de compétitivité qui lui manquent aujourd’hui
Lorsque vous dites technologies, nous entendons OGM. Quels avantages peuvent apporter ces technologies aux agriculteurs ?
Il faut sortir de ce débat pour ou contre. Il est très important que l’on puisse mesurer les avantages et les inconvénients, les risques et les bénéfices pour les agriculteurs, pour la filière et les consommateurs. Ce qui se travaille aujourd’hui en matière de biotechnologie, ce sont des réponses sur des fonctions nutritionnelles des plantes ou des animaux ; c’est la capacité que nous avons à répondre de manière durable, y compris économiquement, à la diminution de l’utilisation des produits phytosanitaires. Si demain on peut rendre service à l’environnement et au consommateur, pourquoi ne devrions-nous pas appliquer ces progrès à l’agriculture, alors qu’on les accepte pour d’autres activités, comme la médecine et la santé ?
Vous n’êtes pas convaincu par l’agroécologie et fustigez les contraintes environnementales. N’êtes-vous pas en train de rater un virage qui permettrait de réconcilier paysans et citoyens ?
On est tombé dans un excès administratif qui n’est plus acceptable. La meilleure des réponses, elle n’est pas forcément dans une forme de revendication syndicale traditionnelle, mais dans un travail de fond. Les paysans dans la grande majorité sont parfaitement conscients que l’on ne fera plus de l’agriculture sans prendre en compte la dimension environnementale. Nous avons un déficit de communication, de pédagogie, et d’influence, pour faire partager cette idée que la modernité appliquée à l’agriculture, ce n’est pas forcément tomber dans l’industrialisation, dans une banalisation de notre alimentation. Mais c’est une façon de combiner notre identité alimentaire, nos valeurs et notre histoire agricole avec les enjeux entre économie, emploi, territoires et environnement. Cela passe par un investissement fort vers les sciences humaines et sociales, les questions de société. Il faut que les paysans soient davantage présents là dessus.