Une future Pac injuste et défavorable à l’élevage

Henri Brichart, vice-président de la FNSEA était invité à l’assemblée générale du syndicat départemental, mardi dernier à Locminé. L’occasion, pour lui, de répondre à quelques interrogations d’éleveurs.

La future Pac est annoncée plus juste, favorable à l’élevage et à l’emploi. Une hérésie pour le vice-président de la FNSEA. « Un Gaec et une Earl de taille équivalente, avec deux associés mari-femme, ne seront pas traités de la même manière pour la surprime aux 52 premiers hectares ou pour le plafonnement de l’aide laitière, par exemple (transparence Gaec). Où est la justice s’il n’y a pas de reconnaissance de tous les actifs ? ». Tous les associés de Gaec sont reconnus, ceux d’une Earl non. « On ne va pas transformer toutes les Earl en Gaec pour des aides Pac. D’autant plus qu’il faudra prouver que la transformation n’a pas eu lieu dans ce but ». Autre problème, selon lui : l’affichage en faveur de l’élevage. « Dans une région d’élevage comme la Bretagne, avec des DPU élevées, on ne peut pas dire que la nouvelle Pac soit favorable aux éleveurs. Quant à l’emploi, on ne voit rien d’évident… ».

Une autre intervention dans la salle concernant l’environnement a fait réagir Henri Brichart. « Non, nous ne découvrons pas les problèmes de la directive nitrates à Paris, même si la Bretagne a été plus exposée jusqu’à présent. Nous avons toujours défendu une position qui consiste à gérer les problèmes localement, avec du bon sens. Les dates d’épandage, par exemple, doivent être diverses, selon les régions et le climat ». Il rappelle la position du syndicat en matière d’environnement : sortir de la logique de moyens pour adopter une logique de résultats. « Produire plus et mieux nécessite de faire appel à la science et à la recherche ».

Renforcer le réseau FDSEA

« Nous avons pris nos bâtons de pèlerins, en binômes, sans prendre rendez-vous, pour rencontrer des agriculteurs. Et nous avons été très bien reçus », annonce fièrement Marie-André Luherne, secrétaire générale du syndicat. L’objectif, sur une centaine de visites, est de réaliser une cinquantaine d’adhésions. Fort de son succès, le Morbihan est cité en exemple au niveau national. « Nous sommes département pilote. Nous travaillerons dans le temps, avec une nouvelle opération en juin. Nous espérons 3 nouvelles adhésions par canton». A Questembert, c’est 100% d’adhésions lors des visites, explique Gwénaël Le Luel, responsable du secteur. « Nous avons rencontré 4 agriculteurs par jour en profitant de la signature d’une pétition pour prélever une vingtaine de chevreuils de plus chaque année. Ils causent des dégâts aux clôtures. Nous avions un bon argument et nous avions ciblé les exploitations ».

Gwenaël Corbel, du secteur de Baud, n’avait pas de problématique particulière mais insistait sur la bonne utilisation de la cotisation : défendre la profession. Résultat d’une matinée en binôme :  5 visites et 7 adhésions. Etape suivante : transmettre l’envie de prendre des responsabilités dans le syndicat. Et là, ça se complique. Le facteur limitant, c’est l’augmentation du travail sur des fermes de plus en plus grandes, d’où il est difficile de sortir, selon les participants à une table ronde.

Fixation du prix du lait

« Je suis favorable à la volatilité des prix du lait, répondant aux aléas du marché, comme en Allemagne », annonce un éleveur présent dans la salle. Un mois à 450 €, un autre à 250 €. « Nous sommes capables de gérer notre trésorerie. Le système actuel de lissage du prix sur l’année et la saisonnalité ont comme conséquence d’afficher nos résultats économiques un an à l’avance et les laiteries se positionnent par rapport à cela pour fixer les prix ». Une question de fonds pour Henri Brichart. « La volatilité des prix est un problème pour le consommateur allemand. En France, il n’est jamais impacté par la fluctuation. Mais c’est vrai que le schéma de développement des distributeurs, c’est plus de volumes vendus à des prix toujours plus bas ». Pas facile, en tous cas, selon lui, d’entrer dans un schéma où le prix est la résultante directe du marché.

Pour Frank Guehennec, président de la FNSEA, le problème c’est surtout le rapport de force bien plus défavorable aux producteurs français qu’aux allemands. « Nous avons 200 entreprises de transformation face à 5 centrales d’achat de la distribution. Il y a moins de laiteries en Allemagne ». Selon lui, les éleveurs doivent se fédérer et l’ensemble des organisations professionnelles de producteurs doivent adopter des stratégies communes pour éviter les décalages entre laiteries. A condition également d’accepter le transfert de propriété… Bernard Laurent


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