Bernard Racapé conduit un système herbager depuis 20 ans. Malgré sa situation en zone très séchante, il a fait le choix de maximiser le pâturage, avec 30 ha accessibles sur ses 39 ha de SAU.
Quand Bernard Racapé s’est installé sur la ferme familiale en 1987, les 39 ha de SAU hébergeaient 19 ha de prairies, 10 ha de maïs et 11 ha de cultures de vente. « Sur mes terres peu profondes et séchantes, les rendements sont très aléatoires. En maïs, je peux récolter 12 t MS/ha, comme 5 t certaines années », détaille le producteur. Après quelques douches froides, il s’est décidé à s’orienter vers un système plus autonome basé sur l’herbe, à partir de 1993. En parallèle, il a bénéficié d’une augmentation de quota, passant de 129 000 L à l’installation à 220 000 L vendus aujourd’hui.
La SAU est exclusivement fourragère
Une autre étape est franchie en 2007, avec la mise en place d’une MAE (Mesure agro-environnementale) SFEI (Système fourrager économe en intrants). « La MAE m’a conforté dans mon système herbager et m’a permis de réduire la surface de maïs à 18 % de la SFP. » L’aide est de 130 €/ha. Aujourd’hui, la SAU est exclusivement consacrée aux fourrages, avec 30 ha d’herbe accessibles aux VL, 7 ha de maïs et 2 ha de mélange céréalier. « Cultivé sur les parcelles éloignées et ensilé, le méteil me permet d’améliorer la sécurité fourragère tout en diversifiant les rotations. C’est une culture très économique avec zéro intrant.
J’ai par ailleurs souhaité conserver du maïs pour l’énergie en hiver. Avec une implantation après prairie, les rendements sont meilleurs. » Le parcellaire a été aménagé en 22 paddocks de 1,2 ha sur lesquels les vaches tournent. « C’est la solution la plus simple », argumente l’éleveur qui utilise depuis 20 ans un planning de pâturage. Pouvant parcourir jusqu’à 700 / 800 mètres sur les chemins aménagés, les vaches se rendent seules aux pâtures, toutes ombragées. « Un circuit enterré achemine l’eau sur toutes les parcelles, dans des abreuvoirs à niveau constant. » 5-7 paddocks sont dédiés aux génisses de 1 à 2 ans, à côté de leur stabulation pour qu’elles puissent y revenir. « Je peux mieux gérer les IA », précise l’éleveur.
3 portes ouvertes « herbe »
L’Adage et le Cedapa organisent trois portes ouvertes « Mettons les pieds dans l’herbe », abordant les aspects technico-économiques de la gestion de l’herbe et du pâturage tournant.
- À Montours (35), le 3 juin chez Marcel et Sylvie Tuaux : 200 000 L, 43 VL, 40 ha d’herbe, 4 ha de maïs, 2 ha de mélange céréalier. Les producteurs maximisent le pâturage et recherchent l’autonomie (0 kg d’aliment acheté pour les vaches) et la réduction des charges.
- À St-Martin-des-prés (22), le 3 juin chez Sébastien Jégou : 271 000 L vendus, 35 ha de prairies, 16 ha de maïs, 29 ha de céréales, 48 VL Normandes, EBE/1 000 L = 256 €. En plus du tour de ferme, des ateliers sont proposés : simulation vers système herbager, huiles essentielles, bâtiment économe.
- À Tresbœuf (35), le 5 juin chez Bernard Racapé.
8 ha de stocks sur pieds
Toutes les parcelles sont déprimées de fin février à mi avril. « En année normale, les vaches sont en alimentation 100 % herbe pendant 3 mois. La fauche des excédents débute en juin. Près de 16 ha sont fauchés et conservés en enrubannage, ensilage et foin. Des stocks sur pieds sont constitués sur 8 ha bien pourvus en trèfle, ce qui permet de prolonger le pâturage. Je rouvre le silo vers le 15-20 juillet en général. » L’implantation de l’herbe demande certes un certain soin, « mais les prairies restent en place 5-6 ans », précise le producteur qui privilégie le matériel en Cuma (sans chauffeur). Les ensilages sont confiés à une ETA.
En maximisant le pâturage (2,7 t MS/VL/an), l’éleveur maîtrise son coût alimentaire à 94 euros/1 000 L. « 1 kg de lait coûte 4 fois plus cher à produire avec des fourrages stockés qu’avec du pâturage, et 10 fois plus cher avec des concentrés », situe Stéphane Boulent, animateur Adage. Membre du groupe Adage de Bain-de-Bretagne depuis des années, Bernard Racapé se montre pleinement satisfait de son système sur le plan économique, mais aussi au niveau de sa vie personnelle. « Je peux me libérer du temps pour mes activités extérieures. » Fondamental à ses yeux. Agnès Cussonneau