L’absence de rentabilité et la mise aux normes bien-être des élevages sont les raisons majeures de la décapitalisation du cheptel européen.
La baisse de production serait comprise entre 3 et 4 millions de porcs (- 1,5 % environ). Le nombre de truies saillies est lui aussi à la baisse : - 2,6 % en moyenne dans les pays de l’Union. Les 190 000 têtes manquantes entraîneront une nouvelle baisse de la production en 2014 (non totalement compensée par l’augmentation de la productivité). La production allemande marque le pas et semble avoir atteint une limite. « Le coût de l’abattage va augmenter progressivement (récentes mesures gouvernementales sur le Smic) et nous aurons du mal à répondre au label “né, élevé et abattu en Allemagne”, souhaité par les consommateurs », estime Mathias Kohmüller, spécialiste du marché allemand. Les danois exportent toujours plus de porcs vivants, désormais vers la Pologne : 737 000 porcs de plus, de quoi faire travailler un petit abattoir. Le nombre de porcelets exportés par les Pays-Bas est relativement stable sauf vers l’Espagne qui compense les manques liés à la mise aux normes bien-être des truies.
3 % de truies en moins en France
La production espagnole se maintient et la rentabilité de la filière y semble meilleure que dans les autres pays. « Grâce à l’export », estime Miguel Berges, spécialiste du marché espagnol, intervenant à l’assemblée générale du MPB (Marché du porc breton). Les exportations sont pourtant en légère baisse sur 2013. « Nous avons une très bonne segmentation de nos produits qui nous permet de répondre aux demandes des différents pays importateurs ». Et sans doute des coûts de production et d’abattage plus bas. La production polonaise semble se stabiliser après des années de forte baisse qui ont ouvert la brèche de l’importation de viandes et d’animaux vivants, essentiellement en provenance d’Allemagne et du Danemark.
Autre poids lourd européen, la France voit sa production baisser de 1,4 % en 2013, après une dizaine d’années de baisses du même ordre. Une situation qui fait réagir Daniel Picart, président du MPB : « Cette baisse des volumes, de l’activité, des emplois et cette hausse du déficit du commerce extérieur ne perturbe en rien nos gouvernants qui, une fois passée la séquence émotion de fermetures d’usines, persistent et signent dans leur incohérence économique ». Le cheptel truies français, en baisse de 3,2 % (2013/2012) n’est pas de nature à le rassurer. Bernard Laurent