Si elle n’est pas de 100 %, la détection des chaleurs permise par les activimètres Heatime HR et Heatphone, et le podomètre Afitag, est aussi bonne qu’un œil humain attentif. La sensibilité s’améliore nettement à partir de la deuxième ovulation.
Des venues en chaleur moins exprimées, des tailles de troupeaux qui augmentent, des lieux d’habitation parfois éloignés de la ferme… Différentes solutions sont aujourd’hui proposées pour aider les éleveurs dans la détection des chaleurs. Pour vérifier leur efficacité, trois d’entre elles ont été expérimentées sur les stations des Chambres d’agriculture de Trévarez (29), Derval (44) et des Trinottières (49). Les résultats ont été présentés lors des journées Fermes numériques organisées par les Chambres d’agriculture de Bretagne.
« Les deux activimètres Heatime HR et Heatphone enregistrent les mouvements du cou dans les trois dimensions, le podomètre Afitag enregistre le nombre de pas », précise Jean-Michel Lamy, de la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire. Ces outils représentent un investissement allant de 5 à 10 000 € selon le nombre d’équipements (vêlages groupés, génisses incluses…). Si elle n’est pas de 100 %, la détection qu’ils offrent est meilleure que celle de la moyenne des éleveurs (estimée à 50 %), et aussi bonne que celle des vachers des stations d’expérimentation qui appliquent les recommandations pour l’observation des chaleurs.
Quelques fausses alertes
« Entre 62 et 76 % des chaleurs sont détectées en moyenne par les équipements. Mais à partir de la deuxième ovulation, la sensibilité s’améliore : près de 80 % des chaleurs sont détectées avec les activimètres, et 84 % avec le podomètre. » Quelques fausses alertes sont aussi observées, mais avec des différences entre appareils et stations. « Les vachers se trompent plus rarement. » Un nouvel algorithme a permis de diminuer le nombre de fausses alertes du Heatphone. Pour Heatime HR, une règle d’utilisation aide l’éleveur à valider les chaleurs : si le niveau de suractivité dépasse 10 unités ou si une chaleur a été détectée 3 à 6 semaines plus tôt. Les fréquences de récupération des données s’améliorent par ailleurs au fil du temps. « D’autres outils vont être testés. »
Quelles technologies demain ?
L’automatisme et la robotique évoluent sans cesse dans les élevages laitiers bretons. Actuellement, 5 % des exploitations de la région sont équipées de robots de traite. Selon les projections, le taux d’équipement devrait dépasser 10 % en 2020, et atteindre entre 40 et 60 % vers 2030. Une tendance de fond qui pourrait se diversifier avec l’émergence actuelle de robots mobiles ou de roto robots. « Pour les salles de traite, l’aide à la pose des faisceaux trayeurs pourra être envisagée pour réduire les troubles musculo-squelettiques », note Julien François, de la Chambre d’agriculture de Bretagne.
Dans les champs, les éleveurs pourront peut-être utiliser des clôtures virtuelles. « Les vaches sont équipées de colliers avec GPS qui émettent un signal sonore, puis une décharge électrique, en cas de sortie d’un espace défini. » Les robots faucheurs pourront aller seuls récolter l’herbe. « Les robots chiens de troupeau restent par contre à inventer. » Pour améliorer la précision de l’alimentation, les ingestions individuelles pourront demain être mesurées sur les exploitations. Les pesées et estimations d’état corporel en imagerie 3 D seront d’autres outils, ainsi que l’analyse des composants fins du lait. En matière de santé, la thermographie infrarouge fait partie des pistes développées.
La rumination, pas suffisante
Par ailleurs, Heatime HR enregistre aussi la rumination à l’aide d’un microphone. Les premiers résultats indiquent qu’une vache en alerte a seulement 1 risque sur 5 d’avoir un trouble de santé. Cette technique ne peut se substituer à la détection visuelle par les éleveurs. Les données de rumination pourraient par contre être combinées avec d’autres paramètres comme l’activité ou la chute de production.