De n’importe quel ordinateur extérieur ou de son smartphone, Roland Quintin, éleveur à Plonévez-Porzay (29), peut gérer différents paramètres de son élevage : alimentation, fabrique, ventilation…
La reconstruction d’une partie de son élevage de 250 truies, suite à un incendie en 2009, a été l’occasion pour Roland Quintin, intervenant à la journée « Fermes numériques » des Chambres d’agriculture, de revoir sa conduite d’élevage. « J’ai aménagé le site de manière à pouvoir respecter une marche en avant très stricte. En parallèle, j’ai opté pour une conduite en 4 bandes. Désormais, il n’y a plus de risque de mélanges d’animaux d’âges différents. À chaque bâtiment correspond un stade physiologique ». Objectif de cette évolution : sécuriser le sanitaire. « Chaque bâtiment a aussi ses vêtements et ses bottes dédiées. Un opérateur ne passe jamais de l’engraissement aux maternités ».
Facile à concevoir en semaine quand les salariés sont présents sur l’élevage. Plus difficile le week-end, quand un porcher travaille seul sur l’élevage. Et qu’il faut éventuellement retourner en maternité après avoir visité les engraissements… « L’équipement informatique m’aide à respecter cet objectif de maîtrise du sanitaire. Il y a 4 ordinateurs au total : un dans le bloc naissage, un en engraissement, un dans la fabrique d’aliments et un dernier au bureau, relié à internet ». Ces ordinateurs sont communicants. « On peut, de n’importe lequel d’entre eux, savoir ce qui se passe dans tous les bâtiments et intervenir pour gérer la distribution, la fabrication ou la ventilation, par exemple. Cela évite bien souvent d’entrer dans les salles et de se changer ».
Bientôt des lunettes intelligentes pour travailler
Grâce à un « pad » qui se trouve sur une des deux branches des lunettes, il est possible de réaliser des vidéos, prendre des photos, et naviguer sur internet ; à l’aide de la voix (ou d’un doigt) car les lunettes possèdent une commande vocale. Tout ça pour quoi ? Pour libérer les deux mains et continuer à travailler tout en renseignant, par exemple, les fiches truies lors des mises bas. Exit papiers et crayons. Les lunettes intelligentes repèrent le numéro de la truie et complètent sa fiche en fonction des réponses aux mots clés dictés par l’éleveur : nombre de nés vifs, morts nés, momifiés…. Avant de passer aux traitements, en cas de problème. Un traitement peut même être conseillé (médicament, posologie..) via l’appareil. Le tout est noté sur la fiche truie et transféré sur ordinateur (GTTT). De nombreuses applications sont possibles en élevage. L’Arsoë prototype actuellement des solutions très innovantes. Elles apparaîtront prochainement sur le marché à des prix abordables.
Intervenir à distance
Les bâtiments les plus éloignés sont à 250 mètres de distance. Quelques kilomètres économisés dans la semaine… « C’est plus de confort de travail et plus de rentabilité ». Il est également possible d’intervenir à distance si le silo d’aliment est vide. « Une alerte me permet de substituer une matière première à une autre et de basculer sur un autre silo. Pas nécessaire de revenir sur l’élevage pour 50 kilos manquants ». Une extension permet aussi aux éleveurs équipés du logiciel d’avertir automatiquement le fournisseur par mail pour prévoir une livraison d’aliment. Seul l’ordinateur du bureau est connecté à internet. Pour des raisons de sécurité les trois autres ne le sont pas. « Un virus ne peut pas les atteindre et effacer la programmation des repas, par exemple ».
La connection, pour re-paramétrer les différents équipements, contrôler les opérations ou lancer une fabrication, est cependant possible de n’importe quel ordinateur extérieur ou d’un smartphone. Un mot de passe est simplement nécessaire pour accéder aux applications propres à l’élevage. L’éleveur a choisi le câblage au « sans fil ». Pour des raisons de simplicité, de fiabilité et de débit. « Même si cela demande plus de temps à l’installation ». Autre équipement permettant à l’éleveur de contrôler à distance : une caméra dôme, en wifi, pour la surveillance générale du site et de la station de traitement des effluents. L’éleveur habite à Châteaulin, à 15 kilomètres de l’exploitation. « De chez moi, je sais ce qu’il se passe sur l’élevage et je peux éventuellement me déplacer, au besoin ».
Le métier reste le métier
Ces équipements de pilotage à distance ne font pas perdre de vue à l’éleveur les fondamentaux du métier : l’observation des animaux. « C’est irremplaçable ! Les outils informatiques donnent du confort, permettent de ne pas être présent dans les bâtiments à certains moments mais il faut toujours passer deux fois par jour parmi les animaux ! » Les résultats techniques de l’élevage, notamment l’indice global de 2,6 ou encore le taux de pertes sevrage-vente de 2 % démontrent que le pilotage n’est pas que numérique. Bernard Laurent