Les mycotoxines peuvent affecter plusieurs fonctions intestinales telles que l’absorption d’éléments nutritifs et la fonction de barrière contre les agents pathogènes.
« L’intestin est une cible pour les mycotoxines ». Isabelle Oswald, de l’unité de toxicologie alimentaire de l’Inra, intervenante à la journée technique de Biomin, vise notamment les toxines de fusarium, dont le déoxynivalénol (Don), une trichothécène qui peut affecter la plupart des matières premières, partout dans le monde. Le tube digestif constitue une barrière efficace qui protège l’organisme des agents chimiques et des contaminants alimentaires ingérés. Une ligne de défense majeure qui ne résiste pas au Don. « L’épithélium intestinal est une mono-couche de cellules qui agit comme un filtre. Les mycotoxines altèrent leur intégrité ».
Autorisation pour 2 produits
Biomin a obtenu une autorisation pour deux produits dans le groupe d’additifs « anti-mycotoxines » pour la bentonite et pour le Biomin BBSH 797 (micro organisme intervenant dans la désactivation des trichothécènes).
Le Don traverse la muqueuse intestinale et augmente la perméabilité de l’intestin via l’ouverture des espaces serrés entre les villosités. 54 à 89 % du Don consommé peut être détecté dans le sang. « Outre la toxine elle-même, un nombre important de bactéries pathogènes peut, de ce fait, passer à travers cette barrière intestinale, ce qui augmente le risque d’infections. D’autres mycotoxines, allergènes et virus traverseraient également plus facilement l’épithélium ». Avec des conséquences en terme de septicémie, d’inflammation et de sensibilité aux infections entériques. Globalement, une quantité élevée de Don inhibe la réponse immunitaire, alors qu’une faible quantité favorise le déclenchement d’une inflammation intestinale chronique.
Les interactions entre diverses mycotoxines à l’étude
La plupart des études sur les mycotoxines ont été réalisées avec des aliments mono-contaminés. Cependant, sur le terrain, on observe systématiquement une multicontamination qui s’explique par au moins trois raisons différentes : de nombreux champignons sont capables de produire simultanément plusieurs mycotoxines ; les matières premières peuvent être contaminées par plusieurs champignons et les aliments sont composés de plusieurs matières premières. La toxicité des mélanges de mycotoxines ne peut pas être prédite sur la base des toxicités individuelles. La recherche travaille sur cette thématique pour comprendre l’impact des multicontaminations et de déterminer le type d’interactions (synergie, antagonisme, additivité), essentiels pour évaluer le risque pour la santé.
Toxines masquées
Si le Don est dangereux, ses dérivés ne le sont pas moins. Les animaux, les plantes et les bactéries peuvent transformer le Don en plusieurs autres métabolites. Ces dérivés sont appelés mycotoxines masquées. « Les variétés de blé récemment mises sur le marché sont plus résistantes au champignon fusarium mais peuvent contenir jusqu’à 10 fois plus de dérivés que de Don », assure l’un des intervenants. « Une plante peut, par exemple, lier une molécule de sucre à la mycotoxine. Celle-ci est donc masquée. Après ingestion par l’animal, le flore intestinale du duodénum “dé-conjugue” les deux éléments. La mycotoxine retrouve sa toxicité ». Ce phénomène était ignoré jusqu’à récemment. Une nouvelle étude a révélé que le Don pouvait également altérer les fonctions cérébrales et cibler directement le cerveau, entraînant vomissements, anorexie, fièvre, baisse de l’activité locomotrice et isolement social chez les animaux touchés. Bernard Laurent