Le label rouge, produit préféré des français en poulet entier, voit ses ventes diminuer. Sa faiblesse est la différence de coût de revient par rapport au poulet standard qui s’accentue tous les ans.
La différence de coût de revient ne cesse de s’accentuer sur les 10 dernières années entre le poulet de chair standard et le label. Pascale Magdelaine du service économie de l’Itavi a expliqué les raisons de cet écart en s’appuyant sur les chiffres de la filière lors de la journée Itavi « Volailles de qualité label et bio » qui s’est déroulée le 20 mars à Paris.
Des constructions de bâtiments et peu de rénovation
« Entre 2001 et 2012, le label rouge est passé de 17 % à 15 % de la production totale de poulets en France. Dans le même temps, les abattages ont légèrement progressé passant de 970 000 tonnes, il y a 10 ans à 990 000 tonnes en 2012 », décrit Pascale Magdelaine. Cette érosion de la production de label rouge s’est accompagnée d’un fort développement du poulet export avec restitutions. Ce dernier a progressé de 5 % en 10 ans pour occuper 24 % de la production totale nationale. Le marché de la volaille label qui était en progression constante depuis 1975 a trouvé son rythme de croisière et s’est stabilisé dans les années 1998-2000, ce qui représente environ 90 millions de poulets par an.
En ce qui concerne l’évolution du parc bâtiment label et bio, après une période avec un solde négatif de 2003 à 2009, les constructions de poulaillers progressent depuis 2010. « On constate que le parc de bâtiment va plus vite que les labellisations, ce qui prouve une certaine anticipation par rapport au marché », indique l’économiste de l’Itavi. La rénovation des bâtiments semble être plus une priorité chez les producteurs en poulet standard que ceux qui sont en label et bio. Le chiffre le plus marquant est celui de 2012 avec 13,2 % de rénovation en standard quand le label et bio est à 4 %. Pascale Magdelaine émet l’hypothèse d’une durée de vie peut être plus courte des poulaillers labels et bio par rapport aux standards. Le différentiel de coût de production entre le label et le standard s’accroît énormément. « Le surcoût était de 40 % en 1985, il est arrivé à 80 % en 2012. » Le calcul est effectué sur la base d’un bâtiment en cours d’amortissement, en considérant 1 UTH pour 3 000 m2 en standard et 2 133 m2 en label rouge. Pour l’année 2011, le coût de production moyen label est de 1,90 €/kg vif quand le standard se situe à un peu moins de 1,10 €/kg vif.
Cette différence de productivité est principalement liée aux chargements qui ont beaucoup augmenté en poulet standard. Alors que le chargement en label oscille entre 60 et 80 kg/m2/an entre 1980 et 2010, en standard, il est d’un peu moins de 150 kg/m2/an en 1980 et monte à 270 kg/m2/an en 2010. « Les poids vifs en label sont passés de 2,06 kg en 1980 à 2,25 kg en 2012 », remarque Pascale Magdelaine. Par ailleurs, elle s’inquiète de la diminution des marges nettes des élevages.
Moins de poulets entiers, plus de découpe
Le label reste le produit le plus vendu dans la catégorie des poulets prêts à cuire (Pac), mais les consommateurs, au fil des années ont tendances à en consommer de moins en moins se tournant plus vers de la découpe ou des produits élaborés. « En 1998, le poulet consommé par les ménages est entier pour 52 %, sous forme de découpe à 33 % et 15 % en produits élaborés. En 2013, les tendances s’inversent : 42 % du poulet est consommé en découpe, 31 % en entier et 27 % sous forme de produits élaborés. » Il faut préciser que 60 % des poulets entiers vendus en France sont des labels rouges, alors qu’en découpe, ils ne représentent que 11 %.
D’autre part, la hausse du prix des aliments ne s’est pas répercutée dans les mêmes proportions sur le prix de vente des poulets en grande distribution. Ce sont encore les éleveurs qui en font les frais, d’autant plus en label puisque les indices de consommation sont bien supérieurs au poulet standard. « Les hausses de coûts des matières sont toujours difficiles à répercuter vers l’aval. » Pascale Magdelaine conclut : « Les volumes se sont maintenus depuis 2006-2007, mais au prix d’une baisse des marges en élevage. Les évolutions des comportements de consommation vers les découpes et produits élaborés sont peu favorables au label rouge, malgré son image positive. Mais il existe des leviers d’action : sur la gestion de l’offre, sur la demande pour élargir les marchés et sur la gestion de la volatilité des prix des matières premières. » Nicolas Goualan