De nouveaux cas de rouille jaune sont signalés sur blé et triticale malgré des protections fongicides récentes.
De nouvelles pustules apparaissent alors que les cultures n’ont pas atteint le stade dernière feuille étalée. La rouille jaune signalée depuis le début février montre des niveaux records tant elle est présente sur l’ensemble de la France avec une virulence jamais observée. Le nombre de variétés touchées est également en augmentation.
Choisir une matière active efficace
Afin de lutter contre cette maladie, il est bon de rappeler que la majorité des triazoles présente des bonnes efficacités, en particulier l’époxiconazole, le cyproconazole et le tébuconazole. En revanche, le prothioconazole est d’un niveau d’efficacité insuffisant en cas de forte pression. Le metconazole a été décevant dans les essais réalisés en 2013. Le prochloraze et le chlorothalonil ne sont pas efficaces sur la rouille jaune. Des expérimentations récentes ont également montré que les strobilurines étaient moins efficaces que des produits à base de triazoles dans les situations où la maladie était déjà présente.
Dans les parcelles où les attaques sont présentes, et même si un traitement a été réalisé récemment, il est indispensable d’intervenir immédiatement avec des produits efficaces et de ne pas baisser les doses. Dans les blés courant montaison (2-3 nœuds), il ne faut pas attendre que la dernière feuille soit étalée. Mais l’intervention doit être spécifique avec un produit à base de triazole en présence de rouille jaune. Pour les blés du stade début feuille pointante à début feuille étalée, il faut intervenir avec un produit associant triazole efficace et SDHI pour lutter également contre la septoriose et ce, même si la dernière feuille n’est pas totalement étalée. La protection contre la rouille jaune doit être prioritaire si les foyers sont très actifs. En l’absence de SDHI, il peut être intéressant de compléter les traitements en y ajoutant au minimum 60 à 75 g de strobilurine (Comet 200, Acanto, Amistar).
Aviator Xpro est en retrait concernant les efficacités et les rendements, dans la lutte contre la rouille jaune. Ces résultats sont probablement dus à l’activité faible du prothioconazole sur la rouille jaune. Dans tous les cas, le traitement floraison, habituellement consacré au contrôle des fusarioses, servira cette année à relayer la protection des feuilles contre la rouille jaune. Il sera important, dans les situations où la rouille jaune est encore présente, d’assurer cette protection complémentaire avec une dose suffisante de triazole efficace sur rouille jaune. Arvalis – Institut du végétal
Redémarrage de la rouille jaune dans des parcelles déjà traitées
Certaines applications ont été peu performantes voire décevantes. L’analyse des pratiques indique des applications tardives, des doses trop faibles, des variétés très atteintes et également des fins de persistance d’action après 3 semaines. Le traitement est parfois intervenu sur des incubations en cours, laissant le cycle du champignon s’achever. Les nouvelles attaques sont liées également aux conditions favorables. Le vent et les températures modérées ont permis une propagation rapide sur la 2e décade d’avril. Les nouvelles feuilles émises depuis le premier traitement ne sont pas protégées par celui-ci et sont soumises à l’arrivée de nouvelles spores. Les rosées matinales et les épisodes pluvieux de début avril et de la semaine dernière ont permis la germination des spores. Ces conditions mettent en défaut la persistance d’efficacité des premiers traitements même si ceux-ci ont permis dans un premier temps de juguler la maladie.