Avec l’élimination et la suspension de familles chimiques, les problèmes liés aux taupins se multiplient. Pour limiter les dégâts, de nouvelles techniques de lutte sont à l’essai.
Sur les dix dernières années, avec de dégâts observés 2 à 5 années sur 10, la présence de taupins a provoqué une baisse de rendement de 5 à 10 q/ha en maïs grain et 0,5 à 1,5 t MS/ha en maïs fourrage. 5 à 30 % des surfaces bretonnes sont attaquées sur maïs, contre 15 % pour la moyenne nationale. Aussi, depuis deux ans, un programme visant la mise au point de nouvelles techniques de lutte est en cours, avec de nombreux partenaires.
Allier nouvelles stratégies et agronomie
« À ce jour, des solutions intéressantes existent, mais elles sont moins performantes que les anciennes », présente Philippe Larroudé, spécialiste de ce ravageur à Arvalis-institut du végétal, lors d’une rencontre technique à Rennes (35), fin février, regroupant les acteurs bretons oeuvrant pour l’élaboration du Bulletin de santé du végétal (BSV). Il poursuit : « Il sera nécessaire néanmoins de combiner tous ces résultats de recherche et d’agir sur les leviers agronomiques pour aboutir à une stratégie efficace ». Ces nouveaux axes de lutte reposent sur les relations entre la plante et le ravageur. Il a ainsi été étudié l’intérêt de substances répulsives ou attractives pour modifier le comportement du taupin.
Stratégies à base d’appâts
Le recours à des leurres viserait à faire diversion et limiter ainsi les dégâts sur les cultures. « La mise en place d’appâts représente une modalité intéressante. Elle permet de diluer les attaques », relance le spécialiste. « On a obtenu plus de 50 d’efficacité sur des mélanges de blé et de maïs par exemple », explique-t-il, même si les données sont toujours inférieures aux résultats obtenus par le traitement de Cruiser 350, dont l’utilisation est suspendue pour deux ans.
Différentes espèces de taupins
Les 14 espèces d’agriotes recensées en France sont présentes sur toutes les productions. Elles présentent des cycles longs et des cycles courts. Sous couvert frais et humide, pour une même ponte, il a été observé trois sorties d’adultes, allant jusqu’à quatre ans de vie larvaire. Les sondages réalisés depuis 2011 montrent que, malgré la diversité des espèces identifiées, les espèces à cycles longs sont majoritaires en Bretagne.
L’intérêt mitigé de plantes et de leurs dérivés
Des essais d’apport de graines de crucifères en « pellets », dans la raie de semis, n’ont pas apporté les résultats escomptés. Leur teneur en glucosinolates, libérés après destruction mécanique dans les premiers horizons du sol, aurait pu agir comme une barrière de défense contre ces ravageurs. Mais les résultats ne sont pas concluants. Les recherches continuent, afin de mieux comprendre la biologie et le comportement de ces ravageurs. Elles permettront d’affiner l’état des connaissances et les moyens d’intervention agronomiques, c’est-à-dire le positionnement de ces stratégies dans le temps et dans l’espace. Malgré la pression de plus en plus forte sur le terrain, de plus en plus de cultures concernées, il faudra encore être patient. Carole David