Malgré les défis économiques, environnementaux et sociétaux, un vent d’optimisme a soufflé sur l’assemblée générale des CerFrance 35 et 56, jeudi 19 juin, à Guer.
« La majorité des experts économiques croyaient, il y a quelques années, que seules les grosses entreprises avaient un avenir, que les produits seraient standardisés, qu’il y aurait moins de travaux manuels. Nous payons actuellement cette analyse », déplore Pascal Pellan, chef d’entreprise, adjoint à la mairie de Pléneuf-Val-André et ancien secrétaire général de la Chambre des métiers (22). Il dénonce le regard négatif porté, en France, sur l’activité de production. « La force des Allemands, c’est leur respect du travail manuel, considéré comme une voie d’épanouissement de la personne ». L’entrepreneur estime que l’artisanat, qui a relevé la tête dans les années 2000, est confronté à de véritables mutations, notamment technologiques. « L’artisanat est à la croisée des chemins. Ceux qui s’en sortiront auront compris trois données : il n’y a plus de marchés captifs, seulement des marchés de conquête. Les qualités comportementales seront déterminantes.
En effet, toutes les entreprises bénéficient des mêmes technologies, des mêmes systèmes de gestion ; la différence se fera par le comportement des hommes et des femmes, par leur gourmandise de l’effort et du savoir. Enfin, le nouveau monde exige de la mobilité intellectuelle pour pouvoir s’adapter ». À l’intelligence de l’esprit, il ajoute l’intelligence du geste et du comportement. Les solutions seraient à notre portée. À condition aussi de sortir de la logique d’obstruction des pouvoirs publics. « Qu’on donne de l’air aux entreprises plutôt que des subventions ! ». Il est trop tard pour être pessimiste, selon lui. Citant Churchill, il conclut : « Le pessimiste voit la difficulté dans l’opportunité ; l’optimiste voit l’opportunité dans la difficulté ».
L’agroalimentaire au beau fixe
Jean-Paul Simier, directeur Filières Alimentaires Bretagne Développement Innovations, se veut, lui aussi, optimiste, citant un rapport 2014 de la société d’assurance crédit Euler Hermès qui place le secteur agroalimentaire parmi ceux ayant les perspectives les plus favorables, les meilleurs fondamentaux. « Il n’y a pas eu de décrochage économique dans l’agroalimentaire en Bretagne, les entreprises sont bien réparties sur le territoire. Même s’il y a un problème dans le secteur de l’abattage découpe, celui des plats cuisinés et des produits transformés a le vent en poupe, le développement de la recherche et des marques sont des signes positifs ». Son discours rejoint celui de Pascal Pellan sur la valeur travail. « Il faut redonner de la valeur à l’aliment, comme au produit fini dans l’artisanat. Travailler sur l’image des produits, que bien des régions du monde nous envient, grâce à leur qualité et à leur sécurité. Un enjeu pour l’exportation ».
Fustigeant, au passage, certaines émissions de la télévision publique, souvent à la limite de la désinformation sur la qualité des produits, qui créent la confusion dans les esprits des consommateurs français. Ce défi sociétal est l’un des plus difficile à relever, selon lui. « Les agriculteurs sont en train de s’adapter au défi de la mutation technologique, anxiogène pour beaucoup d’entrepreneurs. Ils travaillent déjà avec des robots ou avec des biotechnologies comme la génomique ». La préservation du foncier agricole est un autre problème à solutionner, dans une région attractive qui accueille 20 000 nouveaux habitants, chaque année. La détention du capital des exploitations agricoles est un défi, tout comme l’organisation du travail dans des structures de taille plus importante. Avec des réponses, qui dépendent de l’intelligence comportementale. Bernard Laurent