Le conseiller normand Thierry Jeulin évoque l’évolution de la qualité de l’herbe pâturée à l’approche de l’été.
Attention, au mois de juin, l’herbe perd en valeur alimentaire. « Au niveau physiologique, les graminées montent en épi ce qui a pour conséquence de diluer la matière azotée. C’est notamment le cas sur des ray-grass anglais tardif par exemple », expliquait Thierry Jeulin, conseiller à la Chambre d’agriculture de l’Orne, à l’occasion du salon Prairiales Normandie qui s’est déroulé le 5 juin dernier sur l’exploitation de Marylène et Julien Burel, éleveurs à Smermesnil en Seine-Maritime. Les systèmes d’exploitation qui s’appuient sur une proportion importante d’herbe dans l’alimentation des vaches laitières « peuvent le remarquer en observant les résultats de taux d’urée dans le lait qui chute au fur et à mesure que l’herbe vieillit. » Parfois, à cette période, « ce peut être une bonne idée d’apporter un petit supplément de correcteur azotée pour rééquilibrer la ration et soutenir la production », conseille le spécialiste normand.
Faucher derrière un pâturage haut
Cette dégradation de l’appétence et de la valeur des prairies est encore plus sensible dans le cas du choix d’un « pâturage haut ». « Dans ce cas là, la vache consomme seulement la strate herbagère supérieure, celle qui correspond à la partie la plus riche et la plus tendre des plantes. » Alors que la partie inférieure est plus sèche et plus riche en cellulose. « Si on sort le troupeau avec une hauteur d’herbe de 7 cm ou davantage sans un passage de faucheuse ensuite pour la raccourcir à 5 cm, la qualité de la prairie sera pénalisée. » Plus concrètement, Thierry Jeulin explique que « plus l’herbe d’une parcelle est haute à la sortie du cheptel, plus la gaine des graminées, partie piquante, remonte et moins les vaches apprécieront par la suite » et donc moins elles valoriseront la surface à leur retour. Et à défaut d’une coupe mécanique, le pâturage d’un lot de génisses ou de bœufs derrière les laitières peut aussi faire l’affaire. Toma Dagorn