Le syndicalisme majoritaire s’est fait le relais du mouvement de protestation de la FNSEA contre les normes. Surtout, elle s’est fait le relais d’un « ras-le-bol de la suradministration chez les agriculteurs finistériens ».
Chaque année, plus de 100 textes nouveaux régissant directement l’activité agricole sont votés en France. On imagine ce qu’il en aurait été si le Gouvernement n’avait pas impulsé le choc de la simplification administrative. De cette inflation normative, les agriculteurs n’en veulent plus. Nous réclamons, l’application du “one in, two out ” britannique. Autrement dit : pour chaque nouvelle norme, deux anciennes sont éliminées », s’élève Thierry Merret, président de la FDSEA.
Un impact sur l’outil de production
« Mais quel est donc l’objectif de cette mécanique administrative qui étrangle les entreprises ? », interroge Pascal Prigent, secrétaire général de la Fédération. Et de se demander si « cette surenchère administrative n’est pas tout simplement destinée à occuper la bureaucratie ». Il ajoute : « Les exploitations agricoles sont le plus souvent des TPE. Les agriculteurs n’ont pas les moyens de payer une personne pour gérer toutes ces réglementations qui continuent de s’empiler ».
Pour Sébastien Louzaouen, président des Jeunes Agriculteurs, la conséquence directe de ce « ras-le-bol » dans les campagnes se mesure directement sur la production agricole du département qui a amorcé une dangereuse baisse : – 3,3 % en viande bovine (2013/2012), – 2,3 % en volaille, -1,5 % en porc. « Cette décadence, qui se ressent, tant dans le nombre d’exploitations que dans le volume de production, entraîne dans sa chute les industries agroalimentaires finistériennes dont les effectifs salariés ont diminué de plus de 6 % en 2013 ». Emile Riou, vice-président de la FDSEA, abonde dans le même sens en se désolant « de voir des élevages de porc qui se vident. Alors qu’avec un peu d’investissement et un peu d’encouragement, des éleveurs continueraient à approvisionner les outils avec la conséquence favorable que l’on connaît sur l’emploi ».
Interdiction de traitements
Le projet de loi d’avenir prévoit d’interdire l’utilisation de produits de protection des cultures à 200 mètres de toute zone habitée ou fréquentée par du public. « Même en agriculture biologique », rappelle Thierry Merret, estimant que, si cette réglementation est appliquée, « c’est plus de 60 % de la SAU finistérienne qui sortirait de la production agricole en raison du mitage qui caractérise notre département. Dans la zone légumière, où les parcelles moyennes font 1 ha, ce serait 80-85 % des terres qui ne pourraient plus être traitées ».
Pour une administration facilitatrice
« Or, que se passe-t-il sur le terrain ? Les contrôles augmentent », constate Pascal Prigent, en citant le nombre de 2 400 exploitations finistériennes contrôlées en 2013 par les services du ministère de l’Agriculture. « À cela s’ajoute l’ensemble des contrôles liés au travail, à la fiscalité, etc. Quel autre corps de métier est traité comme cela, à savoir que près d’une entreprise sur deux est contrôlée chaque année ? »
En reprenant le slogan breton « re zo re » (trop c’est trop), la FDSEA et JA 29 réclament donc un retour « au bon sens paysan dans les ministères. L’administration doit être facilitatrice. Les paysans ont besoin de règles du jeu qui leur permettent de se projeter dans l’avenir ». Une condition pour que le renouvellement des générations se poursuive. « À défaut, les Français ne pourront plus manger français ». Mardi, cette menace a été brandie dans le Finistère à l’instar des opérations menées dans les autres départements de l’hexagone. Didier Le Du