Depuis 2013, le Gaec Brocéliande à Guilliers (56) gère ses vaches taries en lots, avec un programme alimentaire spécifique afin de faciliter les vêlages et les débuts de lactation. Objectif atteint.
Installés depuis 2008 sur la ferme familiale, Xavier et Régis Thébault ont misé sur l’optimisation de leur système de production pour augmenter leur productivité. « La ferme a toujours été bien gérée. Mais, lors de notre installation, le contexte économique nous a poussé à modifier les pratiques et la conduite d’élevage afin de gagner en performances techniques » expliquent les éleveurs. En plus d’investissements importants dans les bâtiments, la conduite globale de l’élevage a été revue, à commencer par la conduite des génisses.
[caption id= »attachment_7751″ align= »aligncenter » width= »300″] Xavier et Régis Thébault avec leur technicien Adelia, Yann Clérin : « un programme alimentaire spécifique aux taries est incontournable pour bien démarrer les lactations ».[/caption]
Déplacement de caillette
Grâce à un rigoureux travail en nurserie, l’âge au vêlage a été réduit à 28 mois. La production laitière n’est pas en reste : elle a augmenté de 2 000 L par vache en 6 ans. Jusqu’en début 2013 cependant, les vêlages étaient délicats à gérer. « Nous étions confrontés à des vêlages longs et difficiles, peut-être dus à des animaux un peu trop gras. La fouille était presque systématique pour assurer la délivrance. Les vaches avaient peu d’appétit au démarrage de lactation et les blocages alimentaires entraînaient près de 3 à 4 déplacements de caillette par an, avec tous les frais vétérinaires que cela engendre » détaille Xavier. Le travail sur les taries s’inscrit donc comme la suite logique du travail déjà fourni pour optimiser les résultats. Avec l’appui technique de leur technicien Triskalia, Yann Clérin, c’est une nouvelle conduite des taries qui s’organise. Elles sont maintenant gérées en plusieurs lots. Du tarissement jusqu’à 4 semaines avant vêlage, elles sont mises exclusivement à l’herbe pour assécher les trayons et achever leur tarissement. Puis, elles sont remontées dans une parcelle à proximité de l’exploitation afin de faciliter la surveillance et les soins. Les génisses suivent le même traitement mais sont rentrées en stabulation 3 semaines avant vêlage. Sur le dernier mois de tarissement, toutes reçoivent une ration d’hiver contrôlée, composée de maïs ensilage, de foin, d’eau et d’un aliment de préparation au vêlage, l’Adeliatarie.
Gérer ses pâtures
Avec une surface en herbe réduite sur l’exploitation du Gaec, il est nécessaire d’optimiser la production de fourrages et de valoriser l’herbe. Pour cela, les deux éleveurs ont leur méthode pour intensifier la production d’herbe avec un minimum d’engrais. Un apport annuel de chaux vive est réalisé afin de nourrir le sol et contrôler l’acidification du sol. Ainsi la minéralisation des apports de fertilisants est optimale. Une fois par mois en moyenne, les refus sont broyés. Puis l’ébouseuse est passée pour valoriser les bouses comme fertilisant. « L’idéal est de le faire sur une période pluvieuse pour laver les feuilles » explique Régis.
Frais vétérinaires en baisse
Avec une BACA (bilan alimentaire anions-cations) négative, ce régime alimentaire adapté aux taries facilite les vêlages pour en réduire la durée. De plus, il prépare le rumen à la transition alimentaire et limite le déficit énergétique de début de lactation, à l’origine des acétonémies. Objectif : un démarrage optimal de la lactation. Yann Clérin insiste : « Gestion à part, surveillance, respect des rations… c’est l’application de l’ensemble du protocole qui conditionnera la réussite de la préparation au vêlage ». Après une année, les résultats sont visibles pour les éleveurs. « Aujourd’hui, les vêlages se réalisent sans intervention. Nous constatons une franche amélioration de l’appétit en début de lactation. Le dernier déplacement de caillette date d’un an. Idem pour les fièvres de lait. Certaines de nos vaches atteignent 50 L par jour au démarrage de lactation. On sent que les animaux sont vraiment mieux préparés ». Pour atteindre ces résultats, il aura fallu de l’organisation dans la gestion des taries dont le nombre varie de une à 10 vaches par lot. L’investissement dans un aliment de tarissement représente 25 € par vache mais se rentabilise rapidement ne serait-ce que par la réduction des frais vétérinaires. « Un déplacement de caillette coûte au minimum 300 € sans compter la perte sèche si la vache et son veau ne survivent pas. Alors 25 € par vache, c’est bien peu au vu des économies réalisées en cas de souci et de la sérénité retrouvée » estime Régis.