À Saint-Brieuc, le restaurant de l’Administration n’a pas voulu laisser les agriculteurs vérifier l’origine des produits. Chez Métro, en revanche, la transparence a été appréciée.
« Directive nitrates, écotaxe, usages des phytos à 200 m des habitations… Avec cet empilement des contraintes imposées à l’agriculture française, les risques de perte de nos productions au profit des produits importés non soumis aux mêmes exigences sont une réalité », clament les représentants de la FDSEA 22. Pour eux, ces nouvelles contraintes se traduisent déjà par moins de production française, moins d’installations, moins d’emplois et de valeur ajoutée et donc moins d’économie circulaire. Et au final, « c’est le manger français qui disparaît. » Voilà pourquoi, mardi 24 juin, quelques représentants de la FDSEA et de JA des Côtes d’Armor avaient décidé de procéder à certaines vérifications de l’origine des produits alimentaires.
Suspicion sur les pratiques alimentaires de l’Administration
Les syndicalistes s’étaient notamment invités au restaurant inter-administratif de Saint-Brieuc, là où déjeunent les personnels de maisons telles que la Préfecture, le Conseil général ou encore la DDTM… Malheureusement, en débarquant à 13 h 30 pour faire le tour des cuisines et de leurs frigos, les agriculteurs auront trouvé « les rideaux fermés » alors qu’à l’arrière du bâtiment, on leur « claquait la porte au nez. » Ayant été prévenue de la visite, l’Administration aura préféré fermer à double tour plutôt que de montrer patte blanche. Pour les éleveurs privés du plaisir de contrôler les habituels contrôleurs, « le message est assez clair. Cette attitude confirme et même renforce les suspicions concernant les pratiques alimentaires au sein de l’Administration française. »
Bredouilles, les syndicalistes ont donc décidé de faire un saut chez Métro, une enseigne qui fournit les professionnels de la restauration. Un drôle de bizutage pour Cyril Hamon qui avait pris la direction du site de Saint-Brieuc la veille. Tout au long de la visite du magasin, le commerçant n’a eu de cesse de rappeler la politique de sa maison : « Promouvoir les produits français, les produits frais, les produits de saison… C’est notre fer de lance de vous dynamiser. » Dans les rayons, effectivement, on trouve majoritairement des produits français. Les références régionales sont régulièrement mises en avant par de la signalétique ou des emplacements privilégiés.
[caption id= »attachment_7045″ align= »aligncenter » width= »800″] Origine de la viande chez Métro.[/caption]
Du filet mignon danois à 7 € le kilo
Les éleveurs trouvent tout de même quelques références étrangères qu’ils étiquettent « Stop aux produits importés. » Didier Lucas, président de la FDSEA, saisit un emballage de viande de porc et fait la leçon au patron de la boutique : « Ce filet mignon danois à 7 € le kilo, on est incapable de s’aligner. Quand vous rentrez ces produits-là, ça fait baisser le prix des nôtres. » Il y a aussi cette caissette de cuisse de poulets halal venu des Pays-Bas : « C’est triste de voir ça alors que des producteurs se retrouvent aujourd’hui sans volaille dans leurs bâtiments. Triste aussi que nos enfants mangent cela à la cantine… » Malgré ces quelques points noirs, les éleveurs sont tout de même rassurés « car celui qui se fournit ici a la possibilité d’acheter français s’il le veut. Certains étiquetages manquent de visibilité, des logos sont absents mais c’est aussi de la responsabilité des transformateurs en amont des commerçants. » Et Cyril Hamon de rebondir : « Chez nous, le restaurateur peut acheter local et ensuite chez lui servir local et communiquer dessus s’il le désire. » Pourvu que ça dure, en attendant la rencontre dans les jours à venir du syndicat et du responsable régional de l’enseigne Métro pour un petite piqûre de rappel sur les bonnes pratiques d’approvisionnement… Toma Dagorn
Rose et Sébastien veulent servir des burgers bretons
À la sortie du magasin Métro, Rose et Sébastien, les heureux propriétaires du restaurant l’Escale Burger à Saint-Cast-le-Guildo ont interpellé Claude Henry, producteur de viande bovine à Coatascorn et représentant de la section bovine de la FDSEA 22. L’éleveur a expliqué aux deux jeunes restaurateurs la démarche de vérification des origines qui venait d’être menée dans le magasin. Avant que Sébastien ne rebondisse.
[caption id= »attachment_7044″ align= »aligncenter » width= »800″] Rose et Sébastien, les heureux propriétaires du restaurant l’Escale Burger à Saint-Cast-le-Guildo.[/caption]
« Dans notre fast-food, les pommes de terre sont fournies par le Gouessant, la bière Philomène est locale, le pain des burgers est fabriqué par notre boulanger… Et quand on fait nos courses chez Métro, on privilégie le produit breton, même pour les produits en semi-agroalimentaire. Achetez breton, c’est un devoir ! », s’emportait presque le jeune homme dont le discours n’avait rien à envier à celui du syndicat agricole quelques minutes auparavant devant le directeur du commerce…