Baisse des marges en volaille, augmentation des charges avec tout de même des investissements des aviculteurs dans leurs outils de travail sont une partie des constats dressés suite à l’enquête avicole 2013. Le sujet brûlant de l’avenir de la filière export a aussi été abordé.
Les résultats de l’enquête avicole réalisée auprès des aviculteurs du Grand-Ouest ont été remis à Rennes mardi 3 juin. Didier Goubil, président du pôle aviculture de la Chambre régionale d’agriculture a précisé : « Pour la première fois l’enquête a été accomplie sur une année civile, donc sur 2013. Mais la filière est mal-en-point et entre le 31 décembre 2013 et juin 2014 il y a eu beaucoup de changements. »
Les marges brutes en fort recul
Élodie Dezat de la Chambre régionale d’agriculture a planté le décor et donné les résultats techniques production par production. Elle n’a pas oublié de remercier les 510 aviculteurs qui ont accepté de communiquer leurs chiffres. Cela représente tout de même presque 1 100 poulaillers pour 925 000 m2. La campagne d’enquête sur l’année 2013 montre « une baisse de la marge poussin aliment dans les principales productions à mettre en relation avec la diminution de la rémunération du poids du vif par les intégrateurs. Une évolution contrastée de la rotation qui n’augmente que pour la production de poulet export et qui est en repli dans les autres productions. Une augmentation des charges variables, qui impacte encore un peu plus les marges brutes annuelles, en fort recul cette année. » Élodie Dezat a mis en avant les points positifs qui se dégagent de l’enquête comme « la bonne maîtrise des performances techniques en élevage, et tout particulièrement l’indice de consommation qui diminue dans des proportions qui peuvent être très importantes. Un grand nombre d’éleveurs ont également continué à investir dans leurs bâtiments en rénovant, voire en construisant des poulaillers neufs. Si ces investissements entraînent une augmentation des annuités et la baisse du solde disponible, ils permettent de préparer l’avenir. Enfin nous soulignons cette année encore la forte mobilisation d’enveloppes budgétaires issues des dispositifs d’aides publiques (PPE, CPER, PMBE) qui ont contribué à maintenir un certain dynamisme dans la filière. »
[caption id= »attachment_8449″ align= »aligncenter » width= »300″] Jean-Michel Choquet, Didier Goubil et Elodie Dezat ont remis les résultats de l’enquête avicole 2013.[/caption]
La chute de la filière export aura des répercussions sur toutes les productions
Les échanges ne pouvaient évidemment pas se terminer sans aborder l’avenir de la filière poulet export et cette situation qui n’encourage pas les jeunes à s’installer. « Le renouvellement des générations se fait naturellement, mais quand ça va mal il n’y a pas de candidats », avoue Didier Goubil. Il déclare aussi être favorable à un retour des restitutions et s’en explique : « Si la filière export tombe, il y aura des répercussions sur toute la filière avicole, mais aussi en porc et en bovin car la baisse des volumes d’aliment entraînera une augmentation inévitable des prix pour les autres productions. » Jean-Michel Choquet de la FRSEA, ajoute qu’avec des marges brutes de 15 €/m2 et des charges de 18 €/m2 depuis début 2014, le déficit s’élève à 3 €/m2 et à ce rythme-là les éleveurs ne vont plus tenir longtemps. Il argumente aussi pour un retour des restitutions : « Si 1 € était égal à 1 $ on serait mieux placé que les brésiliens sur les marchés mondiaux. Un euro fort comme en ce moment donne une différence de 200 €/tonne entre nos poulets et ceux venant du Brésil. » Les éleveurs et tous les acteurs de la filière avicole attendent maintenant un signe fort des politiques sous peine de voir plusieurs milliers d’emplois supprimés. Nicolas Goualan