Avec le renforcement du rôle des régions et le nouveau schéma territorial qui se dessine d’ici 2020, la FRSEA interpelle les différentes collectivités sur la prise en compte des préoccupations agricoles bretonnes.
Renforcement du rôle des régions, suppression des Conseils généraux à l’échéance 2020, montée en puissance des intercommualités…Sur fond de réorganisation du schéma territorial se pose dorénavant la question de la répartition des compétences, pour la mise en action d’une structuration apportant aux contribuables un service efficace, sans doublons et permettant de réaliser des économies. « Les questions sont nombreuses et on attend des réponses », introduit le président de la FRSEA, Thierry Coué lors du débat qui a suivi l’assemblée générale du syndicat vendredi 20 juin à Rennes (35). « Demain, comment la région va-t-elle se positionner pour que nos préoccupations bretonnes et agricoles soient prises en compte ? »
Une profession co-gestionnaire
La région Bretagne voit ses pouvoirs renforcés, avec le transfert du Feader et une partie des financements de la pêche et des parties maritimes. Même en restant à quatre départements, pour qu’elle puisse agir, « la région va devoir travailler sur deux leviers : clarifier son champ de compétences et conserver un lien de proximité démographique », explique Thierry Benoit, député sur la région de Fougères (35). Selon Jean-Marie Gobillard, président de Coop de France Ouest, « on va mettre en place les structures pour les 40 prochaines années, une occasion à saisir pour repenser les choses de manière plus durable. Mais encore faut-il se poser les bonnes questions et d’accepter de changer nos habitudes ».
Les programmes agricoles seront à bâtir en fonction des particularités régionales, pour « ne pas brider les énergies et le dynamisme.» « Il faudra construire des régions stratèges au côtés d’un État stratégique », décrit Thierry Benoit. La Bretagne a une longueur d’avance : avec la Pacte d’Avenir, elle a une feuille de route tracée en matière de pouvoir stratégique. « Dans les organisations professionnelles agricoles, les échelons régionaux vont aussi se renforcer », explique Michel Morin, vice-président du Conseil régional. Selon Thierry Benoit, au niveau agricole, le lien entre l’État et la région seront les Chambres d’agriculture. « Elles devront être un interlocuteur pivot pour limiter les pouvoirs politique et administratif. La profession agricole devra être co-gestionnaire et choisir les orientations stratégiques. »
Des compétences à clarifier
Un système politique décentralisé peut-être plus performant, à l’image de l’Allemagne. Pourtant, si on compare les régions françaises aux Länder allemands, leur faiblesse viendra de « l’absence de certaines compétences, comme la législation, qui restera à un niveau supra-régional », anticipe Hervé Le Jeune, inspecteur général de l’Agriculture. Et de poursuivre « autre exemple, au sein de l’hexagone, si la Bretagne a une tradition d’un contrôle des structures fort, qu’en est-il ailleurs ? » Selon lui, ce sont des facteurs qui pourront créer des distortions de concurrence agricoles entre les régions françaises. Carole David
L’avis de Thierry Coué, Président de la FRSEA
Le Conseil régional est devenu un des principaux interlocuteurs régionaux. Si nos relations avec l’État sont plutôt bien établies, ce n’est pas le cas avec le Conseil régional. Nous devons apprendre à travailler avec ses représentants. Nous devons nous imposer comme interlocuteur du monde agricole alors que leur volonté de neutralité les pousse à contacter uniquement les Chambres d’agriculture. Il apparaît nécessaire d’expliquer aux élus régionaux et à leurs services ce que nous faisons, nos compétences variées. L’ignorance de notre travail joue contre nous.