En pénétrant en profondeur dans la terre, les racines des plantes décompactent le sol. Cette action mécanique est favorable à sa fertilité.
« A chaque fois que vous avez l’occasion, utilisez moins d’acier et plus de plantes ». Jean-Luc Le Bénézic, agronome à Triskalia, a le sens de la formule pour inviter à se pencher davantage sur le sol. Car, si rien ne résiste aux outils tirés par les puissants tracteurs, rien ne résiste davantage à la puissance racinaire des plantes capables de fissurer le sol en profondeur. La différence, c’est qu’elles le font sans bruit. Avec une efficacité pourtant plus redoutable. Et sans consommation d’énergie. Faut-il rappeler qu’un rotalabour, c’est 20 L/h de fioul.
Un fort pouvoir de perforation
« Les racines descendent facilement à 1-1,5 mètre de profondeur », montre J.-L. Le Bénézic dans un profil creusé dans une parcelle de Bannalec lors d’une des journées aux champs organisée par la coopérative. Y compris les racines des graminées, précise-t-il en montrant des radicelles qui cheminent à la verticale le long de galeries de vers de terre. À tous ceux à qui on avait répété que l’horizon racinaire d’une graminée se limite aux premiers centimètres, ils ont sous leurs yeux la preuve : les racines de ray-grass descendent bien à 60 cm, voire bien plus 1-1,50 m de profondeur. « Plus vous favorisez la descente des racines, plus les plantes pousseront, car elles auront accès à davantage de nutriments et surtout davantage d’eau qui est prisonnière en profondeur », poursuit-il, en taillant à la louche la composition d’un sol : 50 % de terre (et quelques cailloux !) et 50 % de vide occupé pour moitié par de l’air et pour moitié par de l’eau.
[caption id= »attachment_8503″ align= »aligncenter » width= »201″] Jean-Luc Le Bénézic, agronome à Triskalia.[/caption]
Semer rapidement après moisson
Quand il s’agit de couvert végétal, pour profiter au maximum de l’effet plante dans la (re)structuration du sol et son enrichissement par la décomposition ultérieure d’un important amas racinaire, il est essentiel de semer le plus tôt possible. Le premier bénéfice d’un semis rapide après moisson, c’est la germination. « Il faut semer dans les deux jours après la moisson pour bénéficier de l’humidité résiduelle qui va permettre de faire lever rapidement la graine ». Un semis précoce après la moisson, c’est aussi l’assurance d’un meilleur développement des plantes. « 1 jour de pousse en août équivaut à 2 jours de pousse en septembre ».
Bien conduire, c’est savoir quand détruire
« Un semis précoce d’avoine permet une floraison en novembre. A ce stade végétatif, le couvert a fait son travail. Idéalement, il faut rouler cette culture au 15 janvier pour casser le canal de sève ; en plaquant ainsi le couvert au sol on réalise un paillage que les décomposeurs (insectes, champignons, bactéries, etc.) vont attaquer. Un lisier sur ce paillage semi-décomposé et un mélange superficiel au sol complèteront bien ce travail biologique. «En procédant ainsi, on n’est pas prisonnier de la météo comme cette année où les couverts qui n’ont pas été détruits tôt ont dû attendre à cause de la forte pluviométrie qui a suivi », note Jean-Luc Le Bénézic. Et d’indiquer : « Bien conduire ses couverts, c’est savoir quand les détruire ».
Les racines ont horreur du vide
Pour favoriser le développement des plantes, il faut chercher une structure du sol la « moins creuse possible ». Autre résultat à éviter : les semelles impénétrables. « Par exemple, un outil à disque trop incliné aura tendance à créer une semelle », indique l’agronome, en citant également un autre travers à proscrire : « Quand on va trop vite, on fait des billons ». Semé tôt et dans de bonnes conditions, un couvert aura le temps de faire son travail avant l’hiver. « Une phacélie à 8 kg/ha ou à 1,5-2 kg en mélange remplace l’outil superficiel. Un mélange avoine-seigle permet à la fois d’avoir un couvert très tapissant et un important effet en profondeur. Les racines de ce couvert agissent comme de micro-sous-soleuses ». Didier Le Du