Le groupe Evolution se mobilise pour continuer à innover en génétique, reproduction et monitoring. Indexer les femelles sur la capacité à produire des embryons ou les mâles sur la fertilité directe sont deux exemples de travaux menés.
Au même titre que l’internationalisation, la recherche et développement (R et D) fait partie des grandes orientations affichées par Evolution, union des trois coopératives Urcéo, Amélis et Génoé, mise en place fin 2012. « La génétique animale connaît un virage important, nous entendons le prendre en gardant la main », a cadré Vincent Rétif, président adjoint d’Evolution lors de l’assemblée générale le 28 mai à Bruz (35). Il précise qu’un comité R et D réunissant six professionnels a été créé dans le but de faire remonter les besoins réels du terrain. « Intégrés dans le coût de l’insémination, les investissements en R et D doivent être mesurés et rentables à terme », ajoute-t-il.
La génomique, investissement collectif datant de 10-15 ans, s’applique désormais concrètement dans les élevages. « La qualité de la semence, aujourd’hui sexée, s’améliore en permanence, les données recueillies par les différents outils de monitoring peuvent nous permettre de mettre en place des index pour nous aider dans la sélection… » Le Smartvel, première innovation 100 % Evolution en termes de monitoring, comptera en septembre 2014, après deux ans de commercialisation, 1 000 éleveurs équipés. Ce détecteur de vêlages est distribué par une douzaine de coopératives françaises et commence à être exporté.
L’ère du « big data »
Si les données des 1,5 million de femelles de la zone Evolution tenaient il y quelques années dans un « placard » de 250 mètres, aujourd’hui, les papiers s’étaleraient sur 200 fois le tour de la terre. La puissance informatique demandée pour produire des moyennes ou sortir une information dans ce « déluge de données » est donc colossale. L’ère du « big data » contraint donc les équipes à évoluer vers des métiers de gestion et valorisation de données, d’investir dans des outils qui n’existent pas forcément actuellement. Le service R et D d’Evolution compte trois personnes dédiées à la gestion et l’analyse des données, et rassemble au total 8 personnes, plus 16 experts-métiers. Mais ces équipes travaillent également en réseau, en interne comme en externe.
50 projets en cours
En lien avec des partenaires externes, la R et D chez Evolution se poursuit actuellement avec 50 projets en cours, concernant la fertilité, la santé… « En collaboration avec Midatest et l’UMT3G*, nous travaillons sur la prolificité des donneuses d’embryons. Nous souhaitons indexer la valeur des femelles sur la capacité à produire des embryons. Le schéma serait ainsi plus performant et les retours plus importants pour l’éleveur créateur », illustre Thomas de Bretagne, responsable R et D et création génétique. Ce projet repose sur des données issues de 7 700 femelles, 12 730 collectes et 62 560 transferts d’embryons, et devrait être concrétisé pour le premier trimestre 2015. Autre exemple auquel le groupe collabore : l’évaluation génomique de la fertilité mâle, en mettant en relation les taux de réussite des IA avec les génotypes des taureaux. « Cette fertilité directe de la semence permettra d’affiner le choix des taureaux d’IA et d’améliorer la fertilité dans les élevages. » Ces informations seront bientôt disponibles en Holstein, en 2015 pour les autres races.
En chiffres
La zone d’activité bovine d’Evolution rassemble 33 350 éleveurs qui ont totalisé 1,48 million d’IAP (inséminations animales premières) et 1,42 million de constats de gestation sur 2013. Les races laitières représentent 78 % des IAP. L’activité en races à viande se divise pour moitié en races pures et moitié en croisement. La production de semence bovine (7 millions de doses sur 600 taureaux) se fait sur 4 sites. Pour la production d’embryons, 270 femelles sont présentes en stations de donneuses à Sucé-sur Erdre (44) et à Plounévézel (29). 23 540 génotypages femelles ont été réalisés, une augmentation de 77 % par rapport à 2012.
« Se différencier, une obligation »
« Nous souhaitons déployer des services nouveaux à grande échelle, valorisables chez nos adhérents, mais aussi chez nos clients à l’étranger. Nous sommes aujourd’hui dans une logique de création, car se différencier est devenu une obligation pour l’internationalisation. La R et D est un moyen de rester propriétaires de nos outils. La confier à d’autres impliquerait le risque de décalage par rapport aux besoins des éleveurs et de prix plus importants », précise Jean-Marc Pinsault, directeur adjoint Evolution. Agnès Cussonneau
* L’UMT 3G (Gestion Génétique et Génomique des Populations Bovines) réunit l’Inra, l’Institut de l’élevage et l’Unceia.