« Participer à l’organisation d’un concours national est un moment inoubliable dans une carrière d’éleveur », déclarait récemment Bruno Bechet, président de Prim’Holstein France. Les concours nationaux Prim’Holstein ont en effet la particularité d’être itinérants et organisés par les équipes locales d’éleveurs, dans des régions à chaque fois différentes. Certes, peu simples à mettre en œuvre, ils délivrent pourtant au final une ambiance, une signature propre au territoire qui accueille. Outre les concours Prim’Holstein et Rouge, vitrines des meilleures génétiques de Bretagne et d’ailleurs, le National de Fougères fera la part belle à la production laitière et aux dernières innovations et technologies. Sur le pôle « Pilotons les élevages de demain », des partenaires aideront les éleveurs à s’interroger et définir leur projet d’exploitation. Aux enfants des écoles et au grand public, le métier de producteur laitier sera exposé tel qu’il est aujourd’hui. De nombreux éleveurs, notamment bretons, ont répondu présents pour participer au concours. Quelques-uns témoignent dans ce dossier. Agnès Cussonneau
[nextpage title= »Près de 500 vaches en compétition »]
Autour de 220 élevages vont participer au concours national Prim’Holstein, à Fougères. 470 à 500 vaches seront en lice pour décrocher le titre convoité de Grande Championne.
Après Le Mans en 2011, c’est Fougères en Ille-et-Vilaine qui accueille cette année le National Prim’Hostein. Côté participation, le succès est d’ores et déjà au rendez-vous avec 740 vaches qui ont été inscrites par 255 élevages répartis sur toute la France.
[caption id= »attachment_8575″ align= »aligncenter » width= »282″] Jean-Louis Bédier, Président d’Holstiva[/caption]
« La Bretagne est forcément bien représentée avec 399 vaches inscrites », souligne Jean-Louis Bédier, président d’Holstiva, le syndicat des éleveurs d’Ille-et-Vilaine, organisateur de l’événement.
Un pôle «Pilotons les élevages de demain»
105 partenaires participent de près ou de loin au concours national et le Parc de l’Aumaillerie abritera 85 stands. Sur le pôle « Pilotons les élevages de demain », pendant les 3 jours, des partenaires acteurs et promoteurs des nouvelles technologies* aideront les producteurs à s’interroger et définir leur projet d’exploitation. « Ils répondront aux questions des éleveurs, participeront à des animations et organiseront des démonstrations. Cinq thèmes seront mis en avant : la conduite d’élevage, la santé des animaux, le renouvellement du troupeau, les investissements et les équipements. Les éleveurs pourront trouver des informations sur les nouvelles technologies, concernant la robotisation, la détection des chaleurs, la qualité du lait, la génomique… », détaille Alain Bazire, de la Chambre d’agriculture 35.
* Chambre d’agriculture 35, Eilyps, Evolution, GDS, BouMatic, CER France 35 et le Crédit Agricole.
Toute une organisation
Au final, 470 à 500 vaches devraient être présentes, venues de 220 élevages environ. Le concours Red Holstein et Pie Rouge rassemblera de son côté une quarantaine d’animaux, avec quatre sections. Organiser un National est une course de fond. « Nous avons commencé à évoquer le sujet il y a 2,5 ans. Nous avons choisi Fougères plutôt que Rennes pour le côté communication. C’est le centre du plus important bassin laitier français, et la ville est intéressante pour ceux qui veulent profiter du concours pour visiter le château, le Mont-Saint-Michel, Cancale… » Le président ajoute : « C’est un retour aux sources. Le précédent concours national Prim’Holstein en Ille-et-Vilaine avait déjà eu lieu à Fougères au lendemain de la mise en place des quotas, en 1985 ; cette édition 2014 sera marquée par leur fin. »
En pratique
- Le National Prim’Holstein se tiendra les 13, 14 et 15 juin 2014 au Parc de l’Aumaillerie, rue Louis Lumière, 35133 La Selle-en-Luitré, près de Fougères. Le concours à proprement parler se déroule les deux premiers jours.
- Entrée gratuite
- Restauration sur place possible
- Blog du salon : http://primholstein.com/fougeres2014
200 bénévoles
Les 17 membres du conseil d’administration d’Holstiva ont participé au projet, se répartissant dans différents groupes : communication, sponsoring, restauration, finances… Réfection de parties bétonnées, mise en place des stalles, alimentation en eau, installation des abreuvoirs avant l’événement, puis accueil des éleveurs, aide pendant le concours… Au total, environ 200 éleveurs et proches bénévoles sont mobilisés sur l’événement qui devrait accueillir 12 à 14 000 personnes. Agnès Cussonneau
Programme
Mercredi 11 et jeudi 12 juin
- Arrivée des animaux au parc de l’Aumaillerie.
Jeudi 12 juin
- 19 h 30 : buffet d’accueil offert par Prim’Holstein France aux éleveurs exposants.
Vendredi 13 juin
- De 11 h à 21 h : Concours des vaches en première et deuxième lactation.
- Championnat espoir et Championnat jeune.
Samedi 14 juin
- De 10 h à 12 h : Concours Prim’Holstein Rouge.
- De 12 h à 19 h : Concours des vaches adultes.
- De 19 h à 21 h : Prix de Championnat et désignation de la Grande Championne.
- Clôture du concours par un apéritif offert par Prim’Holstein France.
Dimanche 15 juin
- De 10 h à 12 h : Concours du meilleur jeune présentateur.
- De 15 h à 16 h 30 : Défilé des animaux primés.[nextpage title= »Les éleveurs bretons se mobilisent »]
La Bretagne sera évidemment bien représentée pour ce National à Fougères, au cœur de la région la plus laitière de France.
Près de 400 vaches ont été inscrites par les éleveurs bretons, dont 205 d’Ille-et-Vilaine (venant de 50 élevages), 96 des Côtes d’Armor (25 élevages), 53 du Morbihan (22 élevages) et 45 du Finistère (12 élevages). La participation est également importante de la part de toutes les autres régions françaises : 91 vaches inscrites des Pays de la Loire, 73 du Rhône-Alpes, 70 de Normandie, 49 du Poitou-Charentes, 46 du Grand Est et 20 du Sud-Ouest. Au final, 470 à 500 vaches venues de 220 élevages seront présentes. Pour les accueillir et les nourrir, 110 big ballers de paille et 55 de foin ont été livrés. Une mélangeuse sera également sur place, ainsi qu’une salle de traite pouvant accueillir 40 vaches. Ce concours national s’annonce comme le plus prisé depuis la dernière édition bretonne à Saint-Brieuc en 2009.[nextpage title= »De nombreuses animations autour du concours »]
Plus qu’un simple défilé génétique sur le ring, le National s’annonce comme un « Défi-lait ». Plusieurs animations présentant les savoir-faire locaux sont prévues pour les enfants et le grand public.
Organisé sur un territoire aux forts enjeux agricoles, le National entend aussi mettre en relief les savoir-faire locaux. Le vendredi est réservé aux écoles. 400 enfants de 16 classes viendront découvrir la production laitière au travers de plusieurs ateliers : la vache et son veau, la traite des vaches, la préparation au concours, la fabrication du beurre et une présentation des produits laitiers. Un verre leur sera offert au bar à lait du Cniel. « Une dizaine de classes présenteront par ailleurs une œuvre collective, dans le Défi des Z’artistes en herbe. Des prix seront remis par les organisateurs, par le grand public le dimanche, et par les internautes par la suite », précise Aurélie Lajoie, de la Chambre d’agriculture 35.
Les jeunes ont du talent
Tout au long du week-end, des jeunes de 15 à 22 ans, regroupés en équipes de 3 à 5, vont se confronter dans le Challenge « Les jeunes ont du talent ». Il compte 5 épreuves : la photo la plus insolite du concours, le pointage d’animaux, un quizz sur le thème de la génétique et de l’élevage, le meilleur pronostic de jugement d’une section de vaches adultes, le concours du meilleur présentateur. Cette dernière épreuve qui se tiendra le dimanche de 10 à 12 h peut également être réalisée en individuel, et la proclamation de l’équipe gagnante est prévue à 14 h 30.
250 repas champêtres
Plusieurs réseaux sont impliqués dans diverses animations : Bienvenue à la ferme, JA (Jeunes Agriculteurs) et Agriculteurs de Bretagne. Après le samedi, davantage réservé aux professionnels, le dimanche s’ouvre à nouveau au grand public. 250 repas champêtres vont être proposés, utilisant des produits du terroir locaux (réservation sur place). Des associations agricoles et partenaires locaux seront également présents : Bois bocage 35, Apepha (photovoltaïque), AOFO (optimisation de la fertilisation organique), filière de recyclage des pneus, Sage Couesnon, Réseau d’éducation à l’environnement… L’attractivité des métiers sera aussi mise en avant lors d’une expo-photo des JA et via la présence de l’AEF et l’Asavpa (salariés).
« Un défi est également réservé aux JA qui s’affronteront par équipes autour d’un tir-tractor, d’un chrono-brouette, d’un blind test culinaire, d’un rodéo et de la présentation d’une vache sur le ring ». Les visiteurs pourront également profiter d’un marché de producteurs locaux et de jeux pour les enfants (structures gonflables, tracteurs à pédale, ateliers laiteries…). Basée près de Fougères, l’entreprise Valorex, spécialisée dans l’extrusion de graines de lin notamment, ouvrira ses portes le vendredi et le samedi (sur inscription au 02 99 97 63 33). Agnès Cussonneau
Les juges du National
Patrice Binet (22)
[caption id= »attachment_8576″ align= »aligncenter » width= »224″] Patrice Binet[/caption]
Éleveur dans les Côtes d’Armor, Patrice Binet gère un troupeau de 120 vaches laitières, dont 30 Pies Rouges ou Red Holstein. Cet ex-inséminateur a déjà eu l’occasion de juger de nombreux comices bretons et le Départemental de la Somme. Il a également officié sur le Space et le CGA en Pie Rouge, et est agréé juge à Prim’Holstein France depuis 2012.
Guillaume Crepet (69)
[caption id= »attachment_8577″ align= »aligncenter » width= »232″] Guillaume Crepet[/caption]
Technicien Holstein à l’Ucear-Codelia, il est en charge de l’animation du schéma de sélection Midatest-Evolution sur le Rhône-Alpes, la région Paca et une partie du Massif central. Agréé juge depuis 2013, il a déjà officié dans des concours départementaux.
Jean-Philippe Duchange (61)
[caption id= »attachment_8578″ align= »aligncenter » width= »200″] Jean-Philippe Duchange[/caption]
Il est le seul des trois juges à avoir connu l’expérience d’un National puisqu’il a départagé la catégorie des Espoirs à Cherbourg en 2006. Cet éleveur de l’Orne a jugé de nombreux Départementaux et le Concours national tchèque en 2013. Présent sur la liste officielle des juges français depuis 2006, il a également participé à l’harmonisation de jugement européen en 2011.[nextpage title= »Le plaisir de travailler avec de belles vaches »]
Pascal Pitois recherche à la fois des performances techniques et morphologiques pour ses vaches laitières. Depuis 14 ans, la génétique lui a permis de travailler sur la production laitière et la mamelle.
« Depuis mon installation, j’ai toujours misé sur le progrès génétique de mon troupeau laitier dans mon exploitation. Et pas uniquement pour l’attrait de meilleures performances. C’est tellement plus agréable de travailler avec de beaux animaux », révèle Pascal Pitois, installé en Gaec avec Théo Bodin à Saint Germain en Cogles (35). Et pourtant, après une formation d’horticulture et une expérience de formateur, rien ne le prédisposait à l’agriculture et encore moins à s’impliquer dans la génétique. Mais, quand l’exploitation familiale s’est trouvée à reprendre, l’occasion de devenir chef d’entreprise s’est présentée.
[caption id= »attachment_8583″ align= »aligncenter » width= »300″] Mickaël Guenée et Pascal Pitois à Saint-Germain-en-Cogles.[/caption]
Rencontrer des passionnés dans les salons
Exigeant, Pascal Pitois a réussi ce challenge de s’installer sur une petite structure en maîtrisant la technique. Sa volonté de faire progresser l’ensemble de son troupeau par la génétique, en travaillant sur plusieurs lignées, s’est rapidement transformée en passion. Plaisir qu’il transmet aujourd’hui facilement à son entourage, car ce sont Mickaël, son salarié, François, son neveu et Antoine, son fils, qui préparent et amènent les animaux aux concours.
[caption id= »attachment_8587″ align= »aligncenter » width= »300″] Extrait des données du bilan génétique
du troupeau laitier.[/caption]
Si l’exploitation ne participe aux concours que depuis deux ans, ce n’est pas faute de sollicitations. « Je cherche toujours à faire mieux, tout en limitant les dépenses ». Les efforts portent leurs fruits. Mais ce travail le mènera sans relâche jusqu’à la retraite selon lui… « Le troupeau a un bon niveau génétique, mais ce dernier est encore perfectible ». Et pourtant, la première sortie des animaux, c’était pour le comice il y a deux ans, puis le concours départemental à deux reprises. Ils y ont tous pris goût. « Ces évènements permettent de belles et nombreuses rencontres, avec d’autres passionnés ».
Repères
- 3 UTH
- 60 VL à 10 000 kg
- 1 atelier d’engraissement porc de 440 places
- 62 ha dont 28 ha de pâturage accessibles
La mamelle, axe de travail
Le résultat est l’aboutissement d’un certain nombre d’années de travail… Car, depuis son installation, il y a 14 ans, l’éleveur travaille sur la « production à Inel », celle qui rémunère, avec le lait et le taux protéique. Ses exigences se portent ensuite sur la qualité de l’alimentation. « Si les animaux sont bien nourris, le poil est brillant et la morphologie s’en ressent ». Les critères fonctionnels suivent pour assurer une bonne pérennité des animaux dans l’élevage et optimiser la production laitière. « Des beaux animaux, ce sont avant tout des vaches avec de jolies mamelles », poursuit-il. Et la mamelle, c’est le point fort de l’élevage. A cela s’ajoute son regard critique sur les membres et la capacité d’ingestion. Ainsi, « mes podiums, je les fais tous les jours dans les champs », ajoute l’éleveur en souriant.
[caption id= »attachment_8582″ align= »aligncenter » width= »300″] Féline, présente une très jolie mamelle vue arrière.[/caption]
Mais la semaine prochaine, Fumeterre, Féline et Guêpe représenteront l’exploitation au National Prim’Holstein. L’oeil critique de l’éleveur va se confronter de nouveau à celui d’un juge. Fille de Digitale et Planet, Fumeterre a une bonne production, avec 9 100 kg de lait produits en 1er lactation. Son attache arrière et son sillon devraient lui permettre de nombreuses lactations sans souci au niveau de la mamelle. Descendante de Digitale (père Restell), elle a aussi de bons membres. Féline (Aspic x Uzonet), quant à elle, n’a fait “que” 8 000 kg en 1re lactation. Mais, elle a une jolie mamelle, veineuse, avec une attache arrière haute, un sillon bien marqué et une bonne implantation de trayon. Fille de Cigale, Guêpe est une jeune vache homogène. Elle semble avoir le même potentiel laitier que sa mère, avec 10 800 kg en 2e lactation. De son père, Eco, taureau génomique, les comparaisons sont plus difficiles mais on retrouve les qualités de son ascendant Randview, connu pour « ses petites vaches parfaites ». Carole David[nextpage title= »Edith et Guly prêtes pour Fougères « ]
Administrateur à Prim’Holstein France, Stéphane Riou, installé à Loc-Eguiner (29), monte au National avec deux vaches pour mettre en avant son travail de sélectionneur, « profiter » du rendez-vous et saluer le travail des organisateurs.
L’histoire se répète. En 1985, Lucien Riou, éleveur à Loc-Eguiner dans le Finistère s’est rendu avec sa vache Tidole au National de… Fougères (35). Dans quelques jours, c’est son fils Stéphane, désormais à la tête de l’exploitation, qui participera à ce nouvel opus du grand concours de la race qui fait à nouveau étape dans la ville d’Ille-et-Vilaine. Il y présentera notamment Edith (Gavor x Mascol), une descendante directe de… Tidole. Stéphane se rappelle bien d’ailleurs de la belle vache de son père : « J’avais 20 ans en 1987 quand je l’ai présentée au National de Morlaix. C’est elle qui m’a donné envie d’emmener d’autres animaux sur les rings. » À peu près l’âge de son fils Yoann, aujourd’hui en lycée agricole, à qui il aimerait à son tour transmettre la passion. Une nouvelle preuve qu’autour des rings, se nouent et se dénouent souvent les fils de destins croisés de familles de vaches et d’éleveurs.
Sur le pont dès lundi, à Landi
À Fougères, Edith sera accompagnée de Guly (Spearmint x Ideal GS) qui n’est encore jamais sortie. Stéphane pense aussi à un troisième animal qu’il pourrait embarquer. « Ce sera en fonction de la place dans le camion. Mais de toute manière, il ne faut pas emmener trop de bêtes. Sinon, les journées sont crevantes et on ne prend plus aucun plaisir. J’ai envie de pouvoir profiter. » Pour plonger les animaux dans l’ambiance et l’exigence du ring à quelques jours du grand rendez-vous de Fougères, Stéphane a prévu de les lancer dans le grand bain au Concours de la Pentecôte de Landivisau, le lundi 9 juin : « C’est seulement à 3 km de la ferme. Je vais y aller tranquillement en tracteur.
[caption id= »attachment_8586″ align= »aligncenter » width= »300″] Yoann Riou, étudiant en bac pro au Lycée agricole du Nivot (29) présente Guly (Spirmit x Ideal GS), une des vaches que son père Stéphane présentera au national de Fougères.[/caption]
Ce sera un premier test grandeur nature pour les deux vaches, qui sont passées en ration hiver depuis le 1er juin. » Depuis le début des années 80, l’élevage Riou a ainsi l’habitude de prendre part aux championnats cantonaux, départementaux, mais aussi parfois au concours de Paris. Dans son tiroir à récompenses, on trouve notamment un titre de Championne jeune à la Porte de Versailles en 2003 et le Challenge longévité du Space en 2005 grâce à Ottawa (Mattie x Dombinator). Deux demi-frères par Mayfield et Méridian, issus de cette famille, viennent par ailleurs de rentrer au CIA Gènes Diffusion dont l’éleveur est partenaire génétique.
Préparation maison
« Les concours se sont beaucoup professionnalisés. Aujourd’hui, une bonne vache mal préparée peut passer à côté. Elle gagnera sa section mais perdra le championnat sur des détails comme le timing de la traite pour assurer un bon remplissage de la mamelle, la manière de présenter et conduire l’animal sur le ring, le dressage, la maîtrise de l’alimentation indispensable pour avoir un animal en forme le jour J… J’apprécie de clipper moi-même. D’assurer la préparation du début à la fin. C’est un plaisir. Mais attention, parfois, on bichonne tellement sa vache avant le concours qu’elle fait plus de lait que d’habitude et que sa mamelle finit trop chargée. »
Morpho, TP, mamelles et surtout membres
Côté accouplement, le Finistérien travaille avec « tous les taureaux disponibles, les meilleurs de chaque pays. » Objectif : « Essayer de faire de la morpho tout en gardant du TP. Et ce n’est pas forcément toujours évident. J’apprécie une vache comme Edith : elle n’est pas des plus développées, mais elle a une très bonne mamelle et a produit environ 9 000 kg à 35 de TP en seconde lactation. » On retrouve cette philosophie dans la lecture des catalogues.
[caption id= »attachment_8585″ align= »aligncenter » width= »225″] Edith, photographiée en avril au salon Agri Deiz à Morlaix où elle a remporté le prix de Meilleure mamelle adulte.[/caption]
Le TP, les fonctionnels et un minimum de 2,8 de morphologie globale, voilà les notes d’index que regarde Stéphane en priorité. « Je n’utiliserais un taureau négatif en TP que dans un cas très particulier, et s’il est exceptionnel en lait et très bon en mamelle. » Sans oublier l’importance des aplombs dans un troupeau mené dans un bâtiment logettes-caillebotis. « Un mâle en dessous de 1 en membres sera utilisé avec parcimonie. De manière générale, la sélection a énormément travaillé sur l’amélioration de la mamelle et obtenu des résultats. L’évaluation des membres étant très difficile, la progression a été moins rapide, due aussi à une héritabilité plus faible. » Toma Dagorn[nextpage title= »Génotypées pour gagner du temps »]
Jean-François Mandard, éleveur à Plumelin (56), génotype la moitié de ses génisses. L’objectif est de connaître les index fonctionnels d’animaux dont les mères sont vendues en première lactation.
« J’élève toutes les génisses nées sur l’élevage », indique Jean-François Mandard, devant son troupeau d’une cinquantaine de laitières. « Elles vêlent sur l’exploitation et une dizaine d’entre elles sont vendues chaque année, après un ou deux contrôles ». Pas le temps de connaître véritablement les caractéristiques de ses jeunes vaches. « Pour la production de lait, on voit rapidement le potentiel de la génisse ; pour les taux, c’est déjà plus difficile ; pour les fonctionnels, on a pas d’indication et comme j’élève les issues… ». Le génotypage lui permet de pallier le problème. « La connaissance des index génomiques des génisses permet d’orienter les accouplements et donc, au final, la sélection du troupeau. Cela me paraît d’autant plus important que j’achète quelques doses de semences de taureaux nord-américains, utilisées préférentiellement sur les génisses ». L’analyse génomique, réalisée par Prim’holstein France sur un prélèvement de cartilage d’oreille, coûte 70 euros.
[caption id= »attachment_8589″ align= »aligncenter » width= »300″] Jean-François Mandard ne présente pas de vaches en concours, faute de temps, mais oriente la sélection pour avoir de « belles » vaches.[/caption]
Bonnes surprises
Jusqu’aux années 2000, l’éleveur a beaucoup misé sur l’Inel. « Les vaches ne vieillissaient pas. Depuis, j’oriente la sélection sur la morphologie, la qualité et la santé des mamelles. Les acheteurs sont très regardants sur ces critères ». Des taureaux comme Jocko, Rouky ou Lee ont une bonne descendance dans le troupeau. Les analyses du génome lui permettent désormais de conforter ces critères. « Quand je compare les index génomiques avec les index sur ascendance (avant génotypage), je constate peu de différences sur l’Isu. Par contre, il y a des différences sur certains postes : index de taux, de fertilité ou de santé de la mamelle. C’est intéressant en terme de sélection selon l’orientation que vous souhaitez donner à votre troupeau ». L’éleveur a eu quelques bonnes surprises sur des ascendances moyennes comme une génisse sortie à 170 d’Isu, grâce à d’excellents index fonctionnels ou encore deux sœurs à 160, valorisées par leur index de morphologie. Il espère, à l’avenir, des progrès sur la technique pour avoir encore plus de précisions dans les index génomiques.
Repères
- 50 vaches et une cinquantaine de génisses.
- 66 ha de SAU dont 36 ha d’herbe, 10 ha de maïs fourrage et 20 ha céréales.
- 6 mois de fermeture du silo de maïs.
- Une partie des terres irriguées (plan d’épandage d’une usine agroalimentaire).
- Vêlages des génisses à 27 mois en moyenne.
Semences sexées
« Même si ce n’est pas l’objectif, un éleveur peut toujours espérer sortir une super génisse, susceptible d’intéresser les centres d’insémination ». L’éleveur ne se fait pas trop d’illusions même si quelques animaux de son élevage font partie de la base élargie de sélection d’Évolution. « Sortir de très bons index avec un pedigree original reste assez utopique ». Plus concrètement, il poursuit le travail sur son troupeau, en utilisant également de plus en plus de semences sexées. Une quinzaine d’animaux, essentiellement des génisses, sont pleines de femelles. « J’utilise une dose sexée, puis une dose normale en cas de retour ». Le sexage lui permet d’utiliser de la semence de taureaux à viande sur des vaches en deuxième ou troisième insémination. Il espère, là aussi, une amélioration de la technique de sexage de la semence pour gagner en fertilité. Bernard Laurent[nextpage title= »Lelu Figo, des enchères sur le net au national »]
Lelu Figo est le fruit de l’amitié et de la passion de trois copains qui un jour, par hasard, ont acheté des embryons aux enchères sur internet. S’en est suivie une succession de coups de chances pour aboutir au National Prim’Holstein.
Lelu Figo participera au concours national à Fougères (35) dans la catégorie Red Holstein en deuxième lactation. Patrick Lecuyer, éleveur à Plénée-Jugon (22), ne tarit pas d’éloges sur cette fille de Shaquille sur Rubens qui a une histoire peu banale. « Cette vache, c’est une succession des coups de chances, mais c’est avant tout l’histoire de trois copains », confie Patrick. Les trois compères se retrouvent toutes les semaines pour parler de foot mais surtout de vaches. « En 2009, alors que l’un de nous venait d’avoir un téléphone portable avec un accès internet, on est allé sur le site Holstein Québec. On s’est amusé à faire une mise dérisoire sur une vente aux enchères d’embryons. » Le premier coup de chance a été de remporter l’enchère et d’acquérir quatre embryons.
Une succession de coups de chances
Deux embryons ont été implantés sur des mères porteuses de l’exploitation et les deux autres chez un voisin réputé pour être un très bon éleveur. Ce dernier a obtenu une femelle noire porteuse du facteur rouge : « après avoir choisi ses accouplements, il a développé un rameau rouge dans son élevage. » Début 2010, Patrick a obtenu un mâle et une femelle de ces transplantations embryonnaires. Le deuxième coup de chance de cette histoire a été d’obtenir une femelle rouge. Florian Hellio qui clippera et présentera Lelu Figo lors du National à Fougères déclare : « Patrick a toujours voulu voir naître une rouge sur son exploitation. » Depuis, l’éleveur a vendu des embryons de cette vache, « pas pour en faire un business mais plutôt pour pouvoir se payer un bon restaurant avec les copains. » Elle a aussi eu une fille suite à une insémination artificielle avec une dose de Mister Top. « C’est notre troisième coup de chance puisque cette femelle aurait très bien pu être noire et finalement, elle est née rouge. »
[caption id= »attachment_8591″ align= »aligncenter » width= »300″] Florian Hellio clippera et présentera Lelu Figo lors du National Prim’Holstein (ci-dessus en 1re lactation).[/caption]
Une vache qui ne laisse personne indifférent
Lorsque l’on demande à Patrick et Florian de décrire Figo, ils citent en premier lieu son caractère laitier. « C’est une vache fine, grande, puissante de l’avant main, avec un bon pis et surtout elle est très agréable à vivre. » La participation aux concours n’était pas une évidence pour l’éleveur, mais l’envie des copains d’y aller était très forte. Florian grâce à son expérience des concours a fini par convaincre définitivement Patrick. Le clippage et la présentation des animaux sur les rings n’ont plus de secrets pour ce jeune technico-commercial chez Gènes diffusion ; lui qui par passion « prépare des animaux chez des éleveurs qui ne sont pas forcément très connus afin de leur prouver qu’ils peuvent rivaliser avec les habitués des rings. » Et Patrick d’ajouter : « Aujourd’hui, je suis persuadé que ce n’est pas dans les plus grandes chapelles que l’on fait les plus belles messes. Nous allons présenter Figo au National car c’est une vache qui ne laisse personne indifférent, on l’aime ou on la déteste. Je veux pouvoir la comparer aux autres vaches de sa catégorie et connaître l’avis d’un excellent juge. »
Réforme totale du troupeau initial en trois ans
Lorsqu’il a repris l’exploitation en 1999, Patrick Lecuyer a réformé totalement le troupeau initial en trois ans car il y avait des problèmes de mammites et de fertilité. « J’ai reconstruit un troupeau avec de bonnes familles de vaches grâce à l’aide de Christine Lancien, du Gaec des Blés Noirs à Plounérin (22). Mais aussi grâce à un éleveur voisin qui vendait ses Prim’Holstein pour changer de race. » L’objectif de l’éleveur était de travailler ces familles de vaches et de développer des animaux avec un niveau morphologique supérieur à la moyenne. « J’ai travaillé pendant 15 ans sur les qualités morphologiques des animaux. Aujourd’hui, mon troupeau est composé pour la moitié de vaches avec de bonnes qualités morpho et l’autre moitié de bêtes plus fonctionnelles pouvant produire du lait sans avoir de problèmes. » Nicolas Goualan